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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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de grogner, Chapeau fit signe que son amie avait deviné l’animal qu’il
     mimait.
    — À mon tour, déclara Hélène en se levant.
    C’était un de leurs jeux favoris.
    Lorsque Hélène avait donné rendez-vous à Chapeau, l’Indien avait rapidement
     pris les devants et l’avait patiemment attendue, assis sur une souche, les yeux
     à demi fermés. Elle s’était laissée choir à ses côtés et avait accepté le cadeau
     qu’il lui offrait presque à chaque rencontre. Cette fois, c’était une récolte de
     fraises des champs, que Chapeau avait soigneusement déposée dans un morceau
     d’écorce. Ensuite, pour l’amuser, Chapeau avait amorcé le jeu des
     charades.
    Hélène réfléchit. « Hum... quel animal imiter ? » Plus loin, un petit suisse se
     faufila entre deux troncs d’arbre, apportant la réponse à la question de
     l’imitatrice. Hélène essaya de gesticuler à la manière du petit tamia.
     Accroupie, elle jetait des regards nerveux autour d’elle, guettant le moindre
     danger. Chapeau étudiait les mimiques avec un grand sourire. Hélène s’enhardit.
     Se déplaçant à petits pas rapides, elle s’immobilisait subitement, attentive aux
     bruits, avant de repartir vers une autre direction. Soudain, sans crier gare,
     Chapeau fonça sur elle, lui mit une main sur la bouche et l’entraîna sous le
     couvert d’un taillis. Paniquée, Hélène se débattit. Dans sa tête, le carrousel
     d’horreur tournait à une vitesse folle. L’homme l’attaquait, l’empoignait,
     l’étouffait... Aucune comptine en ce moment ne pouvait la calmer. Elle essaya de
     se libérer, ses ongles allant s’enfoncer dans la peau de son agresseur. Elle
     lança un regard d’effroi à Chapeau. La douceur et le désarroi des yeux bruns la
     rassurèrent un peu. Assez pour prendre une grande respiration. Une perdriole,
     deux perdrioles... Chapeau en profita pour luifaire
     signe de garder le silence et lui indiquer la direction d’où provenaient des
     voix. Des intrus s’approchaient de leur cachette… Hélène comprit enfin que
     Chapeau n’avait pas de mauvaises intentions. Elle pouvait avoir confiance, il ne
     lui ferait pas de mal, lui, jamais. Les voix s’amplifiaient. Réalisant qu’Hélène
     avait saisi la situation, l’Indien se contenta de la maintenir dans ses bras, se
     reculant encore un peu plus à l’abri des feuillages, se dissimulant presque
     parfaitement à la vue du couple qui venait d’émerger un peu en avant
     d’eux.
    — Tu es certain de pas nous perdre ? demanda Gertrude craintivement.
    — Ben non, j’ai suivi ce petit sentier. Pis j’ai marqué mon chemin au fur et à
     mesure. Inquiète-toé pas, ma Gertrude.
    — Quand même... On a marché longtemps.
    — Je veux être sûr d’avoir la paix. Tiens ici, c’est bien... t’es si belle, ma
     femme à moé... tout seul, rien qu’à moé...
    De leur cachette, Hélène et Chapeau ne perdaient rien du spectacle qui
     s’offrait à eux. Jean-Baptiste avait déboutonné la chemise de Gertrude et lui
     tétait goulûment chaque sein, l’un après l’autre.
    — Ils sont rendus ben plus gros... J’aime ça, maudit que j’aime ça...
     Tourne-toé astheure... Oui...
    Hélène ne pouvait détacher ses yeux de Jean-Baptiste qui relevait la jupe de
     Gertrude, lui baissait sa culotte tout en ouvrant la braguette de son pantalon.
     Avant de la pénétrer, il avait caressé la croupe féminine, l’avait léchée avec
     gourmandise... L’homme grognait, haletait... grognait, haletait... non, pas le
     carrousel, non !
    Sans s’en rendre compte, Hélène se mit à trembler. Chapeau resserra son
     étreinte. Grâce à la sécurité des bras de l’Indien, la vague de peur s’estompa.
     Hypnotisé par le spectacle érotique qui se déroulait devant eux,
     Chapeau remonta ses mains jusqu’à la poitrine d’Hélène. Par-dessus le tissu, il
     la caressa du bout des doigts, presque imperceptiblement. Tout en douceur, très,
     très lentement...
    — Oui... oui... oui... maudit que c’est bon, maudit que c’est bon, c’est...
     bon.... ah !
    Hélène et Chapeau retenaient leur souffle.
    Jean-Baptiste prenait son temps, savourant chaque mouvement de va-et-vient,
     gravissant le chemin vertigineux de la jouissance, repoussant le plus possible
     l’atteinte du sommet, là où le soleil aveugle, là où il plantera profondément
     son drapeau avant de redescendre, épuisé, vidé, mais heureux, si heureux

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