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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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téléphone de mon agent de liaison auprès de Hitler, le colonel von Below. Dès le 16 janvier, j’avais attiré l’attention de Hitler dans un mémoire sur le fait qu’après le blocus de la Ruhr la perte de la Silésie ne manquerait pas d’entraîner rapidement l’effondrement économique du Reich. J’avais rappelé dans un télégramme l’importance de la Haute-Silésie et l’avais prié de faire parvenir au groupe d’armées de Schörner « au moins 30 à 50 % de la production du mois de janvier 11   ».
    En même temps je voulais appuyer Guderian qui voulait toujours que Hitler mette un terme aux opérations offensives à l’ouest et qui voulait voir les groupes de blindés encore existants intervenir à l’est. Je lui avais aussi signalé que « les Russes, groupés en ordre serré, visibles de très loin par ce temps de neige, effectuent leur ravitaillement en toute tranquillité. Maintenant que l’engagement des chasseurs à l’ouest n’entraîne guère de soulagement sensible, il serait peut-être indiqué d’engager ces armes si appréciées ici en les concentrant sur des buts précis ». Below m’informa que Hitler avait qualifié ma remarque de pertinente, tout en riant d’un rire sarcastique, mais n’en avait pas tiré de conclusions pratiques. Hitler considérait-il que les pays occidentaux étaient ses véritables ennemis ? Éprouvait-il une solidarité secrète, voire de la sympathie pour le régime de Staline ? Certaines remarques me revinrent à l’esprit qui pouvaient être interprétées dans ce sens et qui ont peut-être constitué ces jours-là l’arrière-plan idéologique de son comportement.
    Le lendemain, je tentai de poursuivre mon voyage jusqu’à Kattowitz, au centre de la région industrielle de la Haute-Silésie, mais ne pus parvenir jusque-là. Dans un virage, je dérapai sur le verglas et une collision se produisit avec un lourd camion ; ma poitrine brisa le volant et tordit même la colonne de direction et je me retrouvai assis, luttant pour retrouver mon souffle, sur les marches de l’escalier d’une auberge de village, pâle et hagard : « Vous avez l’air d’un ministre après une guerre perdue », déclara Poser. La voiture ne pouvant plus rouler, un véhicule sanitaire me ramena ; il ne fallait plus compter pouvoir continuer le voyage. Mais lorsque je fus de nouveau sur pied, je pus au moins téléphoner à mes collaborateurs de Kattowitz et constater que toutes les mesures dont nous étions convenus, étaient suivies.
    Pendant le voyage de retour vers Berlin, Hanke, le Gauleiter de Breslau, me fit visiter le vieux bâtiment du Présidium qui avait été construit jadis par Schinkel et récemment rénové. « Cela, les Russes ne l’auront jamais, s’écria-t-il d’un ton pathétique, je préfère y mettre le feu ! » Je soulevai des objections, mais Hanke s’entêtait. Je réussis enfin à le convaincre de l’importance de cette construction pour l’histoire de l’art et à le dissuader de mettre en pratique son vandalisme 12  .
    De retour à Berlin, je montrai à Hitler d’innombrables photos que j’avais fait prendre pendant mon voyage et qui montraient la misère des réfugiés en fuite. Je nourrissais le vague espoir que le spectacle de ces gens en fuite, des enfants, des femmes et des vieillards qui allaient au-devant de leur misérable destin, pourrait peut-être émouvoir Hitler. Je croyais pouvoir l’amener à ralentir la progression des Russes, que rien n’entravait, en diminuant l’effectif de nos troupes à l’ouest. Lorsque je lui présentai ces photos, il les écarta d’un geste énergique. Il était impossible de démêler si elles ne l’intéressaient plus ou si elles l’émouvaient par trop.
    Le 24 janvier 1945, Guderian alla rendre visite au ministre des Affaires étrangères von Ribbentrop. Il lui exposa la situation militaire et lui déclara sans détours que la guerre était perdue. Von Ribbentrop, inquiet, refusa de prendre position personnellement et essaya de se tirer d’affaire en informant Hitler immédiatement, tout en s’étonnant que le chef d’état-major général se soit forgé une idée personnelle de la situation militaire. Hitler, irrité, déclara deux heures plus tard, au cours de la conférence d’état-major, qu’il punirait à l’avenir avec la dernière rigueur les déclarations défaitistes de cette sorte. Chacun de ses collaborateurs n’avait qu’un droit, celui de

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