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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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s’adresser directement à lui : « J’interdis expressément toute généralisation et toute déduction 1 Cela reste mon affaire ! Quiconque affirmera en présence d’une tierce personne que la guerre est perdue sera traité de traître à son pays, avec toutes les conséquences qui en découleront pour lui et sa famille. J’agirai sans considération de rang et de prestige ! »
    Personne n’osa dire un mot. Nous avions écouté en silence, en silence nous quittâmes la pièce. A partir du lendemain, un hôte supplémentaire apparut à la conférence d’état-major. Il restait tout au fond, mais sa seule présence avait une efficacité certaine : c’était le chef de la Gestapo, Ernst Kaltenbrunner.
     
    Face aux menaces de Hitler et à ses décisions imprévisibles, j’envoyai trois jours plus tard, le 27 janvier 1945, aux 300 collaborateurs les plus importants de mon organisation industrielle, un rapport qui établissait le bilan de notre production d’armements pendant ces trois dernières années. Je fis venir également mes premiers collaborateurs architectes et les priai de rassembler et de mettre à l’abri les photographies de nos divers projets. Je n’avais pas assez de temps et je n’avais pas non plus l’intention de les mettre au courant de mes préoccupations et de mes sentiments. Mais ils comprirent : je prenais congé du passé.
    Le 30 janvier 1945, je fis parvenir à Hitler un mémoire par mon officier de liaison, von Below. Le hasard avait voulu qu’il porte la date du douzième anniversaire de la « prise du pouvoir ». J’y affirmai que la guerre était terminée sur le plan de l’économie et de l’armement et que, dans cette conjoncture, le ravitaillement, lescombustibles domestiques et l’électricité avaient priorité par rapport aux blindés, aux moteurs d’avions et aux munitions.
    Afin de réfuter les affirmations optimistes de Hitler concernant les résultats futurs de la production d’armements pour l’année 1945, je joignis à mon mémoire un tableau de la production prévisible pour les trois prochains mois (blindés, armes, munitions). Le mémoire portait la conclusion suivante : « Après la perte de la Haute-Silésie, la production d’armements allemande ne sera même plus en mesure de couvrir les besoins élémentaires du front en munitions, armes et blindés. Il n’est pas possible de faire échec à la supériorité en équipements de l’ennemi grâce à la seule bravoure de nos soldats. » Toutefois, Hitler avait affirmé dans le passé que notre infériorité serait compensée par des miracles de bravoure, à partir du moment où le soldat allemand combattrait sur le sol allemand pour la défense du territoire de la patrie. C’est à cet argument que mon mémoire voulait répondre.
    Après avoir reçu mon mémoire, Hitler m’ignora, même pendant les conférences d’état-major. Je dus attendre jusqu’au 5 février pour qu’il me prie de venir le voir. Il exigea la présence de Saur. Après tout ce qui s’était passé, je m’attendais à une confrontation désagréable. Mais le simple fait qu’il nous reçût dans le bureau particulier de son appartement de la Chancellerie indiquait qu’il ne songeait pas à appliquer les mesures dont il nous avait menacés. Il ne nous fit pas rester debout, ainsi qu’il avait l’habitude de le faire lorsqu’il voulait manifester son mécontentement, mais nous pria sur un ton aimable de nous asseoir sur les fauteuils recouverts de peluche. Puis il se tourna vers Saur, parlant d’une voix étouffée. Il semblait gêné ; je sentais chez lui un certain embarras, une volonté d’ignorer mes avertissements et de parler des problèmes du jour posés par la production d’armements. Avec un calme voulu, il discutait des possibilités des mois à venir, ce qui permit à Saur de mentionner certains détails favorables qui tempéraient l’effet déprimant de mon mémoire. Cet optimisme ne semblait pas totalement injustifié. Après tout, au cours des dernières années, mes prévisions s’étaient souvent révélées erronées, l’ennemi ne tirant pas les conséquences que j’avais prévues dans mes calculs.
    J’assistai à la conversation de méchante humeur, sans participer à ce dialogue. Vers la fin seulement, Hitler se tourna vers moi : « Vous pouvez certes m’écrire pour me dire comment vous voyez la situation dans la production d’armements, mais je vous interdis de faire part de

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