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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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frères
pouvaient requérir l’appui de sir Martin si on les menaçait.
    Et Tom Perrill n’avait pas
simplement été menacé, mais presque tué. La flèche aux plumes grises qui
l’avait manqué d’une main gisait à présent sur la table du manoir. Lord Slayton
la désigna à son régisseur qui s’approcha.
    — Ce n’est point l’une des
nôtres, énonça celui-ci après examen.
    — Les plumes grises, tu veux
dire ?
    — Personne ici n’use de plumes
d’oie, répondit à contrecœur Snoball en jetant un coup d’œil à Nick. Ni pour
empenner, ni pour rien !
    Lord Slayton posa son regard sur
Nick Hook. Il savait la vérité. Comme tout le monde présent, sauf peut-être
Michael, qui était une bonne âme.
    — Qu’on lui donne le fouet,
proposa sir Martin.
    Hook fixa la tapisserie accrochée
dans la galerie. Elle représentait un chasseur perçant un sanglier de sa lance.
Une femme, seulement vêtue d’un voile translucide, contemplait le chasseur
casqué et en braies. Les solives de chêne de la galerie étaient noircies par
des siècles de fumée.
    — Qu’on le fasse fouetter ou
qu’on lui coupe les oreilles, répéta le prêtre.
    Hook baissa les yeux vers lord
Slayton et se demanda, pour la millième fois, s’il regardait son vrai père.
Hook avait les traits marqués de Slayton, le même front lourd et la large
bouche, et les mêmes yeux et cheveux noirs. Ils étaient de la même taille, et
Nick possédait la robustesse de Sa Seigneurie, avant que cette épée renégate ne
le contraigne à user des béquilles rembourrées de cuir posées contre son
fauteuil. Sa Seigneurie le fixa, imperturbable.
    — Cette querelle doit cesser,
dit-il. Me comprends-tu ? Qu’il n’y ait plus de sang versé. Hook, si
quiconque meurt chez les Perrill, je vous tuerai, toi et ton frère. M’as-tu
compris ?
    — Oui, mon seigneur.
    — Il faudrait prouver le
meurtre, s’indigna soudain sir Martin. (Le prêtre décharné semblait toujours
dans un autre monde, perdu dans ses pensées ; il en sortait brusquement et
se lançait dans des discours comme pour rattraper quelque temps perdu.) Le
prouver. Le prouver.
    — Non ! répliqua lord
Slayton en frappant l’accoudoir du poing. Si l’un de vous quatre meurt, je pendrai
les autres ! Peu me chaut ! Que l’un glisse dans la rivière et s’y
noie, je dirai que c’est un meurtre. Est-ce bien compris ? Cette querelle
ne peut durer plus longtemps !
    — Il n’y aura nul meurtre, mon
seigneur, dit humblement Tom Perrill.
    Lord Slayton se tourna vers Hook,
attendant le même engagement, mais Nick resta coi.
    — Le fouet le fera obéir, mon
seigneur, dit Snoball.
    — Il a déjà été fouetté !
dit lord Slayton. À quand remonte la dernière fois ?
    — À la Saint-Michel, mon
seigneur.
    — Et qu’as-tu appris ?
    — Que le bras de maître Snoball
faiblit, mon seigneur.
    Un petit rire étouffé lui fit lever
les yeux. L’épouse du seigneur les observait depuis la galerie. Elle n’avait
point d’enfants. Son frère, le prêtre, faisait des bâtards à tour de bras, mais
lady Slayton était bréhaigne et amère. Hook savait qu’elle avait consulté en
secret sa grand-mère pour trouver un remède, mais pour une fois la sorcellerie
de la vieille femme n’avait pu exaucer ce souhait d’enfant.
    Snoball gronda devant l’impudence de
Hook, mais lord Slayton laissa paraître son amusement dans un brusque sourire.
    — Dehors ! Tous autant que
vous êtes. Hormis toi, Hook.
    Lady Slayton regarda les hommes
quitter la salle, puis elle tourna les talons et disparut dans ses
appartements. Son époux fixa longuement Nick sans un mot, puis désigna la
flèche.
    — D’où la tiens-tu, Hook ?
    — Je la vois pour la première
fois, mon seigneur.
    — Tu es un menteur, Hook. Un
menteur, un voleur, un félon et un bâtard, et je ne doute pas que tu sois un
assassin. Je devrais te faire donner le fouet jusqu’à t’écorcher. Ou peut-être
te faire pendre. Le monde se porterait bien mieux sans toi.
    Hook le regarda sans mot dire. Une
bûche crépita dans le feu et des étincelles jaillirent.
    — Mais tu es aussi le meilleur
archer qui soit, reconnut lord Slayton à contrecœur. Donne-moi cette flèche.
(Hook obéit.) L’empennage a cédé en vol ?
    — Il semblerait, mon seigneur.
    — Tu n’es point un tailleur de
flèches, n’est-ce pas, Hook ?
    — Eh bien, je les fabrique, mon
seigneur, mais point aussi bonnes que je

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