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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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rapidement ouvert mon sac à dos et j’en ai sorti mes outils… C’est tout ce qu’il y avait dedans – et je les lui ai montrés ainsi qu’un objet que j’avais fait. Dieu seul sait pourquoi j’avais emmené ça. Il nous a dit de sortir du rang et nous a poussés dans un coin. “Asseyez-vous là”, a-t-il dit. Un peu après il a envoyé un autre garçon – un peintre d’enseignes. Et nous sommes restés là, assis pendant des heures je pense, jusqu’à ce que tous les gens du convoi aient disparu par la porte de droite, nous ne savions toujours pas où. Et il est revenu et nous a conduits dans une troisième cour où se trouvait une vieille cabane en bois qu’il a ouverte et il nous a poussés dedans. Dedans il n’y avait qu’un homme qui s’est précipité vers nous et nous a demandé si nous étions juifs. Il était lui aussi peintre en lettres et était arrivé la veille. On l’avait mis dans la cabane avec encre et pinceaux, et ordre de peindre des inscriptions, Camp I, Camp II, Camp III.
    « Nous avons attendu longtemps. Il faisait déjà nuit quand la porte s’est ouverte. Wagner nous a dit, à mon frère et à moi, de prendre un bidon qui était là pour aller chercher du café et du pain dans une autre cabane. Quand nous sommes revenus nous avons découvert que le bidon avait contenu de l’essence et le café était imbuvable. Mais nous avions le pain. Après nous nous sommes couchés par terre et nous avons dormi. Le lendemain matin Wagner est venu avec Stangl. “Comme ça, j’étais orfèvre ?” ont-ils dit. Alors, là-dessus, je me suis assis et je leur ai fabriqué quelque chose avec un petit bout de métal que j’avais apporté. Ils m’ont regardé un moment puis je leur ai donné ce que j’avais fait. En tout cas c’était le commencement. L’après-midi même ils m’ont apporté de l’or à travailler. »
    Dans son livre Szmajzner a décrit avec beaucoup de détails sa première entrevue avec Stangl. « Il était impeccablement habillé et semblait vaniteux bien que son regard fût plutôt bon. Il avait la voix douce, de bonnes manières et il était extrêmement poli. Il ressemblait à un jeune professeur d’Université… » et il continue en racontant ce que Stangl avait dit plusieurs fois, qu’il était émerveillé de voir un enfant de cet âge capable de faire de si beaux bijoux.
    « Stangl m’a semblé si amical quand il m’a apporté l’or dans l’après-midi. Cela m’a donné le courage de lui demander où était mon père. Je lui ai dit que j’aimerais aller le voir. “Où est-il, s’il vous plaît ? – Tu es beaucoup mieux ici me répétait Stangl très amicalement. C’est une meilleure place pour travailler. Ne te fais pas de souci pour lui, tout va bien.”
    « Mon frère a été désigné pour travailler avec moi. Mon petit neveu est devenu cireur de bottes pour les officiers ; il faisait aussi couler leur bain et d’autres choses de ce genre. Mon cousin de vingt ans a été nommé Platzmeister ; il devait tout mettre en place sur le terrain où les convois arrivaient, mettre les affaires en tas, ainsi de suite. [La famille Szmajzner arriva de toute évidence avant que le camp soit achevé et le travail organisé. Plus tard les travailleurs étaient regroupés en Kommandos, chacun ayant des fonctions bien définies.]
    « Nous n’avions toujours aucune idée de ce qui arrivait à tous les gens. Nous avons été les seuls occupants du Camp I durant plusieurs jours – nous quatre et les deux peintres en lettres. Wagner était responsable de nous et nous voyions Stangl tous les jours – il semblait venir uniquement pour le plaisir de me voir travailler…
    « Chaque fois qu’il venait je lui demandais ce que faisait mon père, et chaque fois il me répondait la même chose : ne pas me faire de souci, simplement travailler et tout irait bien. Les Ukrainiens n’avaient pas le droit de pénétrer dans la “cabane de l’or” mais les autres officiers SS sont venus bien sûr, dès qu’ils ont su ce qu’on faisait, et tous nous ont fait des commandes.
    « Le septième jour après notre arrivée un garde ukrainien est venu [sans doute à la fenêtre de la cabane] et a dit qu’il avait un message pour moi et qu’il me le donnerait en échange d’un peu d’or. Je lui ai dit que je lui donnerais de l’or le lendemain. La note avait été écrite par un autre cousin qui était au Camp III : [le camp où l’on gazait et

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