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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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contenance maximale de 100 000 personnes.
    La pyramide de Chéops, bâtie en 2500 avant Jésus-Christ, a un volume de 2 570 000 m 3 pour 230 mètres de long sur 146 de haut. Le stade de Nuremberg aurait fait 550 mètres de long sur 460 mètres de large et aurait inscrit dans sa construction un volume de 8 500 000 m 3 8  , c’est-à-dire, en gros, le triple de celui de la pyramide de Chéops. Le stade devait être de loin l’édifice le plus important de tout cet ensemble et aussi l’un des plus formidables de l’histoire. Selon nos calculs, l’enceinte du stade devait faire presque 100 mètres de haut, pour pouvoir contenir la masse de spectateurs prévue. Une forme ovale aurait été une solution inacceptable, car l’espèce de marmite à laquelle on aurait abouti n’aurait pas seulement augmenté la chaleur mais aurait certainement aussi causé des troubles psychiques. C’est pourquoi je choisis la forme en fer à cheval du stade d’Athènes. Sur une colline dont la pente équivalait à peu près à celle des gradins du futur stade et dont nous avions corrigé les inégalités par des constructions de bois, nous fîmes des essais pour vérifier si, du dernier rang,on pourrait encore suivre les manifestations sportives. Le résultat fut encore plus positif que je ne l’avais supposé.
    D’après le devis que nous avions établi, le stade de Nuremberg devait coûter de 200 à 250 millions de marks, c’est-à-dire, aux prix actuels de la construction, en gros un milliard de DM. Hitler accepta sans hésiter : « Cela fait moins, dit-il, que deux navires de guerre du type Bismarck . Or, un cuirassé peut être détruit en un instant, ou au bout de dix ans n’être plus qu’un tas de ferraille. Cet édifice, lui, sera encore debout dans des centaines d’années. Évitez de répondre si le ministre des Finances vous en demande le coût. Dites-lui qu’on n’a pas encore l’expérience de telles entreprises. » On commanda du granit pour quelques millions de marks, rouge clair pour l’enceinte extérieure, plus blanc pour les tribunes, et on creusa une fosse gigantesque pour les fondations. Pendant la guerre, celle-ci devint un lac pittoresque dont les dimensions laissaient assez bien préjuger de celles de l’édifice.
    Au nord du stade, la route de parade traversait une étendue d’eau dans laquelle les édifices devaient se refléter. Le tout se terminait par une place bordée à droite par la salle du Congrès, encore debout aujourd’hui, et à gauche, par une « salle de la culture » bâtie tout exprès pour que Hitler trouve un endroit adéquat où faire ses discours culturels.
    Tous les édifices de l’esplanade du Congrès du parti, à l’exception de la salle du Congrès conçue dès 1933 par l’architecte Ludwig Ruff, me revenaient, car Hitler m’avait désigné comme l’architecte responsable de ce projet. Il me laissa carte blanche pour la conception comme pour la réalisation et désormais, chaque année, il posa solennellement une première pierre. Une remarque toutefois : les premières pierres étaient remisées à l’office de construction municipal en attendant d’être scellées dans leurs murs respectifs quand ceux-ci s’élèveraient. Lors de la pose de la première pierre du stade, le 9 septembre 1937, Hitler me tendit la main d’un geste solennel et me dit devant les sommités du parti réunies : « C’est le plus grand jour de votre vie ! » Peut-être étais-je, déjà à cette époque-là, devenu sceptique, car je lui répondis : « Non, pas aujourd’hui, mon Führer , seulement le jour où ce stade sera fini. »
     
    Au début de l’année 1939, Hitler essaya de justifier devant des ouvriers du bâtiment le gigantisme de son style architectural par ces mots : « Pourquoi toujours bâtir le plus grand possible ? Je le fais pour redonner à chaque Allemand en particulier une confiance en soi. Pour dire à chaque individu dans cent domaines différents : nous ne sommes pas inférieurs, nous sommes au contraire absolument égaux aux autres peuples 9  . »
    On ne doit pas rendre le seul régime responsable de cette tendance au gigantisme. Y ont aussi leur part les fortunes rapidement gagnées, tout autant que le besoin de montrer sa force pour quelque raison que ce soit. Aussi bien trouvons-nous dans l’antiquité grecque les plus grands édifices en Sicile et en Asie Mineure. Il se peut qu’on puisse établir une relation entre ce

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