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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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costumes, toujours ?
    — Quelqu’un t’a marché sur les pieds toi !
    — À peine...
    — Le comité se réunit justement ce soir. Joins-toi à nous autres.
    — Qu’est-ce que tu veux que j’aille faire là ?
    — On a besoin d’une femme comme toi, énergique, vive... qui brasserait la cage
     à ces messieurs.
    — Je pense vraiment pas...
    — Ça sera pas un carnaval comme les autres ! Ça va être un carnaval souvenir.
     On veut promouvoir l’histoire de notre région, mettre nos ancêtres à l’honneur.
     Dis oui, à soir, sept heures, au sous-sol de l’église...
    — Yves, à chaque fois que le destin t’a mis sur ce trottoir face à moi, tu m’as
     embarquée dans un plan de fou.
    — Ton sourire me dit que ça te tente...
    — Va retrouver Marie, elle t’attend pour aller dîner.
    — Dis le bonjour à… à ton mari.
    — Hum… je lui ferai peut-être le message... si j’y pense.

    Ce soir-là, Yvette rentra du travail encore plus éreintée que d’habitude. Les
     femmes s’étaient toutes donné le mot pour venir en même temps compléter leur
     garde-robe d’automne, il faut croire. Elle pensa à sa mère qui cousait presque
     tous ses vêtements elle-même. Elle retira ses chaussures et se frotta longuement
     le bout des pieds, maltraités par la position debout qu’elle était obligée
     d’adopter toute la journée. Elle remarqua le sac d’école en cuir brun d’Adélard.
     Il n’avait pas bougé depuis le matin. Yvette fronça les sourcils. Tendant
     l’oreille, elle se dirigea vers la cuisine. La pièce était vide et là aussi,
     Yvette vit que personne n’y avait pénétré après elle. Ce n’était pas normal. En
     appelant son frère, elle se rendit à la chambre de celui-ci. Elle le trouva
     encore au lit.
    — J’me sens vraiment pas bien, Yvette… murmura le jeune homme lorsque sa sœur
     s’approcha de lui.
    Immédiatement, elle réalisa la gravité de la situation.
    Yvette courut au téléphone. En tremblant, elle demanda à la standardiste de la
     mettre en contact avec un docteur enservice. Le médecin promit
     de venir rapidement. Ensuite, elle tenta de joindre ses parents.

    — Pis ? demanda Mélanie à Julianna.
    Attablées devant leur repas, les deux femmes soupaient en silence. Ce qui
     n’était vraiment pas dans les habitudes de Julianna. Timmy et Dominique étaient
     au salon à regarder la télévision. Tout l’après-midi, Julianna avait été
     songeuse. Mélanie avait été sidérée d’apprendre l’échec de la rencontre. Quand
     sa belle-mère lui avait rapporté les propos odieux du politicien, Mélanie
     s’était retenue pour ne pas aller, à son tour, le traiter de gros
     imbécile.
    — Pourtant, j’y croyais, à mon grand projet… s’était désolée Julianna.
    — Il faut pas lâcher, belle-maman ! Un jour, vous l’ouvrirez, votre maison pour
     femmes.
    — Je ne pense pas, Mélanie… Si j’étais plus jeune, j’te dirais que oui. Mais
     là… Ça me prendrait une énergie que je n’ai plus. Toujours se battre…
    Elle avait changé de sujet, lui rapportant sa rencontre avec son ancien patron
     du journal. Il l’avait invitée à faire partie du comité organisateur du carnaval
     et elle devait réfléchir à savoir si elle acceptait ou non. Elle ne voulait pas
     être dérangée, ni par Timmy ni par Dominique. Installée dans la cour arrière, à
     côté du jardin, une balançoire de bois avait accueilli une Julianna aux sourcils
     froncés. Tout en lavant les vitres des fenêtres, Mélanie avait jeté de fréquents
     coups d’œil à sa belle-mère. Celle-ci était rentrée pour venir chercher un châle
     de laine et était repartie aussi vite se balancer de nouveau. Vraiment, cette
     défaite l’avait abattue.
    — Pis, vous êtes-vous décidée, là ? insista Mélanie. Y
     allez-vous, à votre affaire de carnaval ?
    Julianna daigna enfin répondre. D’un air important, elle dit :
    — C’est le comité organisateur du carnaval, rectifia-t-elle. Ça coûte rien d’y
     faire un tour. Je finis de souper pis je me rends à l’église, ajouta-t-elle en
     enfournant une dernière bouchée de pâté chinois.
    — J’ai préparé un gâteau aux pommes. Vous en voulez-tu un morceau ?
    — Non merci. Fais-moi un café, par exemple.
    Mélanie avait vite pris les tâches ménagères et la cuisine à son compte. Ce
     n’était pas Julianna qui s’en plaignait. Le téléphone sonna. C’était

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