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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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hésita. Ce n’était pas une question en l’air.
    Incrédule, Julianna vit le regard de son mari s’embuer. François-Xavier
     pleurait. Avec un élan de tendresse, elle le lova contre son sein. Elle lui
     baisa le dessus de la tête, là où les cheveux s’étaient clairsemés avec les
     années. Elle lui répéta ces paroles qu’au début de leur union, il désirait
     réentendre si souvent.
    — Je ne pourrai jamais arrêter de t’aimer, même si je le voulais.
    — Tu dis ça, Julianna, mais c’est peut-être juste des mots. Ces dernières
     années, ces derniers temps surtout... l’autre dimanche...
    — Oublie dimanche, oublie avant...
    Ils s’embrassèrent.
    — On va se reprendre, Julianna. On a raté notre anniversaire de mariage.
     Attends qu’on arrive à notre cinquantième, nous organiserons la fête la plus
     grandiose que t’auras jamais vue…
    — Tu penses loin, toi.
    — Pis d’ici là, ça va être des années de bonheur… Pis tu sais quoi ?
    — Non ?
    — T’es très, très, très belle... dit-il en laissant glisser sa main sur les
     hanches de sa femme.
    En riant, elle le repoussa.
    — Allez, Pierre doit s’inquiéter, dit-elle en commençant à enfiler ses
     vêtements.
    — Oui, allons-y.
    Habillé à son tour, François-Xavier vint enlacer sa femme et ils restèrent
     ainsi face à la mer.
    — Tu m’aimes vraiment, même avec mes cheveux en moins sur la tête ? lui
     demanda-t-il.
    — Ah, faute de mieux, on se contente de son vieux…

    — Maman, papa ! Vous êtes où ?
    Pierre commençait à désespérer. Il avait trouvé la voiture de ses parents,
     abandonnée sur le bord de la route. La vitre du côté conducteur était abaissée,
     la clé restée dans le contact. Le sac à main de sa mère traînait sur la
     banquette avant. Quelque chose de grave s’était passé. Il scruta les alentours,
     marcha jusqu’aux traces d’enlisement. Pas l’ombre d’un indice sur la présence
     des occupants de l’auto. C’était à n’y rien comprendre. Pierre n’avait croisé
     aucun véhicule etses parents ne pouvaient avoir rebroussé
     chemin si près du but !
    Désemparé, Pierre se mit à prier de toutes ses forces. Timmy déposa une main
     compatissante sur l’épaule de son ami.
    Le pauvre demeuré ne saisissait sûrement pas la gravité de la situation.
     Cependant, Pierre avait toujours été surpris du don d’empathie que Timmy
     possédait. Il ressentait profondément les états d’âme.
    — Seigneur, faites que mes parents n’aient rien, je Vous en supplie...
    En réponse à sa demande, surgirent de l’autre côté de la route deux silhouettes
     se tenant par la main. Pierre courut à leur rencontre.
    — Papa, maman, mon Dieu, vous êtes vivants ! s’exclama-t-il, soulagé, tout en
     les serrant dans ses bras.
    Sans gêne, Timmy l’imita et offrit une chaleureuse accolade aux parents de
     Pierre.
    — Vous êtes vivants ! répéta-t-il.
    Éberlués par un tel accueil, Julianna et François-Xavier restèrent un moment
     sans voix.
    — Ben voyons, dit François-Xavier, on est pas morts certain. Que c’est que
     tu... euh, vous avez imaginé là ? rectifia-t-il en regardant tour à tour son
     fils et l’autre homme aux traits bizarres.
    — C’est Timmy, présenta rapidement Pierre. Je vous en ai souvent parlé.
    — Bonjour, bonjour.
    Pierre reprit :
    — Votre auto est sur le bord du chemin... avec les clés dessus pis je vous
     trouvais pas...
    Pierre arrêta ses explications et détailla sa mère. Il n’avaitpas souvenir de l’avoir déjà vue si décoiffée, fripée, sale et...
    — Maman, vous êtes boutonnée en jalouse.
    Julianna pencha la tête et remarqua le décalage de ses boutons. Elle se
     détourna et s’empressa de rectifier sa tenue.
    — C’est la faute à ton père, marmonna-t-elle.
    François-Xavier la regarda en levant un sourcil.
    Réalisant l’autre sens que ses propos laissaient sous-entendre, elle se dépêcha
     d’expliquer :
    — Ton... ton père a conduit trop proche de l’accotement. Il m’a fait pousser la
     voiture, je suis tombée...
    À sa grande honte, elle bafouillait presque.
    — Que c’est vous êtes allés faire sur le bord de la mer ? Pas regarder la vue
     certain, avec le brouillard qui a là...
    Elle reprit contenance.
    — J’étais pas pour rester pleine de boue ! Cette barbe te donne un air sale. Tu
     me raseras tout cela demain.
    — Maman...
    — Il ne sera

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