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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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dans ce discours 13  .
    Avec la fin de sa domination qui approchait, Hitler, qui avait passé les années de conquêtes victorieuses au milieu des généraux, se retirait manifestement dans le cercle extrêmement restreint des camarades du parti avec lesquels il avait autrefois commencé sa carrière. Soir après soir, il restait assis pendant quelques heures avec Goebbels, Ley et Bormann. Personne n’était autorisé à entrer, personne ne savait de quoi ils parlaient, s’ils ressassaient les souvenirs de leurs débuts ou s’ils songeaient à la fin et à ce qui suivrait. C’est en vain que j’ai attendu à cette époque que l’un d’entre eux fasse au moins une seule remarque de compassion sur l’avenir du peuple vaincu. Eux-mêmes se raccrochaient à la moindre planche de salut, aux moindres signes qui pussent faire présager un tournant et n’étaient pourtant aucunement disposés à attacher autant d’importance au destin du peuple dans son ensemble qu’à leur propre sort. « Nous ne laisserons aux Américains, aux Anglais et aux Russes qu’un désert », n’était-il pas rare d’entendre dire en conclusion de leurs entretiens portant sur la situation présente. Hitler approuvait, bien que ses propos fussent moins extrêmes que ceux de Goebbels, Bormann et Ley. Mais, en fait, Hitler se révéla plus radical qu’eux tous. Tandis que les autres parlaient, il dissimulait sa pensée derrière ses poses d’homme d’État et donnait ensuite des ordres destinés à détruire les moyens d’existence du peuple.
    Un jour, lors d’une conférence d’état-major au début de février, les cartes montraient un tableau catastrophique où étaient indiquées d’innombrables percées et formations de poches ; je pris Dönitz à l’écart : « Mais il faut faire quelque chose ! » Sa réponse fut d’une brièveté remarquable : « Je ne représente ici que la marine. Tout le reste ne me concerne pas. Le Führer doit savoir ce qu’il fait. »
    Il est frappant de constater que le cercle de personnalités qui se rassemblaient jour après jour autour de la table de conférence, devant un Hitler épuisé et entêté, n’a jamais envisagé de tenter une démarche commune. Certes, Göring était depuis longtemps corrompu et s’engourdissait à vue d’œil. Mais en même temps, depuis le début de la guerre, il était un des seuls à voir avec réalisme et sans illusion la tournure que la guerre et Hitler lui-même avaient prise. Si Göring, le second personnage de l’État, en commun avec Keitel, Jodl, Dönitz, Guderian et moi, avait sommé Hitler de s’expliquer en indiquant comment il envisageait la fin de cette guerre, Hitler aurait bien été obligé de le faire. Non seulement Hitler redoutait depuis toujours ce genre de conflit, mais maintenant il pouvait encore moins se permettre qu’auparavant de renoncer à la fiction d’un commandement unanime.
    Vers la mi-février, je rendis visite un soir à Göring à Karinhall. J’avais découvert sur la carte d’état-major qu’il avait regroupé sa division de parachutistes autour de son pavillon de chasse. Depuis longtemps, il était devenu le bouc émissaire responsable de tous les échecs de la Luftwaffe. Hitler avait pris l’habitude de lui adresser pendant les conférences d’état-major, et en présence de tous les officiers, des accusations extrêmement graves et offensantes. Les scènes qu’il lui faisait en particulier devaient être encore plus terribles. Lorsque j’attendais dans l’antichambre, je pouvais souvent entendre les reproches dont Hitler accablait son Reichsmarschall.
    Ce soir-là, à Karinhall, je me sentis proche de Göring pour la première et la dernière fois. Göring fit servir un vieux Laffite-Rotschild près de sa cheminée et ordonna à son serviteur de ne plus nous déranger. Je lui décrivis en toute franchise ma déception au sujet de Hitler et, avec la même franchise, Göring me répondit qu’il me comprenait très bien et qu’il lui arrivait souvent d’avoir la même réaction. J’avais la tâche plus facile que lui, car j’avais rencontré Hitler beaucoup plus tard et pouvais donc plus rapidement rompre avec lui. Il était lié à Hitler par des liens plus étroits ; des années d’expériences et de souvenirs communs les avaient enchaînés l’un à l’autre – il n’arrivait plus à s’en détacher. Quelques jours plus tard, Hitler transféra la division de parachutistes regroupée

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