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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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pas moi qui veux tout le temps du neuf.
    — Si tu penses que t’es regagnant ! Il n’y a pas un morceau que t’as pas changé
     sur cette auto !
    — Il faut l’entretenir !
    — En tout cas, on est mieux de ne pas rester en panne, l’avertit-elle.
    Après un court silence, avec froideur, François-Xavier demanda :
    — Pierre est bien au courant qu’on arrive ?
    — J’ai téléphoné au magasin général de son village, lui répondit sèchement
     Julianna. Ils vont lui faire la commission. Je ne peux pas comprendre que notre
     fils vive sans téléphone. Pis toi, t’as averti les voisins de notre
     absence ?
    — Oui, ils vont surveiller l’appartement.
    — As-tu embarqué les cadeaux pour Dominique ? vérifia Julianna.
    — Oui, la boîte est dans le coffre.
    Julianna avait acheté un gros ballon étoilé, un camion de pompier et un jeu de
     blocs de bois. Son petit-fils allait être gâté.
    — Où j’ai donc mis ma liste ? s’impatienta Julianna en cherchant partout dans
     la cuisine.
    — Comme si on avait besoin d’écrire ce qu’il faut apporter, commenta son mari
     en haussant les épaules.
    — C’est pas rendus dans le parc des Laurentides qu’y est temps de voir si on a
     oublié quelque chose. Il faut que je trouve ma liste !
    — Julianna, calme-toi, dit François-Xavier en ouvrant le réfrigérateur et en
     buvant à même la pinte de lait.
    — C’est toi qui m’énerves quand tu fais ça ! s’écria Julianna. Si je ne mets
     pas la main dessus, je...
    — Si c’est ça, tes fameuses vacances…
    — Si tu m’aidais aussi. Je peux pas voir à tout ! J’ai pas le temps de finir le
     lavage que tu me salis d’autre linge ! lui reprocha-t-elle en pointant du doigt
     une petite tache sur la chemise de son mari.
    — Je viens de changer l’huile du moteur ! se défendit-il.
    — Enlève-la, je vais la laver à la main tout de suite. Comme si j’avais pas
     assez à faire...
    Avec humeur, François-Xavier déboutonna rapidement sa chemise et la tendit à sa
     femme. Julianna la prit et machinalement, vida la poche du devant. En y retirant
     le paquet de cigarettes de son mari, un papier plié en deux tomba à terre. Elle
     le ramassa, le déplia et reconnut sa liste. Avec des couteaux dans les yeux,
     elle regarda le coupable qui la lui avait dérobée.
    — Ma liste... T’as fait exprès !
    — Ben voyons, Julianna, je savais pas. En cas d’urgence, j’avais écrit le
     numéro de téléphone de Jean-Baptiste, pour notre voisin... J’ai oublié de lui
     donner d’ailleurs...
    — Ma liste...
    Les dents serrées, Julianna se mura dans un silence boudeur.
    — Écoute, Julianna, si tu penses que j’ai du temps à perdre à des niaiseries de
     même, on peut rester ici, aussi.
    — Ça te ferait trop plaisir. On va en Gaspésie.
    — Maudit beau voyage en perspective...

    — Mélanie, tu vas encore tomber !
    La jeune femme, juchée sur un tabouret afin d’atteindre les armoires
     supérieures de la cuisine, accepta la main de sonmari et
     redescendit précautionneusement sur le plancher des vaches.
    Elle retint un soupir d’exaspération. Elle n’en était qu’au début de sa
     grossesse et déjà la patience lui manquait. Qu’allaient être les prochains
     mois ?
    — Tu le sais, que t’es sujette aux vertiges ! reprit son mari, inquiet.
    Pierre la protégeait tellement ! Voilà quelques années, enceinte de Dominique,
     elle avait malencontreusement perdu l’équilibre. Elle était tombée dans les
     rochers sur le bord de la mer. Depuis ce temps, Pierre aurait aimé l’installer
     dans un fauteuil et la nourrir à la petite cuillère ! Maintenant qu’elle
     attendait son deuxième enfant, les attentions de Pierre s’étaient accentuées. Il
     faut dire qu’elle avait déjà fait plusieurs fausses couches. Qu’elle ait réussi
     à porter Dominique jusqu’à terme relevait presque du miracle. Est-ce que
     celui-là allait également s’accrocher ? Elle l’espérait de tout son cœur.
    — Tu me donnes la grosse soupière blanche, d’abord ? lui demanda-t-elle en
     désignant la raison de son escalade.
    Pierre tendit le récipient de faïence à son épouse. Sa femme ne réalisait pas à
     quel point il avait eu peur de la perdre. Quand Timmy le fêlé l’avait trouvée,
     inconsciente, il avait cru le pire arrivé. Il savait pertinemment que la vie
     vous joue parfois de mauvais tours et qu’en une seconde,

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