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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sortiras point de la
taverne, reprit sir Edward, cette fois avec insistance. Tu n’iras point en
ville dans une rue appelée Cheapside et tu ne chercheras point une auberge à
l’enseigne des Deux Grues. Et tu n’y entreras point pour demander un homme du
nom d’Henry de Calais. M’entends-tu bien, Hook ?
    — Oui, mon seigneur.
    — Henry de Calais recrute des
archers, continua sir Edward tandis qu’on amenait le deuxième condamné à son
bûcher. On a besoin d’archers en Picardie et on paie bon argent.
    — Picardie, répéta Hook d’une
voix atone, se disant que c’était une ville quelque part en Angleterre.
    — Gagne un peu d’argent en
Picardie, Hook, car Dieu sait que tu en auras besoin.
    — Je suis un hors-la-loi ?
demanda Nick avec inquiétude.
    — Tu es un homme mort et, comme
tel, hors-la-loi. Et tu l’es, car mon ordre est que tu attendes à la taverne
pour être jugé au manoir et que lord Slayton n’aura d’autre choix que de te
faire pendre. Alors va et fais ce que je t’ai dit.
    Mais avant que Hook ait pu obéir, un
cri retentit.
    — Chapeaux bas !
    Un bruit de sabots annonça l’arrivée
d’une troupe de cavaliers qui entrèrent sur la place. Les chevaux s’alignèrent
en piaffant, soufflant des nuages de leurs naseaux. Tout le monde se découvrit
et s’agenouilla.
    — À genoux, mon garçon, dit sir
Edward.
    Le cavalier de tête n’était guère
plus âgé que Hook, mais son visage étroit et rasé de près exprimait une
certitude sereine tandis qu’il balayait d’un regard froid les alentours. Il
avait les yeux noirs, et une bouche mince et sévère. Son cheval noir était
richement harnaché de cuir luisant et d’argent. Sa cape doublée de fourrure
était d’un violet sombre, mais ses bottes, ses braies et sa tunique étaient
noires, tout comme son chapeau de velours orné d’une plume et le fourreau de
son épée. Il s’arracha à sa contemplation et guida son cheval vers la femme et
les trois hommes qui se tortillaient au bout de leurs cordes auprès de la
taverne. Un coup de vent poussa vers lui une fumée chargée d’étincelles qui fit
cabrer sa monture. Il l’apaisa de sa main gantée où Hook aperçut des bagues.
    — Ont-ils pu se repentir ?
demanda le cavalier.
    — À bien des reprises, mon
seigneur, répondit sir Martin d’une voix onctueuse.
    Le prêtre s’était précipité hors de
la cour et agenouillé. Il se signa et leva un visage hagard, comme s’il
souffrait saintement pour Dieu. Il était capable de donner cette impression, et
ses yeux de fou paraissaient alors pleins de douleur et de tendre compassion.
    — En ce cas, dit froidement le
jeune homme, leurs morts plaisent à Dieu et à moi-même. L’Angleterre sera
débarrassée de l’hérésie !
    Il posa un instant son regard vif
sur Hook, qui baissa aussitôt les yeux pour fixer le sol, le temps que le
cavalier noir s’éloigne vers le second bûcher qui venait d’être allumé. Il eut
juste le temps d’apercevoir la balafre sur le visage du jeune homme. Une
blessure de guerre, la trace d’une flèche juste entre le nez et l’œil, et qui
aurait dû le tuer. Mais Dieu avait décrété que l’homme devait vivre.
    — Tu sais qui c’est ?
demanda à mi-voix sir Edward.
    Hook n’en était pas certain, mais il
n’eut aucune peine à deviner qu’il voyait, pour la première fois de sa vie, le
comte de Chester, duc d’Aquitaine et seigneur d’Irlande, Henry, par la grâce de
Dieu, roi d’Angleterre.
    Et, selon tous ceux qui prétendaient
comprendre les entrelacs des lignées royales, roi de France également.
    Les flammes atteignirent le second
condamné qui hurla. Henry, cinquième du nom, regarda sans broncher l’âme du
Lollard partir vers l’enfer.
    — Va, Hook, dit discrètement
sir Edward.
    — Mais pourquoi, mon
seigneur ?
    — Parce que lord Slayton ne
veut point ta mort, et peut-être parce que Dieu t’a parlé et que nous avons
tous besoin de Sa grâce. Surtout en ce jour. Aussi, va.
    Et Nicholas Hook, archer et
hors-la-loi, alla.
     

PREMIÈRE PARTIE

Saint Crépin et saint Crépinien
     

 
    L’Aisne serpentait paresseusement
dans une large vallée bordée de collines boisées. C’était le printemps et les
feuilles nouvelles étaient d’un vert éblouissant. De longues herbes ondulaient
dans la rivière qui contournait Soissons.
    Forteresse gardant la route des
Flandres, la cité, qui possédait murailles, cathédrale et château, était

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