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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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bien. »
    D’autres sermons concernaient les préceptes attendus sur la modestie,
la vertu et la chasteté et ni Tzitzi ni moi n’y trouvions rien à redire. Nous
savions qu’à partir de treize ans, jusqu’à ce qu’elle ait vingt ou vingt-deux
ans et qu’elle soit mariée convenablement, aucun homme ne pourrait lui adresser
la parole en public, et elle non plus.
    « Si dans un endroit public, tu rencontres un jeune homme avenant,
ne lui prête pas attention, ne lui fais aucun signe, de peur d’enflammer sa
passion. Garde-toi des familiarités déplacées avec les hommes, ne cède pas aux
basses impulsions de ton cœur, sinon la luxure viendra souiller ton caractère,
comme la boue souille l’eau. »
    Tzitzitlini n’aurait sans doute jamais enfreint cet interdit aussi
raisonnable. Quand elle eut douze ans, elle sentit probablement certaines
sensations sexuelles s’éveiller en elle et une vive curiosité sur le sexe. Ce
fut peut-être pour cacher ce qu’elle pensait être des tendances inexprimables
et impudiques, qu’elle essaya de les satisfaire seule et en secret. Tout ce que
je sais, c’est qu’un jour, ma mère revint du marché à l’improviste et surprit
ma sœur allongée sur sa paillasse, nue jusqu’à la ceinture, faisant une chose
dont je ne compris pas alors la signification. Elle fut prise en train de jouer
avec son tipili avec un petit fuseau de bois.
    Vous murmurez dans votre barbe, Excellence, et vous refermez sur vous
les plis de votre soutane, comme pour vous protéger. Vous ai-je offensé en
racontant franchement ce qui s’est passé ? J’ai pris soin de ne pas
employer des mots plus crus. Et puisque des mots plus vulgaires abondent dans
nos deux langues, je pense que c’est parce que les actes qu’ils décrivent ne
sont pas moins fréquents chez nos deux peuples.
    Pour punir la faute de Tzitzitlini contre son propre corps, notre Tene
s’empara d’elle, se saisit du pot de chili et frotta hargneusement le brûlant
condiment sur les tendres parties du tipili, ainsi exposées. Bien qu’elle
étouffât les cris de sa fille avec les couvertures, je les entendis et arrivai
en courant. Je haletai : « Dois-je aller chercher le médecin ?
    — Non, non, pas de médecin ! me rétorqua ma mère. Ce que ta
sœur a fait est trop honteux pour qu’on aille le répéter. »
    Tzitzi réprima ses sanglots et renchérit : « Je n’ai pas très
mal, petit frère. N’appelle pas le docteur. Ne raconte cela à personne, pas
même à Tete. Fais comme si tu n’en avais jamais rien su, je t’en prie. »
    J’aurais pu ne pas tenir compte des ordres de mon tyran de mère, mais
pas des désirs de ma sœur bien-aimée. Bien que je ne connusse même pas alors la
raison de son refus d’être secourue, je le respectai et m’en allai, inquiet et
pensif.
    Que ne leur ai-je désobéi et fais quelque chose ! D’après la suite
des événements, je pense que la cruauté de ma mère, ayant pour but de
décourager les instincts sexuels naissants de Tzitzi, avait eu exactement
l’effet contraire. Je crois qu’à partir de ce jour, le tipili de ma sœur brûla
comme un gosier enflammé par le chili, consumé, desséché, avide d’être étanché.
Quelques années après, Tzitzitlini allait, comme nous le disons,
« chevaucher la route » des femmes faciles et dépravées. Pour une
jeune Mexicatl convenable, il n’existait pas de destin plus vil et plus sordide
– c’est du moins ce que je croyais, jusqu’à ce que j’aie appris le sort encore
plus dégradant qui fut celui de ma sœur.
    Comment se comporta-t-elle par la suite, que devint-elle, quel nom lui
donna-t-on, je le dirai en temps opportun. Mais pour l’instant, je ne dirai
qu’une seule chose, je dirai que pour moi, elle fut et sera toujours
Tzitzitlini, « le tintement des clochettes ».
     

I H S
A.I.M.C.
    A Son Auguste et Impériale Majesté Catholique, l’Empereur Charles
Quint, Notre Roi  :
     
    Que la sereine et bienfaisante lumière de Jésus-Christ, notre Seigneur,
éclaire toujours Sa Majesté Charles Quint, Empereur de droit divin.
     
    Très Auguste Majesté.
    Votre Majesté nous ordonne de continuer à lui envoyer la suite de la
soi-disant Histoire des Aztèques au fur et à mesure de sa rédaction. Votre
dévoué chapelain en est profondément étonné et offensé, Sire. Jamais nous ne
songerions, pour tout l’empire du monde, à contester les décisions et les
souhaits de Votre Majesté. Mais nous

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