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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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s’imposaient à lui.
    — Hé ! s’indigna Vincent en se retrouvant par terre, à côté du banc.
    Mathieu s’esclaffa.
    — Relève-toi et cours chez ma sœur lui mettre un peu de plomb dans la tête. Tu
     t’arranges pour qu’elle accepte de te marier, sinon…
    — Sinon ?
    — Je te promets un de ces coups de pied dans le derrière que tu ne pourras pas
     t’asseoir de l’année entière !

    — Et comment comptes-tu t’y prendre, Vincent Leclerc, pour me faire changer
     d’idée ?
    — Pas avec un poème certain, j’ai compris que ça ne marchait pas…
    Yvette sourit, attendrie. Vincent affichait un air de petit garçon gêné.
    — Tu as compris tout de travers, lui dit-elle avec douceur.
    Elle lui désigna sa boîte aux trésors. Surpris, il reconnut ses écrits.
    — J’en connais chaque mot par cœur, lui avoua-t-elle. Pis
     mets-moi pas au défi, tu as vu comment je me débrouillais, tantôt, avec les
     chansons.
    Heureux, Vincent la prit dans ses bras. Jamais il ne pourrait arrêter de
     l’embrasser. Jamais il ne pourrait plus se séparer d’elle. Et pourtant, elle le
     repoussa, encore une fois.
    — Vincent…
    — Ah non, Yvette ! Tu vas devoir être plus convaincante que ça pour te
     débarrasser de moi.
    Yvette se pencha et ramassa une photographie de Jean. Elle la tendit à
     Vincent.
    — C’est mon petit garçon.
    Estomaqué, Vincent se laissa tomber sur le divan.
    — Il vit en banlieue de Paris. Je suis revenue au Canada... sans lui. J’ai
     abandonné mon fils…
    Vincent leva un regard triste sur Yvette. Comme elle avait dû souffrir,
     songea-t-il. Il lui fit signe de venir le rejoindre.
    — Parle-moi, Yvette. Raconte-moi tout… Après, nous ferons tout ce qu’il se doit
     pour être heureux, ensemble. S’il le faut, on ira à Paris. Tu le sais, j’en ai
     toujours rêvé.

    — Un souper au rosbif ? Oh, Henriette, c’est bien aimable, mais vous n’êtes pas
     au courant de la grande nouvelle ? François-Xavier et moi, on part en vacances !
     C’est vrai, oui, demain matin, de bonne heure… Je ne vous l’ai pas dit au chalet
     hier, parce que je ne le savais pas moi-même ! C’est le cadeau de
     François-Xavier pour notre anniversaire de mariage. Vous ne pensiez toujours pas
     qu’il m’offrirait juste un porte-clés ! C’était une sorte de farce, un tour pour
     me faire languir. Vous savez à quel point je rêvais d’aller voirPierre en Gaspésie… Comment, la fromagerie ? Il a averti son patron ce matin
     qu’il démissionnait. François-Xavier va travailler avec Jean-Baptiste
     maintenant. Un moyen changement, hein ! Deux semaines... Oui, un bien gros
     voyage... C’est très loin. En automobile pendant presque trois jours ! Le
     sacrifice en vaut la peine, je vais bercer mon petit-fils ! Bon, je vais
     raccrocher, Henriette, vous comprenez, j’ai tellement à faire ! Tous les
     bagages... Oui, nous apportons des manteaux. Il paraît que c’est pas chaud sur
     le bord de la mer. On va se reprendre pour souper ensemble... Vous allez prier
     pour nous ? C’est gentil. Oui, François-Xavier a sa statue de la Vierge,
     aimantée sur son volant... On est protégés. Dites le bonjour à mon frère là,
     là... Oui, la pareille à François-Xavier.
    Avec soulagement, Julianna parvint enfin à mettre un terme à la conversation
     téléphonique. Bon, où avait-elle mis sa liste ? Elle se retourna et eut un
     hoquet de surprise. Dans l’embrasure de la porte de cuisine se tenait son mari,
     immobile, l’air fâché. Il devait être là depuis plusieurs minutes.
    — Tu m’as fait peur ! lui dit-elle d’un ton de reproche.
    — Puisque je suis bon pour faire des farces... sans que je le sache en
     plus.
    — Tu connais Henriette ! J’ai inventé une raison, c’est tout. Et puis, c’est
     vrai que c’est un beau cadeau, le voyage en Gaspésie.
    — Si tu le dis...
    Rien ne s’arrangeait entre eux. Au contraire. La colère grondait. Ils
     préparaient leur départ sans aucun plaisir.
    — J’ai fini de vérifier l’auto, reprit François-Xavier en allant se laver les
     mains à l’évier.
    — Je n’ai pas confiance qu’elle va tenir la route. Elle a de l’âge, la
     voiture... Si nous en avions acheté une neuve, aussi.
    — Avec toi, on jurerait que l’argent pousse dans les arbres.
    — Je n’ai jamais dit ça ! Tu me parles toujours comme si
     j’avais pas de tête sur les épaules.
    — C’est

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