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Au Pays Des Bayous

Au Pays Des Bayous

Titel: Au Pays Des Bayous Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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lesquels on trouvait des terrassiers, des maçons, des forgerons et des charpentiers, devait participer à la construction des routes, des fortifications et des bâtiments publics de La Nouvelle-Orléans et des postes disséminés au long du Mississippi. Des sergents-maîtres encadraient ces spécialistes, qui ne prenaient les armes qu'en cas de nécessité mais étaient censés respecter la discipline militaire en toute circonstance. Cette unité annonçait, semble-t-il, les sapeurs dela Légion étrangère qui, plus tard, construiraient dans les colonies françaises routes et ponts. Chaque soldat-ouvrier recevait en Louisiane une solde de douze livres par mois, les officiers percevant cent cinquante livres. Le fondateur de cette formation, le capitaine David-François de Merveilleux, issu d'une très ancienne famille de Neuchâtel, anoblie en 1529, avait été, à Paris, secrétaire-interprète du roi pour les ligues grisonnes. On lui devait, en tant que médecin, un ouvrage sur les eaux thermales : Amusements des bains de Baden . En 1721, il vit arriver en Louisiane, à bord du Deux-Frères et de la Vénus , ses frères Charles-Frédéric et Jean-Pierre de Merveilleux, du régiment de Karrer. Le premier, récemment promu capitaine, commandait la 3 e  compagnie, dans laquelle Jean-Pierre servait comme enseigne. Charles-Frédéric était un officier de valeur. Entré en 1707 comme cadet au régiment de Surbeck, il s'était vaillamment battu pour la France, à Oudenarde en 1708, à Arleux en 1711, où il avait conquis ses galons de lieutenant, à Denain et à Bouchain en 1713. Des trois frères Merveilleux, il fut le seul à rester en Louisiane, où il obtint, en 1741, le grade de lieutenant-colonel. Rentré en France, il continua de se battre pour le roi en Aunis et en Saintonge, fut fait chevalier de Saint-Louis en 1746 et mourut à Paris en 1749 15 .
    Quand, vers 1735, La Nouvelle-Orléans fut devenue une vraie ville, les jours où la compagnie suisse de Louisiane se rendait, derrière fifres et tambours, de sa caserne à la place d'Armes, toutes les belles se mettaient à leur balcon. Les plus hardies applaudissaient, les prudes déployaient leur ombrelle comme si elles eussent voulu filtrer les œillades que, de tout temps, les militaires défilant ont adressées aux femmes.
    Aux cultivateurs allemands et aux soldats-ouvriers suisses se joignirent, au fil des années de peuplement, des Suédois, officiers réformés venus avec leur compatriote d'Arensbourg, et, surtout, des Italiens. Ces derniers étaient parfois des soldats déserteurs ou des contrebandiers de tabac indésirables dans leur pays, mais le plus souvent des artisans ou des ouvriers, recrutés comme tels par la Compagnie des Indes. John Law, qui souhaitait envoyer en Louisiane quatre cents spécialistes de l'élevage du ver à soie, en trouva dans le Piémont. C'est ainsi que le Chameau débarqua un premier contingent d'Italiens le 11 août 1718. En mai 1720, on vit arriver de Gênes, à bord du Notre-Dame-de-la-Conception , deux cent cinquante émigrants italiens, dont le chevalier de Fontana avait payé le transport en espérant être remboursé par la Compagnie. Le plus connu des émigrés italiens en Louisiane reste Francesco Maria de Reggio, né à Alba, en Piémont. Cet ancien lieutenant du Royal Grenadier génois devint capitaine dans l'infanterie de marine en Louisiane puis commandant du poste des Attakapa. Il épousa une Française, Hélène Fleuriau, fille du procureur général François Fleuriau, arrivé dans la colonie en 1723. En 1781, il deviendra conseiller municipal de La Nouvelle-Orléans, puis maire et juge sous la domination espagnole. Les Louisianais le considèrent comme le fondateur d'une des meilleures familles de La Nouvelle-Orléans. Il fut l'arrière-grand-père du général Pierre Toutant de Beauregard, un des héros de la guerre de Sécession. C'est encore un Italien, Costantino Beltrami, magistrat de Bergame venu à La Nouvelle-Orléans un siècle plus tard, en 1823, pour oublier la mort de celle qu'il aimait, qui fut le premier explorateur à remonter le Mississippi jusqu'à sa source, au-delà des Grands Lacs.

    Captifs indiens, esclaves noirs
    Les déportés français, hommes ou femmes, les filles à la cassette, les riches concessionnaires, les fonctionnaires du roi ou de la Compagnie des Indes, les aristocrates désœuvrés avides d'émotions nouvelles, les aventuriers en quête d'un refuge ou d'une fortune

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