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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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l’aie laissé me convaincre qu’il ne participait pas vraiment à ce qui se passait, je ne pouvais pas oublier ; comment l’aurais-je pu ? Ce soir-là, la comtesse Chelmicki m’a trouvée en larmes. Dans mon terrible besoin de parler à quelqu’un je lui ai raconté ma découverte. “Vous croyiez que nous ne savions pas ? m’a-t-elle demandé. Nous savons depuis le début. Il faut vous calmer ; c’est atroce mais on n’y peut rien. Nous sommes convaincus que votre mari est un homme bien.” Elle compatissait vraiment. Elle m’a parlé – vous savez – comme une amie, intimement et chaleureusement. J’ai été réconfortée par sa bonté.
    « Le lendemain Paul est revenu, juste pour la journée ou peut-être moins. Il m’a dit qu’il était transféré à Treblinka, un endroit où c’était une vraie pagaille, on y commettait les pires Schweinereien [58]  et il fallait donner un sacré coup de balai. J’ai dit “Oh ! Dieu, j’espère que ce n’est pas un endroit comme ici”, et il m’a répondu que non, qu’il ne le pensait pas – pour que je ne m’inquiète pas. J’ai dit que je voulais rentrer à la maison. »
    J’ai demandé à Frau Stangl si ce n’était pas lui qui lui avait conseillé de rentrer.
    « Non, c’est moi qui lui ai dit. Eh… alors… il est parti. Je lui avais dit que je voulais rentrer le plus vite possible – je ne voulais pas m’imposer aux Chelmicki plus longtemps que nécessaire. En tout cas, le lendemain, Reichleitner est venu au domaine. »
    Franz Reichleitner, qui avait été avec Stangl à Hartheim, prit le commandement de Sobibor après son départ. « Il a dit qu’il venait jeter un coup d’œil sur les viviers a poursuivi Frau Stangl. Lui, évidemment, je le connaissais ! il avait épousé mon amie Anna Baumgartner de Steyr, et comme ça, je sentais que j’avais quelque chose en commun avec lui ; j’avais confiance en lui, voyez-vous, aussi lui ai-je dit : “Vous savez si je pensais que mon Paul avait quoi que ce soit à faire avec les horreurs qui se commettent à Sobibor, je ne resterais pas avec lui un jour de plus.”
    « Il m’a répondu, tout à fait spontanément vous savez, sans même réfléchir. Il a dit tout de go : “Dieu ! Frau Stangl, mais votre mari n’a absolument rien à faire avec ça. Tout ça c’est Wirth. Vous ne pensez pas un seul instant que quelqu’un pourrait lui voler le plaisir de supprimer les Juifs ? Vous savez comme il les hait. Le travail de votre mari est purement administratif. “ » [Avant que Frau Stangl me rapporte ces paroles, elle avait également témoigné au procès qu’après la guerre, au Brésil, Gustav Wagner lui avait dit aussi que son mari n’avait rien eu à faire avec l’extermination des Juifs à Sobibor…]
    « Eh bien, continua-t-elle, à dire vrai, cela m’a remonté réellement le moral et j’ai repris mes esprits. Après tout, à moins que Paul et Reichleitner n’aient pris soin de se concerter – et pour dire la vérité cette possibilité m’a effleurée – le fait qu’ils avaient dit tous les deux la même chose, dans les mêmes termes, semblait montrer que c’était vrai. Sinon, pourquoi Reichleitner aurait-il pris la peine de me le dire ? »
    Il n’est pas venu à l’esprit de Frau Stangl, ni alors ni plus tard, que Reichleitner qui reprenait le travail de Stangl, pouvait avoir trouvé cette conversation avec la femme de son ami plutôt embêtante pour son propre compte, et qu’il avait dû, d’une certaine manière, exposer indirectement son propre cas ou le justifier.
    « Je suis partie quelques jours après. Je crois que c’est Reichleitner qui m’a apporté les laissez-passer signés par Globocnik – ce devait être deux ou trois jours après le départ de Paul. Je crois que c’est aussi Reichleitner qui nous a conduites au train à Chelm. Et nous sommes rentrées à la maison. Peu après j’ai eu une lettre de Paul mais il ne disait rien de Treblinka ; il m’avait dit que je ne devais jamais mentionner Treblinka ni quoi que ce soit à ce sujet ; ni faire une quelconque remarque dans mes lettres – il me connaissait si bien – toutes les lettres étaient censurées… Je ne l’ai pas revu pendant des mois… »
    « Resl et ses deux filles ont passé une nuit chez moi à leur retour de Pologne, dit Helene Eidenböck à Vienne.
    J’ai été les chercher à la gare de l’Est. Non, elle ne semblait pas particulièrement

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