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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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accompagnèrent leurs invités
     jusqu’à la voiture de Georges. Jean-Baptiste, qui n’attendait que le départ des
     autres, apostropha tout de suite son père.
    — Papa, avec ce contrat-là, là, je pense que je suis parti pour la
     gloire !
    — Tu le mérites, mon gars.
    — Je veux que vous travailliez avec moi.
    — Quoi ?
    — Mononcle Henry a raison. Y va y avoir ben du changement. Déjà on sent que
     tout bouge !
    — Je peux pas dire le contraire.
    — C’est comme si, tout d’un coup, tous les morceaux se plaçaient ! J’peux pas
     laisser passer ma chance !
    — Je suis ben d’accord.
    — Tout le monde prédit un boom dans la construction. Après la maison d’ici, les
     contrats vont pleuvoir. J’ai besoin de quelqu’un qui va me faire des plans pis
     qui va surveiller les travaux de mes gars. Je pourrai pas être partout à la
     fois. Vous pourriez aussi vous occuper des fournisseurs, de commander les
     matériaux, pis de prendre les rendez-vous. Vous feriez plus d’argent qu’avec
     votre job !
    — Jean-Baptiste, t’es-tu ben sérieux, là ? Tu veux que je quitte la
     fromagerie ?
    — Vous viendrez pas me dire que ça vous ferait de la peine ?
    — Non, pas pantoute, mon gars.
    — Alors, vous êtes partant ?
    François-Xavier réfléchit. Il croyait dans les capacités de
     Jean-Baptiste. Avec tendresse, il mit la main sur l’épaule de son fils.
    — J’ai hâte d’annoncer au petit boss des bécosses que je rentre pas travailler
     demain à sa fromagerie.
    — Papa, vous le regretterez pas.
    — J’te demande quinze jours, par exemple.
    — Quinze jours ? Pour quoi faire ?
    — Pour partir en vacances avec ta mère.
    — Pas son fameux voyage en Gaspésie ?
    — Oui, on irait voir ton frère Pierre.
    Jean-Baptiste fronça les sourcils.
    — Je voulais tout mettre en branle le plus vite possible...
    — Inquiète-toi pas, à mon retour, je te donne les plans tout finis.
    — Vous allez les dessiner pendant vos vacances ?
    — Du moment que je sais les grandeurs du carré de la maison pis du revêtement
     extérieur, y aura pas de problème. Que dirais-tu d’une façade en pierres des
     champs ?
    — Ce serait magnifique, approuva Jean-Baptiste.
    — Avec Henry, on va régler tous les détails tantôt.
    — Le délai est pas mal court...
    — Tu penses y arriver ? s’inquiéta François-Xavier.
    — En travaillant comme un fou… Oh, papa, j’en reviens pas encore ! Les
     Constructions J-B Rousseau seront connues dans toute la région. Faut que
     j’annonce la nouvelle à Gertrude !
    — Pis moi à ta mère.
    Jean-Baptiste s’engouffra à l’intérieur du chalet. François-Xavier chercha des
     yeux sa femme. Avec son patron, elle marchait sur la plage et n’était déjà plus
     qu’une petite silhouette au loin. Ôtant souliers et bas, les gardant à lamain, il suivit leurs traces. Il se sentait revivre ! Il se
     revit à l’âge de Jean-Baptiste, déclarer à son père Ernest qu’il partait sa
     fromagerie... Les pieds dans l’eau, il parla à son lac comme au temps de sa
     jeunesse. « Peut-être qu’un jour, si tout va bien, je me construirai à nouveau
     sur tes rives... J’aimerais tellement finir mes jours près de toi. »
     François-Xavier sourit et se prit à rêver. Rêver que tout irait mieux, que
     Georges et lui retrouveraient leur amitié d’antan, que son mariage filerait des
     jours plus heureux. Il pressa le pas. Il avait hâte d’annoncer à Julianna de
     préparer ses valises, qu’ils partaient pour la Gaspésie ! Peut-être
     apprécierait-elle plus ce cadeau ?

    Jean-Baptiste trouva Gertrude, seule, dans la cuisine en train de nettoyer
     l’évier.
    — Ah, la petite femme en or que j’ai là, dit-il.
    — On s’en retourne-tu chez nous ?
    — Pas tout de suite. J’ai une grande nouvelle à te faire part, pis... on
     pourrait faire un tour dans le bois avant... lui murmura Jean-Baptiste au creux
     de l’oreille.
    — Comme tu voudras. Moi, je te suis.
    Jean-Baptiste donna une claque sur les fesses de Gertrude.
    — C’est de même que j’aime ça. Laisse tomber le torchon pis viens.
    Déjà, une érection gonflait son pantalon. Il trouverait un coin à l’abri des
     regards, Gertrude s’appuierait les mains sur le tronc d’un arbre… Il pourrait
     grogner, rugir, exploser sans déranger personne !

    — Un ours, un ours ! s’écria Hélène d’un ton victorieux.
    Cessant

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