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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sa droite, ne pouvait que se plier à son autorité.
Cela ne l’empêcherait pas de donner ses consignes à ses hommes quand les
Français déferleraient sur eux. Il observait l’approche des hommes d’armes qui
piétinaient dans la boue, ébahi devant l’averse de flèches qui tombait de part
et d’autre pour blesser et tuer. Aucun des Français n’avait sa visière
relevée : ils étaient à demi aveugles et empêtrés dans la boue, et sir
John les attendait de pied ferme avec lance, vouge et épée.
    — Écoutez ! brailla-t-il à
ses hommes. Quand ils viendront sur nous, ils feront les derniers pas en
courant, parce qu’ils veulent nous frapper de toutes leurs forces. Ils veulent
en finir avec cette bataille. Sur mon ordre, nous reculerons de trois
pas ! C’est bien compris ?
    Il savait que ses hommes lui
obéiraient, tout comme ceux de William Porter. Il les avait entraînés à cette
manœuvre. L’ennemi allait se précipiter en pensant planter ses javelots droit
sur le visage ou l’entrejambe des Anglais ; mais si ceux-ci reculaient brusquement,
ce ne seraient plus que coups d’épée dans l’eau. Et à ce moment, lorsque
l’ennemi serait déséquilibré, sir John contre-attaquerait. Après avoir donné sa
consigne, il éprouva cependant un instant de doute. Peut-être était-il
dangereux de reculer sur un terrain aussi traître, mais il estimait que
l’ennemi courait beaucoup plus le risque de glisser et tomber que ses hommes.
Ils étaient disposés en trois rangs qui passaient à six à l’endroit où la
grande compagnie du duc d’York était rassemblée autour de son seigneur. Le duc,
l’expression inquiète, ne s’était pas retourné quand sir John avait crié. Il
avait continué de regarder droit devant lui, la pointe de son épée du meilleur
acier de Bordeaux posée sur le sol.
    — Quand ils arriveront pour
frapper, répéta sir John en guettant une réaction du duc, leurrez-les en
reculant ! Et quand ils hésiteront, attaquez !
    Le duc ne broncha pas davantage et
continua de fixer la horde française en débandade. Les flancs se repliaient
vers le centre pour échapper aux flèches, et les premiers se précipitaient vers
les bannières anglaises qui étaient la promesse d’extravagantes rançons.
Pourtant, si désorganisé qu’il fût, c’était encore un bataillon complet, huit
fois plus nombreux que les hommes d’armes anglais. C’était une troupe hérissée
de lances et de lames, une vague d’acier grondante qui semblait se soucier des
flèches à peine moins qu’un taureau ignore une nuée de taons. Certains
tombèrent, faisant chaque fois trébucher les suivants, et sir John les
regardait se pousser et s’entrechoquer. Certains se battaient pour être les
premiers, avides de gloire ; d’autres hésitaient à porter le premier coup,
mais tous, il le savait, convoitaient rançons, richesses et triomphe.
    — Dieu soit avec toi, John, dit
sir William Porter en se rapprochant de lui.
    — Je crois qu’il nous apportera
la victoire, répondit sir John.
    — J’aurais préféré qu’il nous
donne mille hommes d’armes de plus.
    — Tu as entendu le roi,
répliqua sir John. Ne regrettez pas d’être en petit nombre, car pourquoi
vouloir partager la victoire ? Nous sommes anglais ! Serions-nous
seulement la moitié encore, nous serions suffisamment pour massacrer ces
merdeux enfantés par des putains !
    — Dieu nous aide… murmura sir
William.
    — Fais comme je dis, répondit
sir John sans s’émouvoir. Laisse-les venir à toi, recule, puis frappe. Le
premier homme abattu fera obstacle aux suivants. M’entends-tu ?
    Sir William hocha la tête. Les deux
armées étaient maintenant assez proches pour que chacun puisse distinguer les
cottes d’armes des autres, mais celles des Français étaient tellement souillées
de boue et déchirées par les flèches qu’elles étaient illisibles.
    — Ensuite, tue le suivant,
continua sir John. N’use point de ton épée, elle est inutile en pareil combat.
Martèle-les de ta vouge, assomme-les, tranche-leur les jarrets, fracasse leurs
crânes. Et le troisième ne pourra t’atteindre sans trébucher sur deux cadavres.
    — Je préférerais user de ma
lance, répondit sir William.
    — Alors plante-la dans les
visières, qui sont le défaut de leur cuirasse. Enfonce-la et que le gueux
souffre ! (Les Français n’étaient plus qu’à cinquante pas. Les tirs de
flèches avaient presque cessé. Les

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