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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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des
marécages de se déverser dans le lac voisin et elle commença à monter peu à
peu.
    L’eau recouvrit la boue puante, les herbes coupantes et les flaques
stagnantes qui engendraient des nuées de moustiques. Si l’eau avait continué à
monter, elle aurait fini par submerger l’île elle-même et aurait inondé les
rues de Tlacopan et d’autres villes de la terre ferme. Mais on avait ménagé à
intervalles réguliers des ouvertures dans les digues et l’île était traversée
par de nombreux canaux. Ces déversoirs suffisaient pour que l’eau aille se répandre
dans le lac Texcoco, et cette lagune artificielle ne monta jamais plus haut.
    « Du moins, pas pour l’instant, dit Nezahualplli à Ahuizotl. Mais
voilà que vous voulez capter une autre source et il faudra bien qu’elle se
déverse quelque part.
    — Elle servira à la consommation de la ville, répondit Ahuizotl
avec obstination. Pour boire, pour se laver, pour nettoyer…
    — Très peu d’eau est réellement consommée, répartit Nezahualpilli.
Même si les gens se mettent à boire à longueur de journée, il faut bien qu’ils
urinent ensuite. Je vous le répète, cette eau devra aller quelque part. Et où
donc, sinon dans la partie endiguée du lac ? Le niveau risque de s’élever
plus vite que l’eau ne pourra s’écouler dans le lac Texcoco par vos canaux et
par les ouvertures des digues. »
    Ahuizotl commençait à s’impatienter.
    « Est-ce à dire que vous me conseillez d’abandonner cette nouvelle
source, ce don des dieux et de ne rien faire pour soulager la soif de
Tenochtitlán ?
    — Ce serait plus prudent, en effet. Je vous suggère au moins de
construire votre aqueduc de façon à pouvoir contrôler le débit de l’eau et même
de l’arrêter le cas échéant.
    — En vieillissant, mon ami, lui répondit Ahuizotl, vous devenez
aussi couard qu’une vieille femme. Si les Mexica avaient toujours écouté ceux qui
leur disaient d’être prudents, ils n’auraient jamais rien fait.
    — Vous m’avez demandé mon avis et je vous l’ai donné. Mais ce sont
vos affaires. Après tout, vous vous appelez Monstre d’Eau. »
    La construction de l’aqueduc prit environ une année au bout de laquelle
les devins du palais recherchèrent avec soin le jour le plus favorable pour son
inauguration et le moment où l’on ouvrirait les vannes. Je me souviens très
bien de la date, Treize Vent, car elle a bien porté son nom.
    La foule avait commencé à s’amasser bien avant le début de la
cérémonie, car ce devait être un événement presque aussi important que la
consécration de la grande pyramide, douze ans auparavant. Tout le monde n’avait
pas pu accéder à la jetée de Coyoacán où allaient se dérouler les principales
solennités. Les gens du peuple s’étaient entassés à l’extrémité sud de la ville
et on se poussait, on se hissait pour essayer d’apercevoir Ahuizotl, ses
femmes, les nobles les plus éminents, les prêtres, les chevaliers et d’autres
personnages qui pouvaient arriver du palais en bateau pour prendre place sur la
jetée, entre la ville et le fort d’Acachinango. Je devais, malheureusement, me
joindre à tous ces dignitaires en compagnie de tous les Chevaliers-Aigle en
grande tenue. Zyanya voulait y aller elle aussi avec Cocôton, mais je l’en
avais dissuadée une nouvelle fois.
    « Même si j’avais pu t’obtenir une place où tu aurais vu quelque
chose, lui dis-je ce matin-là tout en enfilant mon armure emplumée, tu
risquerais d’être écrasée et la petite piétinée, dans la bousculade.
    — Tu as sans doute raison, me répondit Zyanya qui ne semblait pas
trop déçue et qui serra impulsivement sa fille contre elle.
    — Cocôton est bien trop mignonne pour être étouffée par d’autres
que nous.
    — Pas étouffée ! » pleurnicha Cocôton. Elle se glissa
hors des bras de sa mère et partit en trottinant de l’autre côté de la pièce. A
deux ans, ma fille avait déjà un vocabulaire très étendu, mais elle disait
rarement plus de deux mots à la suite, n’étant pas très bavarde.
    « Quand Cocôton est née, je la trouvais affreuse, remarquai-je en
continuant à m’habiller. Maintenant, elle est devenue si jolie qu’elle ne
pourra guère qu’enlaidir ; c’est bien dommage, car au moment où il faudra
la marier, elle aura l’air d’une truie sauvage.
    — Truie sauvage, approuva Cocôton dans son coin.
    — Certainement pas, rétorqua fermement

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