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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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contrat s’avérait une bénédiction ! L’argent généré lui
     permettrait d’installer sa femme et ses futurs enfants dans leur propre
     chez-soi. Il n’en pouvait plus de vivre chez ses beaux-parents. Il y souffrait
     du manque d’intimité. Il se demandait encore comment ils avaient conçu leur
     enfant tellement Gertrude le suppliait de ne pas brasser le lit et de ne pas
     gémir... Ils profitaient de rares moments de solitude derrière le hangar ou dans
     le petit bois. Il rêvait d’accéder à leur indépendance. Il s’était consacré à
     monter son entreprise de construction. Les conseils et l’aide financière de son
     père avaient été d’un apport inestimable. Jean-Baptiste lui en était infiniment
     reconnaissant. Les outils avaient coûté cher et le camion avait été acheté à
     crédit. Jean-Baptiste ne regrettait pas le risque. À la tête de sa compagnie,
     l’avenir s’annonçait sous un tout autre jour. L’offre d’Henry était le coup
     d’envoi qui mettrait LesConstructions J-B Rousseau sur la
     carte ! Il voulait réaliser quelque chose de grandiose.
    — On refait pas du neuf avec du vieux. Je pense qu’on devrait tout jeter à
     terre pis recommencer, décréta Jean-Baptiste.
    — Ah oui, un chalet neuf ? fit Henry, songeur.
    — Pas un simple chalet, une vraie maison.
    — Une maison ?
    — Un château d’été !
    Henry jongla avec l’idée.
    — Posée sur un solage, reprit Jean-Baptiste. Le chalet est sur pilotis. Pis je
     bâtirais plus à gauche. Vous auriez une belle vue.
    — Pas fou, Jean-Baptiste, pas fou... Oui, ça me plaît. À condition que
     François-Xavier accepte de me dessiner les plans. Pas un architecte n’a son
     talent. Ce que François-Xavier crée surpasse tout. Sa maison avait une âme, une
     harmonie que je désire retrouver dans la mienne.
    — Le père pis le fils, on va vous faire un domaine digne du premier
     ministre !
    — Isabelle et moi, nous adorons le lac Saint-Jean, expliqua Henry au curé
     Duchaine. Je veux pouvoir y venir me ressourcer le plus souvent possible et pas
     seulement l’été. Est-ce que tu crois, Jean-Baptiste, que les travaux pourraient
     être terminés pour Noël prochain ? Comme je te l’ai dit, tu as un budget
     illimité !
    — On va débâtir le vieux camp juste quand tout sera prêt... Pis avec une solide
     équipe, je vous livre votre maison pour le temps des Fêtes !
    — Bon, moi je rentre, déclara Georges d’un air renfrogné. Henriette ! cria-t-il
     à l’intention de sa femme toujours à l’intérieur, viens-t’en, on s’en retourne à
     Jonquière.
    — Tu ne restes pas pour une partie de cartes ? demanda
     Henry.
    — Georges doit se reposer, affirma Henriette en sortant du chalet. Il n’a pas
     encore fait sa sieste.
    — C’est lundi demain. Pour être debout à l’heure des poules, il faut se coucher
     à l’heure des poules, dit Georges.
    Le curé se leva et lissa sa soutane.
    — Alors moi aussi, je vous quitte. Je n’ai pas envie de marcher jusqu’à mon
     presbytère.
    — Bateau, je m’en allais oublier de vous ramener à Arvida ! s’écria
     Georges.
    Henriette rectifia :
    — Allons Georges, vous savez bien que jamais j’aurais permis un tel
     sacrilège !
    — Merci pour le bon repas, Isabelle, reprit le curé. Et Henry... J’y crois,
     moi, à vos changements.
    Au moment de saluer François-Xavier, le religieux hésita à prononcer des
     paroles de réconfort à propos de l’évidente discorde qui minait le mariage de
     l’homme.
    « Mes amitiés à Julianna » fut tout ce qu’il trouva à dire.
    François-Xavier fit oui de la tête et se tourna vers Georges.
    — Bon ben à la prochaine, Ti-Georges.
    Son beau-frère se contenta de le toiser en silence. François-Xavier
     ajouta :
    — Sois prudent sur la route. Y a eu un face-à-face dans le grand détour le mois
     passé.
    — Je sais tenir un volant, imagine-toi donc. Mieux que toi, si je me fie à la
     fois que t’avais manqué nous jeter dans le Saguenay.
    La note d’humour dans les propos de Georges ravit François-Xavier, qui se
     remémora :
    — On revenait de Saint-Ambroise, se rappela-t-il. T’avais
     tellement la trouille, tu récitais tes prières !
    Georges le fixa un moment. François-Xavier crut exploser de joie. Georges lui
     avait souri. Son beau-frère enfonça son chapeau d’été sur la tête et s’en
     retourna sans plus un mot. Isabelle et Henry

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