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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Christ
le permet, et nous verrons si elle se repent. Sir Edward ?
    — Mon père ?
    — Je vais prier avec cette
fille !
    Sir Edward ne répondit pas, ne
quittant pas des yeux le bûcher où le chef des Lollards fixait le ciel sans
prêter attention aux paroles du prêtre.
    — Va la chercher, jeune Hook,
ordonna sir Martin.
    Nick vit son frère prendre la fille
par le bras. Michael était presque aussi fort que Nick, mais il avait une
sincérité et une douceur qui vainquirent la terreur de la fille.
    — Viens là, dit-il doucement.
Notre bon père veut prier avec toi. Laisse-toi faire, personne ne te fera de
mal.
    Snoball ricana pendant que Michael
emmenait la fille docile vers l’écurie où étaient attachés les chevaux des
archers. L’endroit était glacial et empestait la paille et le purin. Nick Hook
les rejoignit. Il se répétait qu’il allait simplement protéger son frère, mais
en vérité c’étaient les paroles du condamné qui le poussaient. Arrivé à la
porte, il vit une fenêtre et soudain, surgie de nulle part, une voix résonna
dans sa tête.
    « Emmène-la, disait la voix.
Emmène-la et le Ciel sera tien. »
    — Le Ciel ? répéta-t-il à
voix haute.
    — Nick ? demanda Michael
qui tenait toujours la fille.
    Mais son frère regardait la fenêtre
en haut du pignon.
    « Sauve la fille », dit la
voix.
    Il n’y avait personne hormis eux
trois, mais la voix était bien réelle et Hook tremblait. Si seulement il
pouvait sauver la fille, l’emmener. Jamais il n’avait rien éprouvé de tel. Il
s’était toujours senti maudit, détesté même de son saint patron, mais soudain
il sut que s’il sauvait la fille Dieu l’aimerait et lui pardonnerait tout ce
qui lui valait la haine de saint Nicholas. Le salut lui était offert. Là,
derrière cette fenêtre, on lui promettait une nouvelle vie. Plus jamais il ne
serait Nick le maudit. Il le savait, mais il ignorait comment s’y prendre.
    — Que fais-tu donc ici ?
demanda sir Martin.
    Nick ne répondit pas, continuant de
fixer les nuages par-delà la fenêtre. Son cheval gris s’ébroua et piaffa. À qui
appartenait cette voix qu’il avait entendue ?
    Sir Martin le laissa et se dirigea
vers la fille en souriant.
    — Bonjour, jeune dame, dit-il
d’une voix rauque. Dévêts-la, ordonna-t-il sèchement à Michael.
    — La dévêtir ? s’inquiéta
celui-ci.
    — Elle doit apparaître nue
devant Dieu, expliqua le prêtre, afin que Notre Sauveur puisse la juger telle
qu’elle est. La vérité est dans la nudité. C’est ce que disent les Écritures.
    Les Écritures ne disaient rien de ce
genre, mais sir Martin avait souvent eu l’occasion de trouver utile cette
citation de son invention.
    — Mais… reprit Michael, qui,
bien que lent à comprendre, sentait tout de même que la chose était louche.
    — Obéis !
    — Ce n’est pas bien, s’entêta
Michael.
    — Oh, pour l’amour du
Ciel ! s’emporta sir Martin en l’écartant et en empoignant la fille par le
col.
    Elle poussa un petit cri et essaya
de se dégager. Michael regardait la scène, horrifié ; mais son frère,
encore sous l’emprise de la mystérieuse voix et de la promesse céleste,
s’avança vivement et donna un tel coup de poing dans le ventre du prêtre que
celui-ci se plia en deux avec un glapissement où se mêlaient surprise et
douleur.
    — Nick ! s’exclama
Michael, consterné.
    Hook avait pris la fille par le bras
et se tournait vers la fenêtre.
    — À l’aide ! cria sir
Martin, le souffle court.
    Hook se retourna pour le faire
taire, mais Michael s’interposa. Au même instant, les deux frères Perrill
accoururent.
    — Il m’a frappé !
s’indigna sir Martin. Emparez-vous de lui ! (Tom Perrill sourit tandis que
son cadet Robert semblait aussi perplexe que Michael.) Saisissez-vous de ce
gueux ! haleta le prêtre, emmenez-le dehors et gardez-le !
    Hook se laissa entraîner dans la
cour. Son frère le suivit et contempla d’un air abattu les pendus sous la fine
pluie glaciale qui commençait à tomber. Nick s’était brusquement calmé. Il
venait de frapper un prêtre, un homme bien né, parent de lord Slayton. Les
frères Perrill se moquaient de lui, mais Nick n’y prêta pas attention : il
entendit sir Martin arracher la robe de Sarah qui hurla, la main qui étouffa le
cri et le bruit de la paille froissée, mêlé aux halètements du prêtre et aux
gémissements de la jeune fille. Il fixa les nuages bas et sentit

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