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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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gigantisme et les constitutions dues à des dictateurs, mais même dans l’Athènes de Périclès, la statue d’Athéna Parthenos, sculptée par Phidias, avait 12 mètres de haut. De plus, la plupart des sept merveilles du monde, symboles d’une popularité universelle, ne le sont devenues que précisément à cause de leurs dimensions hors du commun, ainsi le temple d’Artémis à Éphèse, le mausolée d’Halicarnasse, le colosse de Rhodes ou le Zeus d’Olympie de Phidias.
    Quand, devant les travailleurs, Hitler revendiquait le droit de dépasser les normes habituelles de l’architecture, il n’allait pas jusqu’au fond de sa pensée ; il n’avouait pas que cette architecture, la plus grande de toutes celles jamais conçues, devait magnifier son œuvre, sublimer la conscience qu’il avait de sa propre valeur. L’érection de ces monuments devait servir à annoncer ses prétentions au règne universel, bien avant qu’il ait osé en confier la pensée à ses plus proches collaborateurs.
    Moi aussi, je m’enivrais à l’idée de créer, à l’aide de dessins, d’argent et d’entreprises de bâtiment, des témoins de pierre pour une histoire future et d’espérer de mon vivant une renommée millénaire. Je communiquais mon enthousiasme à Hitler, quand je pouvais lui démontrer que nous avions « battu », au moins au plan des dimensions, les œuvres les plus fameuses de l’histoire humaine. Il ne criait pourtant jamais son enthousiasme et restait économe de ses mots. Peut-être même, dans ces moments-là, une certaine vénération l’emplissait-elle, envers lui-même et envers une représentation de sa propre grandeur, créée sur son ordre et projetée dans l’avenir.
     
    A ce même Congrès de 1937, où il avait posé la première pierre du stade, Hitler termina le discours de clôture par cette phrase : « La nation allemande a quand même obtenu son empire germanique. » Au cours du déjeuner qui suivit, Brückner, aide de camp de Hitler, raconta qu’à cet endroit-là l’émotion avait fait fondre en larmes le Feldmarschall von Blomberg. Hitler y vit la confirmation de l’accord qui régnait sur la signification fondamentale de sa déclaration.
    On glosa beaucoup, à cette époque-là, sur le fait que cette expression énigmatique avait ouvert un nouveau chapitre du livre de la grande politique. On prétendait qu’elle aurait une foule de conséquences. Je savais par hasard ce que Hitler avait voulu dire, car, à peu près à la même époque, il me retint dans l’escalier qui menait à son appartement et, laissant son escorte continuer, me déclara : « Nous allons fonder un grand empire. Tous les peuples germaniques en feront partie. Il s’étendra de la Norvège à l’Italie du Nord. Il faut que je mène moi-même à bien cette entreprise. Pourvu que je reste en bonne santé ! » Cette formulation était encore d’une réserve relative. Au printemps de l’année 1937, Hitler vint me voir dans mes ateliers à Berlin. Nous étions tous les deux seuls, devant la maquette du stade de 400 000 places, haute de plus de deux mètres. Elle était construite juste à hauteur des yeux, comportait tous les détails du futur édifice, et était éclairée par de puissants projecteurs de cinéma, si bien qu’avec un tout petit effort d’imagination, nous pouvions nous représenter l’effet que devait produire cet édifice. Les plans étaient épinglés sur des tableaux près de la maquette. Hitler se tourna vers eux. Nous en vînmes à parler des Jeux Olympiques. Je lui fis remarquer, comme je l’avais déjà fait plusieurs fois auparavant, que mon terrain de sport n’avait pas les dimensions requises par les règlements olympiques. Là-dessus, Hitler me déclara, sans que le ton de sa voix change, comme s’il s’agissait d’une évidence indiscutable : « Aucune importance ! En 1940, les Jeux Olympiques auront encore lieu dans un autre pays, à Tokyo. Mais ensuite, ils auront lieu pour toujours en Allemagne dans ce stade. Et les dimensions du terrain de sport, c’est nous qui en déciderons. »
    D’après le plan de travail que nous avions établi, le stade devait être prêt pour le Congrès de l’année 1945.

6.
    La plus grosse commande
    Hitler était inquiet : « Je ne sais vraiment pas ce que je dois faire répétait-il en faisant les cent pas dans le jardin de son chalet de l’Obersalzberg. C’est une décision vraiment trop dure à prendre. Je

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