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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Hook,
n’était pas protégée par des hommes en armures scintillantes montés sur des
chevaux bardés, mais par des archers. Des hommes ordinaires, paysans et
artisans, capables de tendre l’arc d’if et d’envoyer à deux cents pas une
flèche sur une cible grande comme la main. Hook plongea donc son regard dans le
sien et vit non un hérétique mais la fierté et la force d’un archer. Il y vit
son reflet et, comprenant soudain qu’il appréciait ce vieil homme, retint sa
main.
    — Tu ne peux rien y faire, mon
garçon, dit doucement l’homme. J’ai combattu pour le vieux roi et son fils veut
ma mort ; alors serre bien la corde. Et quand je serai mort, mon garçon,
fais quelque chose pour moi.
    Hook hocha la tête pour montrer soit
qu’il avait entendu, soit qu’il acceptait d’accéder à sa requête.
    — Vois-tu cette fille qui
prie ? C’est ma petite-fille, Sarah. Emmène-la. Elle ne mérite pas encore
d’aller au Ciel. Tu es jeune et fort, tu peux l’emmener.
    Comment ? se demanda Hook. Il tira un coup sec sur la corde, puis sauta du
chariot et manqua glisser dans la boue. Snoball et Robert Perrill, qui avaient
noué les autres cordes, étaient déjà à terre.
    — Ce sont gens simples, disait
sir Martin, mais puisqu’ils se croient plus malins que Notre Mère l’Église,
qu’une leçon leur soit donnée afin que d’autres ne les suivent pas dans
l’erreur. N’ayez nulle pitié pour eux, car c’est la merci sans limites de Dieu
que nous administrons !
    Et cette merci sans limites fut
administrée en tirant brusquement le chariot sous les pieds des quatre
condamnés. Ils tombèrent de quelques pouces et se tortillèrent.
    Hook regarda le vieillard et ses
larges épaules d’archer. L’homme suffoquait, agité de soubresauts, mais dans
son agonie il fixait Hook de ses yeux exorbités comme pour le supplier d’aller
chercher Sarah sur la place.
    — Attendons-nous qu’ils
meurent ? demanda Snoball à sir Edward, ou bien leur tirons-nous les
pieds ?
    Sir Edward sembla ne rien entendre.
Il paraissait de nouveau distrait, le regard vague, bien que fixant l’homme
attaché au premier bûcher. Un prêtre haranguait le Lollard à la mâchoire brisée
pendant qu’un homme d’armes attendait avec une torche.
    — Je vais les laisser ainsi,
mon seigneur, reprit vainement Snoball.
    — Oh ! s’ébroua soudain
sir Martin du même ton de révérence qu’il usait lorsqu’il disait la messe. Eh
bien, eh bien, eh bien… voyez cette petite beauté. (Le prêtre regardait Sarah,
qui s’était relevée et contemplait, horrifiée, l’agonie de son grand-père.) Oh,
mais que Dieu est bon, s’extasia le prêtre.
    Hook s’était souvent demandé de quoi
les anges avaient l’air. Il y en avait de peints sur le mur de l’église du
village, mais leurs visages étaient flous et leurs robes et leurs ailes étaient
jaunies et souillées par l’humidité qui ruisselait sur le plâtre. Cependant,
Hook comprenait que les anges étaient des créatures dont la beauté n’était pas
de ce monde. Leurs ailes devaient être comme celles des hérons, mais plus
grandes et faites de plumes qui brillaient comme le soleil dans la brume
matinale. Il se les imaginait avec des cheveux d’or et de longues robes
immaculées. C’étaient des êtres à part, sacrés, mais c’étaient aussi de belles
filles qui hantaient les rêves d’un garçon. Des beautés portées par des ailes
scintillantes : tels étaient les anges.
    Et cette Lollard était aussi belle
que les anges qu’imaginait Hook. Elle n’avait pas d’ailes, bien sûr, sa robe
était souillée de boue, et son visage déformé par une grimace d’horreur, mais
elle n’en demeurait pas moins belle, avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds,
ses hautes pommettes et une peau épargnée par la vérole. C’était une fille
digne de hanter les rêves d’un garçon, ou les pensées d’un prêtre, en
l’occurrence.
    — Vois-tu cette porte, Michael
Hook ? demanda sir Martin. Prends cette fille et mène-la dans l’écurie.
    — Que je la prenne ?
demanda Michael, perplexe.
    — Pas que tu la prennes !
Pas toi, pauvre imbécile ! Mène-la simplement à l’écurie de la taverne. Je
veux prier avec elle.
    — Ah, vous voulez prier, sourit
Michael.
    — Vous voulez prier avec elle,
mon père ? demanda Snoball avec un gloussement.
    — Si elle se repent, répondit
pieusement sir Martin, elle pourra vivre. Dans Sa douce miséricorde, le

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