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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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que je me suis
obstiné à mener, mais qui m’aurait assuré des chemins bien plus aisés et des
jours bien plus paisibles que ceux que j’ai connus en n’en faisant qu’à ma
tête. En ce moment même, mes seigneurs, je serais peut-être en train de travailler
à la construction de votre ville de Mexico, et si le jugement de Héron Rouge
était bon, il est possible que j’aurais fait du meilleur travail que vos maçons
et vos architectes.
    N’en parlons plus, oublions tout cela, comme moi-même j’oubliai l’ordre
implicite de Héron Rouge, faisant fi de l’orgueil naïf de mon père pour son
métier et de ses tentatives à me l’enseigner, insoucieux des critiques acerbes
de ma mère se plaignant que je voulais m’élever au-dessus de mon rang.
    Le gouverneur m’avait également fait comprendre une chose que je ne
pouvais plus ignorer, c’est-à-dire que les signes ne voulaient pas toujours
dire ce qu’on voyait, mais parfois, ce qu’on entendait. Ce n’était pas
grand-chose, mais c’était assez révélateur et assez tentant pour que je continue
à chercher des exemples d’écritures – sur les murs des temples, sur le rouleau
du tribut de l’île, au palais ; ou sur un papier quelconque apporté par un
marchand ambulant – et à faire maladroitement tout mon possible pour les
interpréter.
    J’allais même voir le vieux tonalpouhqui qui m’avait donné mon nom,
avec tant d’assurance, quatre ans auparavant, pour lui demander si je pouvais
consulter son vénérable livre des noms quand il ne s’en servait pas. Il
n’aurait pas réagi plus violemment si je lui avais demandé une de ses
petites-filles comme concubine quand elle n’aurait pas autre chose à faire. Il
me chassa en me disant que l’art de connaître le tonalamatl était réservé aux
descendants de tonalpouhqui et non à des gamins inconnus et présomptueux. C’était
peut-être vrai, mais je parierais qu’il se rappelait que j’avais prétendu être
aussi capable que lui de me trouver un nom, ou plutôt, que le vieux filou était
terrorisé à l’idée que je puisse découvrir qu’il n’était pas plus qualifié que
moi pour lire le tonalamatl.
    Puis, un soir, je fis la rencontre d’un étranger. Je m’étais amusé tout
l’après-midi avec Chimali, Tlatli et d’autres enfants, aussi Tzitzitlini
n’était pas avec moi. Sur une rive éloignée du village, nous avions fait la
découverte de la carcasse pourrie et défoncée d’un acali et nous étions
tellement absorbés à jouer aux bateliers que nous fûmes pris de cours quand
Tonatiuh nous avertit, par le flamboiement du ciel, qu’il se préparait à aller
se coucher. Le chemin du retour était long et Tonatiuh se hâtait vers sa couche
plus rapidement que nous ne pouvions marcher, aussi les autres se mirent à
courir. Le jour, j’aurais pu les suivre, mais la pénombre et ma mauvaise vue
m’obligeaient à avancer doucement et à faire attention au chemin. Les autres ne
firent sans doute pas attention à moi et ils eurent vite fait de me distancer.
    J’arrivai à un carrefour où il y avait un banc de pierre. Je n’étais
pas passé par là depuis longtemps, mais je me souvins tout à coup que ce banc
était gravé de plusieurs signes symboliques et j’oubliai tout. J’oubliai qu’il
allait faire trop sombre pour que je puisse les voir, sans parler de les
déchiffrer. J’oubliai la raison pour laquelle ce banc se trouvait là. J’oubliai
toutes les créatures tapies qui pourraient bondir sur moi quand la nuit serait
venue. J’entendis même le ululement d’une chouette dans les parages et ne
prêtai pas attention à ce funeste présage. Il y avait là quelque chose à lire
ou à tenter de lire et je ne pouvais pas passer devant sans m’arrêter.
    Le banc était assez long pour qu’une personne puisse s’y allonger s’il
avait été possible de s’installer confortablement sur les stries de la pierre
gravée. Je me penchai sur les signes en les examinant soigneusement l’un après
l’autre et en les suivant autant des doigts que des yeux. Je faillis alors
buter sur un homme qui était assis là. Je me jetai de côté comme si on m’avait
brûlé et je bafouillai une excuse.
    «  M-mixpantzinco . En votre auguste présence…»
    D’un ton poli, mais un peu las, il me fit la réponse coutumière,
«  Ximopanolti . A votre service…»
    Nous nous observâmes mutuellement pendant un instant. Il ne dut voir en
moi qu’un garçon d’une

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