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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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tourner autour d’elle en essayant de me rendre utile, ce qui
l’énervait encore davantage.
    « Béu ! s’écria-t-elle. Comme je suis contente que tu sois
venue et j’en remercie Uizye Tao et tous les autres dieux. » Elle se jeta
dans ses bras comme on accueille une libératrice. « Tu m’as sauvé la
vie ; ici on me dorlote à mort ! »
    On avait porté les bagages de Béu dans la chambre d’hôte, mais elle
passa la plus grande partie de la journée dans la nôtre dont je me trouvai, par
conséquent, exclu et je traînais dans la maison avec le sentiment d’être
inutile et mis à l’écart. Dans la soirée, Béu descendit seule et tandis que
nous buvions du chocolat, elle me dit sur un ton de conspiratrice :
    « Zyanya va arriver à un moment où il va falloir que tu renonces
à… tes prérogatives d’époux. Qu’est-ce que tu vas faire pendant ce
temps ? »
    Je fus sur le point de lui répondre que cela ne la regardait pas, mais
je me contentai de lui dire : « Je pense que j’arriverai à survivre.
    — Il ne serait pas convenable que tu aies recours à une
étrangère », insista-t-elle.
    Irrité, je me levai et lui répliquai sèchement : « Cette
continence ne me réjouit pas, mais…
    — Mais tu crains de ne pas trouver une remplaçante
valable ? » Elle pencha la tête comme si elle attendait vraiment une
réponse. « Parce que tu ne peux trouver une fille aussi belle qu’elle dans
tout Tenochtitlán ? Alors tu m’as envoyée chercher à Tehuantepec ? »
Elle sourit et s’approcha tout près de moi. « Je lui ressemble tant que tu
as pensé que je pourrais faire un substitut acceptable, c’est bien
ça ? » Elle jouait malicieusement avec l’agrafe de mon manteau, comme
si elle avait voulu la défaire. « Tu sais, Zaa, bien que nous soyons sœurs
et que nous nous ressemblions beaucoup, nous ne sommes pas tout à fait
pareilles. Au lit, tu verras peut-être des différences. »
    Je la repoussai d’une main ferme. « Je te souhaite un agréable
séjour chez nous, Béu Ribé. Si tu ne peux vraiment pas dissimuler ton aversion
à mon égard, épargne-moi, au moins, tes hypocrites coquetteries. On pourrait
peut-être essayer de s’ignorer. »
    Son visage s’embrasa, comme si je l’avais surprise en train de faire
une chose indécente et elle se frotta la joue comme si je l’avais giflée.
    Señor Evêque Zumarraga, c’est un grand honneur que vous me faites de
revenir parmi nous. Votre Excellence arrive juste au moment où j’allais
annoncer - avec autant de fierté que je l’ai fait il y a tant d’années
- la naissance de ma fille bien-aimée.
    Toutes mes craintes s’étaient heureusement révélées sans fondement.
L’enfant fit preuve d’intelligence, avant même d’entrer dans la vie, car elle
attendit prudemment que les jours néfastes soient passés pour sortir du ventre
de sa mère ; elle naquit le jour Ce Malinali, ou Une Herbe, du premier
mois de l’année Cinq Maison. J’avais alors trente et un ans, un âge un peu
avancé pour fonder une famille, mais je me rengorgeai et me pavanai autant que
les hommes plus jeunes, comme si j’avais à moi tout seul conçu, porté et mis
l’enfant au monde.
    Pendant que Béu restait au chevet de Zyanya, le médecin et la
sage-femme vinrent m’annoncer que l’enfant était une fille et ils répondirent à
mes questions anxieuses. Ils durent me prendre pour un fou quand je leur
demandai en me tordant les mains : « Dites-moi la vérité. Je serai
fort. N’est-ce pas deux filles dans un même corps ? » Non, ils
m’assurèrent qu’il n’était pas question de jumelles d’aucune sorte, mais d’une
seule fille. Non, elle n’était pas spécialement grande. Non, elle n’avait rien
de monstrueux et ne semblait marquée d’aucun signe funeste. Lorsque je
questionnai le médecin au sujet de ses yeux, il me répliqua avec une certaine
exaspération que généralement les nouveau-nés n’ont pas une vue d’aigle et
qu’en tout cas, ils ne s’en étaient jamais vantés. Il faudrait que j’attende
qu’elle sache parler pour qu’elle puisse me le dire.
    Ensuite, ils me donnèrent le cordon ombilical de l’enfant et
retournèrent dans la chambre pour plonger Une Herbe dans l’eau froide et pour
l’emmailloter. Puis la sage-femme lui débita les paroles habituelles. Je
descendis et, de mes mains tremblantes, tout en marmonnant des prières et des
remerciements silencieux aux dieux,

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