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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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douzaine d’années myope et un peu crasseux. Je
distinguai mal ses traits parce que la nuit était complètement tombée et parce
que je m’étais écarté très loin de lui. J’étais, néanmoins, capable de me
rendre compte qu’il était étranger à l’île, du moins à ma connaissance, que son
manteau était taillé dans une étoffe de bonne qualité, mais salie par le
voyage, que ses sandales étaient usées par une longue marche et que sa peau
cuivrée était recouverte par la poussière du chemin.
    « Quel est ton nom, mon garçon ? me demanda-t-il enfin.
    — On m’appelle la Taupe… commençai-je.
    — Sans doute, mais ce n’est pas ton vrai nom. » Avant que
j’aie pu placer un mot, il me posa une autre question.
    « Que faisais-tu là ?
    — J’étais en train de lire, Yanquicatzin. » Il y avait
quelque chose en lui qui fit que je lui donnai le titre de Seigneur Etranger.
« Je lisais ce qui est écrit sur le banc.
    — Vraiment ? dit-il, sur un ton de lassitude incrédule. Je ne
t’aurais pas pris pour un jeune noble instruit. Et que dit cette
inscription ?
    — Elle dit : De la part du peuple de Xaltocán, un havre de
repos pour le Seigneur Vent de la Nuit.
    — C’est quelqu’un qui te l’a dit.
    — Non, Seigneur Etranger, pas du tout, regardez. Je m’approchai
suffisamment pour montrer avec le doigt. Cette chose avec un bec de canard
signifie le vent.
    — Ce n’est pas un bec de canard, répliqua-t-il sèchement. C’est la
trompette dans laquelle souffle le vent.
    — Oh, merci de me le dire, Seigneur. En tout cas, c’est bien
Ehecatl. Et ce signe-là – toutes ces paupières baissées – ça veut dire
Yohualli. Yohualli Ehecatl, le Vent de la Nuit.
    — Tu sais donc vraiment lire ?
    — Pas beaucoup, Seigneur, pas beaucoup.
    — Qui t’a appris ?
    — Personne, Seigneur Etranger, il n’y a personne à Xaltocán qui
enseigne cet art. C’est dommage, car j’aimerais bien en savoir davantage.
    — Alors il faut que tu partes d’ici.
    — Je crois bien que oui, Seigneur.
    — Tu devrais le faire maintenant, je commence à être fatigué qu’on
me fasse la lecture. Pars, maintenant, toi qu’on appelle la Taupe.
    — Oui, tout de suite, Seigneur Etranger. Mixpantzinco .
    —  Ximopanolti . »
    Je me retournai une fois pour lui jeter un dernier regard, mais il ne
se trouvait plus dans le champ de ma courte vision, à moins qu’il n’ait été
avalé par l’obscurité ou qu’il ne fût, tout simplement, parti.
    A la maison, je dus faire face à un conseil de famille à la fois
inquiet, soulagé, consterné et irrité parce que j’étais resté si longtemps seul
dehors, dans l’obscurité. Mais ma mère elle-même se calma lorsque je racontai
comment j’avais été retenu par un étranger questionneur. Elle se calma et se
tourna vers mon père, en même temps que ma sœur, avec un air stupéfait. Mon
père lui aussi me considéra avec étonnement.
    « Tu l’as rencontré, me dit-il d’une voix rauque. Tu l’as
rencontré et il t’a laissé partir. »
    Je passai une nuit blanche à essayer vainement de me représenter ce
voyageur poussiéreux, fatigué et bourru comme un dieu. Si c’était vraiment
Ehecatl Vent de la Nuit, je devrais, selon la coutume, voir la réalisation de
mes désirs. Il n’y avait qu’un seul problème. A part savoir lire et écrire, je
ne savais pas ce qu’étaient mes désirs et je ne le sus que bien plus tard,
quand ils se réalisèrent.
     
    ***
     
    Il se trouva qu’un jour je travaillais comme apprenti dans la carrière
de mon père. Ce n’était pas une tâche très pénible ; j’étais chargé de
garder le grand puits pendant que les ouvriers faisaient la pause et rentraient
chez eux pour déjeuner. Il n’y avait pas grand risque de vols, mais si on avait
laissé les outils sans surveillance, de petits animaux sauvages seraient venus
grignoter le manche, à cause du sel déposé dessus par la sueur des ouvriers. Un
seul de ces petits ours hérissés aurait pu ronger un levier d’ébène tout entier
pendant l’absence des hommes. Par chance, ma seule présence suffisait à tenir
en respect ces petits animaux amateurs de sel, car des armées entières d’entre
eux auraient pu nous envahir sans que mes yeux de taupe ne les vissent.
    Ce jour-là, comme d’habitude, Tzitzitlini s’échappa de la maison pour
m’apporter mon repas de midi. Elle ôta ses sandales et s’assit à côté de moi
sur le

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