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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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ceinture de feu des canons en action. Nous atteignîmes le terrain d’essais de Rechlin à l’aube, vers cinq heures.
    Je fis préparer un avion de chasse pour faire porter à Karl Hermann Frank, le gouverneur de Prague, l’ordre du Führer concernant les directeurs de chez Skoda. Est-il jamais parvenu à destination ? Je n’ai jamais pu le savoir. Comme je voulais éviter les chasseurs-bombardiers anglais volant à basse altitude et les attaques qu’ils lançaient contre les routes traversant leur territoire, j’avais encore jusqu’au soir avant de continuer ma route vers Hambourg. Ayant appris à la base aérienne que Himmler se trouvait à 40 kilomètres de là seulement, dans l’hôpital où j’avais moi-même, un an auparavant, séjourné dans des circonstances si bizarres, je décidai de lui rendre visite. Nous atterrîmes avec notre « Cigogne » dans une prairie toute proche de l’hôpital. Himmler se montra étonné de ma visite. Il me reçut dans la chambre qui avait été la mienne et, pour rendre la situation encore plus burlesque, le professeur Gebhardt, lui aussi, était présent. Comme toujours, Himmler me témoigna la cordialité de mise entre collègues, mais qui exclut toute intimité. Il montra surtout de l’intérêt pour mes aventures berlinoises. Il n’accorda aucune attention à mon récit de la destitution de Göring par Hitler, dont ilavait sans aucun doute déjà entendu parler, et quand je mentionnai, avec il est vrai quelques réserves, la renonciation de Göring à toutes ses fonctions, comme si tout cela n’avait aucune importance : « De toute façon, me dit-il d’un ton assuré et avec un sourire entendu, Göring sera le successeur. Nous sommes depuis longtemps convenus que je serai son Premier ministre. Même sans Hitler, je peux faire de lui le chef de l’État… Et vous le connaissez… Bien entendu, c’est moi qui déciderai. J’ai déjà pris contact avec diverses personnes que je prendrai dans mon cabinet. Je dois recevoir Keitel tout à l’heure… » Peut-être Himmler supposa-t-il que je faisais antichambre pour qu’il me donnât un poste de ministre.
    Himmler se berçait d’illusions invraisemblables : « Sans moi, affirmait-il, l’Europe ne s’en sortira pas. Elle aura encore besoin de moi comme ministre de la Police pour maintenir l’ordre. Une heure avec Eisenhower et il en sera convaincu ! Vous verrez bientôt qu’ils devront faire appel à moi sous peine de sombrer dans la pagaïe. » Il fit état des contacts qu’il avait pris avec le comte Bernadotte, en prévision d’une remise des camps de concentration à la Croix-Rouge internationale. Je compris alors pourquoi j’avais aperçu, quelques jours auparavant, de nombreux camions de la Croix-Rouge stationnés dans la forêt de Sachsenwald, près de Hambourg. Les premiers temps, ils avaient toujours dit qu’ils liquideraient tous les prisonniers politiques avant le dénouement. Maintenant, Himmler cherchait, de son propre chef, un arrangement avec les vainqueurs ; quant à Hitler, il avait depuis longtemps oublié ces résolutions premières, comme mon dernier entretien avec lui l’avait clairement fait ressortir.
    A la fin, Himmler me laissa entrevoir une faible chance d’obtenir un ministère dans son gouvernement. Moi, en revanche, je lui offris, non sans ironie, mon avion, si jamais il voulait rendre à Hitler une visite d’adieux. Mais il repoussa l’offre en prétendant qu’il n’en avait pas le temps. « Car, affirma-t-il d’une voix impassible, il me faut préparer mon nouveau gouvernement et, d’autre part, ma personne a trop d’importance pour l’avenir du peuple allemand pour que je coure le risque d’aller maintenant à Berlin en avion. » L’arrivée de Keitel interrompit notre conversation. Dans la chambre attenante, je fus témoin des assurances que donnait le Feldmarschall à Himmler de son attachement inconditionnel et cela de la même voix ferme qu’il avait quand il adressait à Hitler ses fréquentes protestations pathétiques. Il affirmait se mettre tout entier à la disposition du futur Premier ministre.
    Le soir, je me retrouvai à Hambourg. Le Gauleiter m’offrit de diffuser sur l’émetteur de Hambourg mon discours à la population, et ce tout de suite, c’est-à-dire avant même la mort de Hitler. Pourtant, quand je pensai au drame qui allait se jouer dans les jours, peut-être dans les heures à venir dans le bunker berlinois, toute

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