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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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et dévastée par le feu  4  .
    Entre-temps, les deux autres Gauleiter étaient devenus perplexes. Ils tombèrent d’accord sur ma façon d’interpréter l’ordre du Führer, selon lequel la production des industries de la Ruhr était aussi importante qu’avant pour la production d’armements, et cela d’autant plus que nous pourrions ainsi livrer directement des armes aux troupes qui défendraient la Ruhr. La destruction des centrales électriques, qui devait commencer le lendemain, fut ajournée et l’ordre de les détruire changé en un ordre de les paralyser.
    Immédiatement après ces entretiens, j’allai voir le Feldmarschall Model à son quartier général. Il se montra disposé à faire son possible pour que les combats se déroulent en dehors des zones industrielles et qu’ainsi les destructions soient réduites au minimum  5  . Il me promit même, par ailleurs, de rester, dans les semaines à venir, en contact étroit avec le D r  Rohland et ses collaborateurs.
    J’appris par Model que les troupes américaines progressaient vers Francfort, qu’on ne pouvait plus établir exactement le tracé du front et que, cette nuit même, le quartier général de Kesselring serait transféré loin vers l’est. Nous arrivâmes vers trois heures du matin à l’ancien quartier général de Kesselring à Nauheim. La conversation que j’eus avec son chef d’état-major, le général Westphal, me fit conclure que lui non plus n’appliquerait pas le décret du Führer de façon très stricte. Comme même le chef d’état-major du commandant en chef du front Ouest ne pouvait donner de renseignements précis sur la progression de l’adversaire, nous rejoignîmes Heidelberg en faisant un grand détour à l’est par les massifs du Spessart et de l’Odenwald.
    En traversant la petite ville de Lohr, que nos troupes avaient déjà quittée, et sur les places et dans les rues de laquelle régnait un climat d’étrange attente, nous rencontrâmes un soldat tout seul debout à un carrefour, armé de quelques « Panzerfäuste ». Il me regarda d’un air étonné. « Qu’attendez-vous là ? lui demandai-je. – J’attends les Américains. – Et que ferez-vous, quand les Américains arriveront ? – Alors, me répondit-il sans hésiter longtemps, je mettrai les bouts à temps. » J’eus partout la même impression que, pour tout le monde, la guerre était finie.
    A Heidelberg, je trouvai au bureau de l’état-major de l’Armement pour le Bade-Wurtemberg les ordres du Gauleiter du pays de Bade, Wagner, prévoyant la destruction de l’usine à gaz et de l’usine des eaux de ma ville natale comme de celles de toutes les autres villes du pays de Bade : Nous eûmes recours, pour les neutraliser, à un moyen très simple qui consista à rédiger des ordres écrits, mais à les envoyer par la poste d’une ville qu’allait bientôt occuper l’ennemi.
    Les Américains avaient déjà pris Mannheim, distante de 20 kilomètres seulement, et progressaient lentement vers Heidelberg. Après un entretien nocturne avec le D r  Neinhaus, le bourgmestre de Heidelberg, je priai, pour rendre un dernier service à ma ville natale, le général SS Hausser, que je connaissais déjà pour l’avoir rencontré en Sarre, de déclarer Heidelberg ville-hôpital et de la livrer sans combattre. Aux premières heures du jour, je pris congé de mes parents. Eux aussi avaient, en ces dernières heures passées avec moi, montré ce calme et cette résignation étranges qui s’étaient emparés de tout ce malheureux peuple. Ils descendirent tous les deux sur le pas de la porte pour me voir partir, et mon père vint une dernière fois jusqu’à la voiture me donner, en me regardant dans les yeux sans mot dire, une dernière poignée de main. Nous avions le pressentiment que nous ne nous reverrions jamais plus.
    Des troupes en retraite, sans armes ni matériel, encombraient la route de Würzburg. Un sanglier s’étant, dans le petit matin, aventuré hors de la forêt, il fut bruyamment pris en chasse par des soldats. A Würzburg, j’allai voir le Gauleiter Hellmuth. Assis à une table abondamment garnie, il m’invita à prendre le petit-déjeuner avec lui. Pendant que nous faisions honneur aux œufs et aux saucisses, le Gauleiter m’expliqua avec le plus grand naturel que, dans le cadre de l’application du décret de Hitler, il avait donné l’ordre de détruire les usines de roulements à billes de Schweinfurt. Il

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