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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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vos impressions à qui que ce soit d’autre. Il ne vous est pas permis non plus de donner à quelqu’un d’autre une copie de ce mémoire. Mais pour ce qui est de votre dernier paragraphe – et ici le ton devint froid et tranchant –, vous ne pouvez pas l’écrire, à moi non plus. Vous auriez pu vous épargner ces conclusions. Vous devez me laisser le soin de décider quelles conséquences je dois tirer de cette situation dans l’armement. » Il dit tout cela très doucement, sans le moindre signe d’agitation, dans un léger sifflement entre ses dents. Dites sur ce ton, ses paroles n’en avaient que plus de force et elles semblaient beaucoup plus dangereuses qu’un accès de colère sur lequel il lui aurait été facile de revenir le lendemain. Je sentis nettement que Hitler venait de dire son dernier mot. Il nous congédia, moi d’un ton sec, Saur plus cordialement.
    Le 30 janvier, j’avais déjà fait parvenir six copies de mon mémoire aux six bureaux de l’état-major de l’armée de terre par le truchement de Poser. Pour satisfaire formellement à l’ordre de Hitler, je demandai qu’on me les retourne. En face de Guderian et de ses autres collaborateurs, Hitler déclara qu’il avait rangé le mémoire dans son coffre-fort sans l’avoir lu.
    En même temps je commençai à préparer un nouveau mémoire. Pour obliger Saur, qui partageait au fond mes vues sur la situation, à se déterminer, je convins avec les directeurs des comités principaux les plus importants que Saur qui cette fois rédigerait et transmettrait le mémoire. Fait typique qui révèle bien le caractère de ma situation à cette époque : je déplaçai en secret le lieu de la rencontre à Bernau où Stahl, le directeur de la production de munitions, possédait une usine. Chacun des participants à cette réunion promit de convaincre Saur de répéter par écrit mon constat de faillite.
    Saur s’esquiva comme une anguille. Il ne fut pas possible d’obtenir de lui une déclaration écrite, mais il finit par promettre de confirmer mes prévisions pessimistes lors de notre prochaine entrevue avec Hitler. Pourtant l’entrevue suivante avec Hitler se déroula comme à l’ordinaire. A peine avais-je fini mon rapport que Saur essayait d’en compenser l’effet déprimant. Il parla d’un entretien qu’il avait eu récemment avec Messerschmitt et tira tout de suite de sa serviette les plans d’un bombardier quadriréacteur. Bien que la production d’un avion disposant d’un rayon d’action lui permettant d’atteindre New York eût nécessité, dans des conditions normales, des années de travail, Hitler et Saur se grisèrent à la perspective des effets psychologiques effroyables qu’un bombardement des rues et des gratte-ciel de New York ne manquerait pas d’avoir.
    Dans les semaines de février et de mars 1945, Hitler fit allusion en passant à des contacts qu’il avait fait prendre avec l’ennemi par des voies différentes, mais sans entrer dans les détails. De fait, j’avais l’impression qu’il s’efforçait plutôt de créer une atmosphère d’extrême tension, rendant impossible toute réconciliation. A l’époque de la conférence de Yalta je l’entendis donner des directives à son attaché de presse Lorenz. Mécontent des journaux allemands, il exigeait d’eux un ton plus acerbe et plus agressif : « Ces fauteurs de guerre de Yalta doivent être offensés ; offensés et attaqués de telle manière qu’ils n’aient plus la possibilité de faire despropositions de paix au peuple allemand. A aucun prix on ne doit en venir à une proposition de paix. Cette bande de politiciens ne veut qu’une chose : séparer le peuple allemand de ses dirigeants. Je l’ai toujours dit : il ne peut être question de capituler ! » Il hésita : « L’histoire ne se répète pas ! » Dans sa dernière allocution radiodiffusée, Hitler reprit cette idée et « assura une bonne fois tous ces hommes d’État que toute tentative d’influencer l’Allemagne nationale-socialiste à l’aide de la phraséologie d’inspiration wilsonienne supposait une naïveté que l’Allemagne actuelle ignore ». Il poursuivit en proclamant qu’il ne pouvait être délié de l’obligation qui lui était faite de représenter sans compromission les intérêts de son peuple que par Celui qui l’avait appelé pour cette mission. En disant cela, il pensait au « Tout-Puissant » qu’il prenait encore une fois à témoin

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