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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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forcé.
    — L’œuvre de Dieu vous attend,
jeunes gens, dit le prêtre. (Les tempes grisonnantes et le crâne dégarni, il ne
s’était pas rasé de quelques jours et son long menton était couvert de poils
blancs qui paraissaient du givre.) Il nous faut une échelle et sir Edwards
apportera les cordes. C’est bien de voir les nobles à l’ouvrage, n’est-ce
pas ? Il nous la faudra longue, cette échelle. Il doit bien s’en trouver
une ?
    — Une échelle, répéta Snoball,
comme s’il n’avait jamais entendu ce mot.
    — Et longue, suffisamment pour
atteindre cette poutre, précisa sir Martin en désignant l’enseigne au taureau.
    Longue, longue, répéta-t-il
distraitement comme s’il avait déjà oublié de quoi il était question.
    — Allez chercher une échelle,
ordonna Snoball à deux archers. Une longue.
    — Pas d’échelle courte pour
l’œuvre de Dieu, dit brusquement sir Martin. (Il se frotta les mains et grimaça
un sourire à Hook.) Tu parais malade, Hook, ajouta-t-il avec entrain, comme
s’il espérait que Nick était à l’agonie.
    — L’ale a un drôle de goût,
répondit Hook.
    — C’est parce que nous sommes
vendredi, et que l’on doit s’en abstenir le mercredi et le vendredi. Ton saint
patron, le bienheureux Nicholas, refusait le téton de sa mère en ces jours et
cela devrait être une leçon ! Il ne peut y avoir de plaisir pour toi, Hook,
ni le mercredi ni le vendredi. Ni ale, ni joie, ni tétons, tel est ton destin
pour l’éternité. Et pourquoi, Hook, dis-moi ? Parce que tu as tété le sein
flétri du mal ! Je n’aurai point de merci pour ses enfants, disent les
Écritures, parce que leur mère a été une catin !
    Tom Perrill ricana.
    — Que faisons-nous, mon
père ? demanda Snoball d’un ton las.
    — L’œuvre de Dieu, maître
Snoball, la Sainte Œuvre de Dieu. À l’ouvrage !
    On trouva une échelle alors que sir
Edward traversait la place, quatre cordes enroulées sur ses larges épaules. Sir
Edward était homme d’armes et portait la même livrée que les archers, mais elle
était plus propre et de couleurs encore vives. C’était un homme râblé, qu’une
lance avait défiguré à Shrewsbury en arrachant son casque, lui fracassant une
pommette et lui tranchant une oreille.
    — Les cordes des cloches,
expliqua-t-il en les laissant tomber à terre. Il faut les attacher à la poutre,
et je ne monterai point à l’échelle. (Sir Edward commandait les hommes d’armes
de lord Slayton et était aussi craint que respecté.) Hook, tu le feras.
    Hook grimpa à l’échelle et attacha
les cordes à la poutre, puis tira dessus pour montrer que le nœud était solide.
    — Finissons-en, grommela sir
Edward, et ensuite peut-être pourrons-nous quitter ce maudit endroit. À qui est
cette ale ?
    — À moi, sir Edward, répondit
Robert Perrill.
    — Elle est mienne à présent.
    Sir Edward vida la chope. Il portait
une cotte de mailles par-dessus son justaucorps de cuir et une épée à sa
ceinture. C’était une épée toute simple. La lame n’était pas ornée, la garde
était en acier, et la poignée faite de deux morceaux de noyer. L’épée était
l’outil de travail de sir Edward, qui s’en était servi pour massacrer le
rebelle dont la lance l’avait défiguré.
    La petite troupe avait été menée par
des soldats et des prêtres jusqu’au milieu de la place, et la plupart s’étaient
agenouillés et priaient. Ils étaient une soixantaine, hommes et femmes de tous
âges.
    — Puisqu’on ne peut pas tous
les brûler, dit sir Martin avec regret, la plupart iront en enfer au bout d’une
corde.
    — Si ce sont des hérétiques,
grommela sir Edward, il faudrait tous les brûler.
    — Si telle était la volonté de
Dieu, répondit sèchement sir Martin, Il nous aurait fourni suffisamment de
fagots.
    La foule commençait à arriver. La
peur continuait d’imprégner la ville, mais les gens, sentant sans doute que le
plus grand péril était passé, affluaient vers la place et sir Martin ordonna
aux archers de les laisser passer.
    — Ils doivent le voir de leurs
propres yeux, expliqua-t-il.
    La foule était maussade, penchant
clairement plus du côté des prisonniers que des gardes, même si, çà et là, un
prêtre ou un frère improvisait un prêche pour justifier les événements du jour.
Les condamnés, disaient-ils, étaient les ennemis du Christ. De l’ivraie parmi
le bon grain. Ils avaient refusé de se repentir et devaient

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