Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
perte pour nous. » Il se lançait alors dans des considérations sur les forces obscures qui déterminaient le cours de la politique anglaise dans un sens antiallemand. Son regret de ne pas avoir trouvé un terrain d’entente avec l’Angleterre réapparut tout au long des années où il régna sur l’Allemagne. Ce regret s’amplifia encore après la visite que lui rendirent à l’Obersalzberg, le 22 octobre 1937, le duc de Windsor et sa femme, et au cours de laquelle ils portèrent, à ce qu’on prétend, un jugement flatteur sur les réalisations du III e  Reich.
    Quelques mois après la réussite de l’opération en Rhénanie, Hitler se montra satisfait de l’atmosphère harmonieuse qui entourait les Jeux Olympiques et qui montrait que tout mécontentement international avait disparu. Il donna des instructions pour que les nombreuses personnalités étrangères présentes aient l’impression d’avoir devant elles une Allemagne éprise de paix. Les compétitions le passionnèrent, mais alors que chacun des nombreux succès allemands le comblait, d’autant plus que personne n’en attendait autant, la série de victoiresremportées par l’étonnant coureur noir américain, Jess Owens, le mit de fort méchante humeur. Des hommes dont les ancêtres vivaient encore dans la jungle avaient, prétendait-il en haussant les épaules, sur les Blancs civilisés la supériorité athlétique du primitif ; ils étaient des concurrents à part et, en conséquence, ils devaient à l’avenir être exclus des Jeux et de toutes les compétitions sportives. Les acclamations frénétiques par lesquelles les Berlinois saluèrent l’entrée de l’équipe française dans le stade olympique avaient également terriblement impressionné Hitler. Les Français avaient défilé le bras levé devant la tribune d’honneur où se trouvait le Führer et ce geste avait provoqué une explosion spontanée d’enthousiasme chez de nombreux spectateurs. Mais Hitler flaira dans ces acclamations prolongées du public la voix d’un peuple exprimant sa nostalgie de paix et d’entente avec son voisin occidental. Si j’interprète bien ce que j’ai observé à ce moment-là, ces Berlinois en liesse lui causaient plus d’inquiétude que de joie.
     
    Au printemps 1936, Hitler inspectait avec moi un tronçon d’autoroute. Au cours de la conversation, il laissa tomber : « J’ai encore une commande à passer, la plus importante de toutes. » Mais il n’en dit pas plus ce jour-là.
    Il lui arrivait bien à l’occasion de crayonner quelques croquis de travaux dont il avait eu l’idée pour Berlin, mais c’est seulement en juin qu’il me montra un plan du centre de la ville en remarquant : « J’ai expliqué au maire, longuement et en détails, pourquoi cette nouvelle avenue doit faire 120 mètres de large et voilà qu’il me propose une avenue de 90 mètres seulement. » Quelques semaines plus tard, le maire, le D r  Lippert, vieux membre du parti et rédacteur en chef du journal berlinois Attaque , fut à nouveau convoqué mais rien n’avait été changé, et l’avenue avait toujours 90 mètres. Lippert n’arrivait pas à s’enflammer pour les projets de son Führer. D’abord Hitler se contenta de manifester du dépit et prétendit que Lippert était mesquin, incapable d’administrer une métropole, et encore plus incapable de comprendre le rôle historique qui incomberait à cette métropole. Mais au fil des jours, les remarques se firent plus dures : « Lippert est un incapable, un idiot, un raté, une nullité. » L’étonnant, c’est que Hitler n’exprima jamais son mécontentement en présence du maire, ou qu’il n’essaya jamais de le convaincre. Il semblait parfois, déjà à cette époque-là, reculer devant la fatigue d’une argumentation. Au bout de quatre ans, au retour d’une promenade au pavillon de thé, au cours de laquelle il avait encore fait d’aigres remarques sur Lippert, il se fit mettre en liaison avec Goebbels et lui donna l’ordre impératif de déposer son maire.
    Jusqu’à l’été de l’année 1936, Hitler avait manifestement eu l’intention de faire élaborer les plans de Berlin par l’administration municipale. Mais, à cette date-là, il me convoqua et me transmit sans autre forme de procès ni cérémonie la commande, en me déclarant : « Il n’y a rien à faire avec cette ville de Berlin. A partir d’aujourd’hui, c’est vous qui travaillez sur le projet.

Weitere Kostenlose Bücher