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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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de marchandises, cent ou cent cinquante empilés par wagon ; nous étions si nombreux que nous tenions tout droits l’un contre l’autre. Il n’y avait pas de fenêtres, pas de sanitaires, pas de lumière, pas d’air. Les gens urinaient, vomissaient, déféquaient. Les plus faibles moururent ainsi debout, et le restèrent car on ne pouvait les mettre nulle part ailleurs. » Stanislaw, ses parents, son frère de douze ans Moïse, sa sœur aînée et son fils de onze ans, Jankus, un cousin âgé de vingt ans et quelques parents plus éloignés arrivèrent ainsi à Sobibor le 24 mai 1942.
    « Quand la porte du wagon fut ouverte, nous n’avions qu’une idée, dit-il, sortir à l’air libre. Ce que j’ai vu d’abord, c’étaient deux gardes avec des fouets – plus tard nous avons découvert que c’étaient des SS ukrainiens. Ils ont hurlé immédiatement “ Raus, Raus” et ils ont frappé au hasard sur les premiers. Bien sûr, cela nous faisait nous précipiter ; ceux du fond poussaient vers l’avant et ceux de l’avant, cible immédiate des fouets ukrainiens, sautaient aussi vite que possible. C’était parfaitement orchestré pour nous faire vider les wagons sans délai. Trois wagons seulement avaient été ouverts : cela aussi faisait partie du système. Quand j’ai sauté avec ma famille, j’ai attrapé immédiatement par la main mon frère et mon petit neveu et j’ai même crié : “On ne se quitte pas.” Mon cousin plus âgé s’est arrangé pour rester près de nous, mais nous avons tout de suite perdu de vue mon père ; nous avons regardé autour de nous désespérément mais la bousculade, le bruit, la peur et la confusion étaient indescriptibles ; c’était impossible de repérer quelqu’un une fois qu’on l’avait perdu de vue. Vingt mètres en avant, de l’autre côté de la “place”, j’ai vu une rangée d’officiers SS et ils tiraient. J’ai spécialement remarqué Stangl parce qu’il portait une veste blanche, ça tranchait. Il tirait également. Je suis incapable de dire s’il a tué quelqu’un ou si quelqu’un a été tué effectivement ou pas, mais pour tirer, ils tiraient. Je ne peux dire si Stangl tirait dans la foule ou au-dessus, mais ils étaient tous en train de tirer. Le but était de nous faire courir dans une direction : à travers une cour et une sorte de couloir nous aboutissions dans un autre enclos encore. »
    Stanislaw Szmajzner est maintenant, comme homme, aussi impressionnant qu’il a dû être remarquable comme garçon à quatorze ans. Son témoignage – presque le seul à impliquer directement Stangl dans un acte de violence personnel – a pesé lourd au procès. Il ne fait aucun doute que les officiers SS dans les camps étaient armés. « Les officiers allemands et les soldats portaient les mêmes armes précise Franz Suchomel. Des pistolets allemands Walther, pour lesquels il n’y avait jamais assez de munitions ; et des Nagans en provenance des stocks russes avec des tas de munitions, et en plus chaque homme de troupe avait un fusil d’infanterie en cas d’urgence. Les sous-officiers avaient aussi des mitraillettes pour les cas imprévus mais ils ne les portaient pas habituellement. Les Ukrainiens étaient armés au début d’armes volées, mais plus tard, ils eurent tous des fusils allemands. Pour être honnête, il faut préciser que tous les fusils étaient de provenance tchèque, Mauser, modèle 24, avec encore l’estampille de l’armée tchèque. Les mitraillettes étaient finnoises, parce qu’elles aussi étaient meilleures que les allemandes. Le personnel allemand devait porter des fouets – moi-même j’ai souvent été réprimandé par Franz et Küttner pour ne pas en avoir. Pour Stangl, les Juifs ont fabriqué une cravache, mais il la prenait rarement. Quand les convois arrivaient, les gardes ukrainiens avaient également des fouets. Parmi les Juifs, les Kapos et leurs “supérieurs” avaient des fouets ainsi que les hommes du “ Kommando bleu” [qui assistait à l’arrivée des transports]. Les fouets étaient en cuir, mais ils n’étaient pas plombés comme on l’a prétendu… »
    Et Richard Glazar, un Tchèque remarquablement intelligent, survivant de Treblinka, qui a encore moins de raisons que Suchomel de défendre Stangl, dit : « Tous avaient des fusils et des fouets [à Treblinka] sauf Stangl. Il n’avait qu’une petite cravache. »
    En dernière analyse, bien sûr, il est hors de

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