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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’est-ce
pas ?
    — C’est tout de même un
miracle, s’émerveilla Hook.
    — Un miracle qu’ils aient
survécu aussi longtemps, convint le père Christopher. Mais pourquoi
t’intéresses-tu tant à Crépinien ? C’est un saint français, et non des
nôtres. Son frère et lui étaient allés en France faire leur travail.
    Hook hésita à avouer qu’un saint
décapité lui avait parlé, mais avant qu’il ait pu se décider, une voix
narquoise s’exclama :
    — Ventredieu ! Mais qui
avons-nous là ! Maître Nicholas Hook !
    Il leva la tête et vit sir Martin
qui le regardait d’un air triomphant du haut de son cheval. Il y avait huit
cavaliers, mais seul sir Martin portait la livrée à la lune et aux étoiles de
lord Slayton. Thomas Perrill et son frère Robert étaient là aussi, ainsi que le
centenier de lord Slayton, William Snoball. Hook les connaissait tous.
    — Ce sont des amis ?
demanda le père Christopher.
    — Je te croyais mort, Hook, dit
sir Martin. (Il avait troussé son froc sur ses jambes maigres pour pouvoir
chevaucher et, bien que les prêtres n’aient pas le droit de porter d’arme
tranchante, une vieille épée pendait à sa ceinture.) J’espérais que tu le
sois : maudit, damné et mort.
    — Je suis en vie, répliqua
sèchement Hook.
    — Et tu portes la livrée d’un
autre, ce qui est mal, Hook. Très mal. C’est à l’encontre de la loi et des
Écritures et lord Slayton en sera marri. Est-ce à toi ? demanda-t-il en
désignant le chariot.
    — À nous, rétorqua le père
Christopher.
    Sir Martin sembla le remarquer pour
la première fois. Il le dévisagea attentivement un instant et secoua la tête.
    — Je ne te connais point, et je
n’en ai nul besoin, dit-il. Il me faut des vivres. C’est pour cela que nous
sommes venus et j’en vois ici, ajouta-t-il en tendant un index crochu vers le
chariot. La manne du Ciel. Tel Dieu envoyant un corbeau pour nourrir Élie le
Thesbithe, Il nous a mandé Hook.
    Il se trouva très drôle et éclata
d’un rire caquetant.
    — Mais ces vivres sont nôtres,
répondit le père Christopher comme s’il s’adressait à un enfant.
    — Mais lui, ricana sir Martin,
lui, lui, lui, ponctua-t-il de l’index, ce petit étron, est un homme de lord
Slayton. Et c’est un hors-la-loi.
    — Est-ce vrai ? demanda le
père Christopher, surpris.
    Hook hocha la tête.
    — Eh bien, eh bien…
    — Un hors-la-loi ne possède
rien, comme il est dit dans les Écritures, continua sir Martin d’une voix
rauque. Aussi ces vivres sont-ils nôtres.
    — Je ne crois pas, répondit
calmement le père Christopher.
    — Tu peux croire ce qui te
chaut, s’emporta soudain sir Martin, car nous les prendrons quand bien même et
lui aussi.
    — Tu connais cette
livrée ? demanda aimablement le père Christopher en désignant le surcot de
Hook.
    — Un hors-la-loi ne peut porter
livrée, énonça sir Martin, l’air ravi à la perspective de mettre Hook à mort.
Tom, ordonna-t-il en se tournant sur sa selle, arrache-lui cette livrée,
lie-lui les mains et amène-le.
    William Snoball mit une flèche à sa
corde. Les autres en firent autant et six flèches furent pointées sur Hook,
tandis que Tom Perrill sautait de selle.
    — J’attendais cela, dit-il, son
long visage éclairé d’un sourire. Le pendons-nous ici et maintenant, sir
Martin ?
    — Cela épargnera à lord Slayton
la peine d’un procès, n’est-ce pas ? dit le prêtre. Et lui ôtera toute
tentation de merci.
    Le père Christopher leva la main,
mais Tom Perrill l’ignora. Il contourna la table et fut arrêté par le raclement
d’une épée qui sort de son fourreau.
    Sir Martin se retourna.
    Un cavalier avait vu la scène depuis
l’orée du village. D’autres le suivaient, mais il leur avait d’évidence ordonné
d’attendre.
    — Je vous conseille vraiment
d’abaisser vos arcs, dit suavement le père Christopher.
    Aucun des archers n’écouta. Ils
regardèrent sir Martin avec inquiétude, mais le prêtre semblait ne pas savoir
quoi faire et le cavalier éperonna sa monture.
    — Sir Martin ! implora
William Snoball.
    Mais sir Martin resta coi. Il
regarda le cavalier galoper vers lui dans un nuage de poussière et son bras se
lever une fois. De l’estoc, la lame s’abattit sur le crâne de Robert Perrill.
L’archer, qu’il avait choisi au hasard, tomba mollement de sa selle. La flèche
que lâcha sa main inerte se ficha dans le mur de la taverne, manquant

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