Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
était devenue Tzitzitlini depuis quelque
temps – ce nom signifie « le tintement des clochettes » – elle avait
donc passé sept ans. Toutefois, puisque j’avais vu son postérieur frappé à nu,
c’est-à-dire qu’elle n’avait pas de sous-vêtement, elle ne devait pas encore
avoir treize ans. En y réfléchissant bien, je pense qu’elle avait dix ou onze
ans. Ce qu’elle avait fait pour mériter cette fessée, la seule chose dont elle
s’était rendue coupable, c’était d’avoir murmuré d’un air songeur :
« J’entends les tambours et la musique. Je me demande où l’on danse ce
soir. » Pour notre mère, c’était une preuve d’indécence. Tzitzi pensait à
des choses frivoles, alors qu’elle aurait dû s’occuper de son rouet ou de
quelque chose d’aussi ennuyeux.
    Vous connaissez le chili ? Cette plante dont le fruit nous sert en
cuisine ? Bien qu’ils soient différemment relevés, tous les chilis sont si
forts au palais, si piquants, si mordants, que ce n’est pas un hasard si ce nom
vient du mot qui, chez nous, veut dire « aiguisé » ou
« pointu ». Comme toutes les cuisinières, ma mère utilisait le chili
dans ses applications ordinaires, mais elle s’en servait aussi pour autre chose
dont j’hésite un peu à parler, étant donné que vos inquisiteurs ont déjà assez
de ressources à leur disposition.
    Un jour, quand j’avais quatre ou cinq ans, j’étais assis sur le pas de
la porte avec Tlatli et Chimali, à jouer au jeu du haricot patolli. Ce n’était
pas le jeu des adultes, aussi appelé patolli, qui a coûté leur fortune à
certaines familles ou causé des rivalités mortelles. Non, nous avions
simplement tracé un cercle dans la poussière et placé chacun un haricot sauteur
au centre, le but étant de voir lequel, chauffé par le soleil, sauterait le
premier en dehors du cercle. Le mien donnait des signes de paresse et je
marmonnai quelques imprécations. J’avais peut-être dit «  pochéa  ! »
ou quelque chose dans ce genre.
    Soudain, je me sentis retourné et soulevé du sol. Ma Tene m’avait
attrapé par les chevilles. Je vis les visages ébahis de Chimali et de Tlatli,
la bouche et les yeux agrandis par la surprise, avant d’être emporté dans la maison,
près du foyer. Ma mère déplaça sa prise afin de libérer une de ses mains avec
laquelle elle jeta dans le feu une certaine quantité de chilis rouges séchés.
Quand ils commencèrent à craquer et à dégager une épaisse fumée jaune, elle me
reprit par les chevilles et me suspendit, tête en bas, au-dessus de ces fumées
acres. Je vous laisse deviner la suite, mais je crus bien mourir. Je me
souviens que pendant plus d’un mois, mes yeux pleurèrent continuellement, si
bien que je n’y voyais guère et que j’osais à peine respirer par crainte de
cette fumée corrosive.
    Cependant, je pouvais m’estimer heureux, car les coutumes n’imposaient
pas à un garçon de passer beaucoup de temps avec sa mère et j’avais bien des
excuses pour cela. A partir de ce jour, je l’évitai, tout comme Chimali, mon
ami à la mèche, évitait les prêtres de l’île. Même quand elle me cherchait pour
quelque corvée ou quelque commission, j’avais toujours la ressource de me
réfugier sur la colline des fours à chaux. Les carriers pensaient qu’il ne fallait
pas permettre aux femmes de s’approcher des fours, car cela risquait de gâter
la qualité de la chaux et même ma mère n’osa jamais transgresser ces limites.
    Mais la pauvre Tzitzitlini n’avait pas ce recours. Pour se conformer à
la coutume et à son tonalli, une fille devait apprendre les travaux ménagers –
cuisiner, filer, tisser, coudre, broder – ma sœur passait la plus grande partie
de ses journées sous l’œil perçant et la langue acérée de ma mère. Elle ne
ratait pas une occasion de placer une de ces traditionnelles harangues de mère
à fille. Tzitzi m’en répétait quelques-unes et nous étions d’accord pour
trouver qu’elles étaient plus à l’avantage des mères que des filles.
    « Fille, sois toujours prête pour servir les dieux et soulager tes
parents. Si ta mère t’appelle, n’attends pas qu’elle te le répète, viens
immédiatement. Si on t’ordonne de faire quelque chose, ne réponds pas avec
insolence et ne montre pas de mauvaise volonté à obéir. Si ta Tene en appelle
un autre et qu’il tarde à venir, va toi-même voir ce qu’on veut, fais-le
toi-même et fais-le

Weitere Kostenlose Bücher