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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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préserver les rondeurs. Si c’était un garçon, on
laissait pendre le tepuli et l’ololtin.
    Alors, le plus petit des prêtres de Xipe Totec – il y avait toujours un
homme de petite taille parmi eux – ôtait rapidement ses vêtements et enfilait
les deux parties du costume. Comme la peau du cadavre était encore humide et
glissante, il n’avait pas de mal à enfiler ses bras et ses jambes. On avait
coupé les pieds du mort, car ils auraient gêné sa danse, mais on avait laissé
les mains qui venaient ballotter et cogner contre les siennes. La peau du torse
ne se joignait pas par-derrière, aussi on y faisait des trous pour y passer une
lanière.
    Ensuite, le prêtre prenait la tête du sacrifié et la plaçait de façon à
ce qu’il puisse voir par les trous des yeux et chanter par l’ouverture de la
bouche molle. La tête était, elle aussi, lacée par-derrière, puis on essuyait
toutes les traces de sang sur le costume et on cousait la déchirure de la poitrine.
    Tous ces préparatifs ne prenaient guère plus de temps qu’il n’en faut
pour le dire et les spectateurs avaient l’impression que Xipe Totec venait à
peine de quitter la pierre du sacrifice quand il reparaissait sur le seuil du
temple. Il se tenait courbé comme un vieillard, appuyé sur deux fémurs
luisants. Tandis que les tambours battaient pour l’accueillir, Notre Seigneur
l’Ecorché se redressait lentement, comme un vieillard qui rajeunirait. Il
descendait les degrés de la pyramide en dansant et se livrait à des cabrioles
sur la place en exhibant les fémurs gluants avec lesquels il donnait des
petites tapes de bénédiction à tous ceux qui arrivaient à s’approcher d’assez
près.
    Avant la cérémonie, le petit prêtre se mettait dans un état de transe
en mangeant ces champignons que l’on appelle la chair des dieux. Il devait
danser frénétiquement, sans s’arrêter, sauf aux moments où il s’évanouissait,
pendant cinq jours et cinq nuits. Sa danse, bien sûr, perdait peu à peu de sa
sauvagerie première, tandis que la peau qui le recouvrait commençait à se
dessécher et à le serrer. Au bout des cinq jours, elle avait tant rétréci et
elle était devenue si raide qu’elle lui faisait un vrai corset ; le soleil
et l’air lui avaient donné une teinte jaune sale – c’est pour cette raison
qu’on l’appelait l’habit d’or – et elle sentait si mauvais que plus personne ne
s’approchait du prêtre pour recevoir sa bénédiction…
    Le départ précipité de Son Excellence m’oblige à vous faire remarquer,
Seigneurs scribes – si ce n’est pas une insolence – que Son Excellence a le don
de venir nous rejoindre quand je raconte les histoires qui sont les plus
susceptibles de le contrarier ou de le dégoûter.
    Plus tard, j’ai amèrement regretté de ne pas toujours avoir accordé à
Zyanya tout ce qu’elle désirait ; je me suis dit que j’aurais dû la
laisser faire, voir et essayer tout ce qui suscitait son intérêt et qui
agrandissait ses yeux d’émerveillement. Pourtant, jamais je ne me reprocherai
de l’avoir empêchée d’assister à la cérémonie de Xipe Totec.
    J’ignore si je peux m’en attribuer le mérite, mais aucune mauvaise
influence ne vint s’insinuer dans le lait de Zyanya. Cocôton s’en nourrissait
et devenait de plus en plus belle, réplique miniature de sa mère et de sa
tante. J’étais fou d’elle, mais je n’étais pas le seul. Un jour que Zyanya et
Béu l’avait emmenée avec elles au marché, un Totonacatl vit le sourire de
Cocôton émerger du châle dans lequel Béu la portait et il leur demanda la
permission de faire son portrait en terre cuite. C’était un de ces artistes
itinérants qui fabriquent des quantités de figurines avec des moules et qui
parcourent le pays pour les vendre à bas prix aux gens pauvres des campagnes.
Il exécuta sur place un habile portrait de Cocôton et après l’avoir utilisé
pour faire son moule, il vint offrir l’original à Zyanya. Il n’était pas
absolument ressemblant et de plus, il y avait ajouté la coiffure évasée à la
mode chez les Totonaca, mais je reconnus immédiatement le sourire contagieux de
ma fille avec ses fossettes. J’ignore le nombre de copies qu’il en a tirées,
mais j’ai très longtemps vu des petites filles jouer partout avec ces poupées.
Même des adultes l’ont achetée, pensant qu’il s’agissait de Xochipilli, le
jeune dieu rieur, Seigneur des Fleurs, ou de l’heureuse

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