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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’autre. Je pouvais
effectuer ces transactions sans même avoir à poser ma tasse de chocolat et sans
aller jeter un seul coup d’œil à ce que j’avais acheté, puis vendu. Parfois, je
rencontrais un jeune marchand qui se préparait à entreprendre sa toute première
expédition et je le retenais pour le faire bénéficier de ma connaissance
particulière de l’itinéraire qu’il avait choisi, aussi longtemps qu’il pouvait
m’écouter sans commencer à s’agiter et à prétexter des courses urgentes.
    La plupart du temps, je me retrouvais avec quelques pochteca retirés
qui se plaisaient mieux là qu’ailleurs et nous échangions alors nos histoires
en lieu et place de marchandises. Je les écoutais parler du temps où ils
avaient moins d’années et de richesses mais, en revanche, des ambitions
illimitées, du temps où ils voyaient et où ils osaient affronter tous les
périls. Leurs histoires n’auraient pas eu besoin d’être enjolivées pour être
intéressantes, mais chacun voulait surpasser les autres dans le récit de ses
aventures, des dangers auxquels il avait fait face et des affaires qu’il avait
su si judicieusement traiter, aussi je remarquais que beaucoup se mettaient à
broder considérablement au bout d’un certain temps.
    Le soir, je quittais la maison à la recherche, non plus de la
compagnie, mais d’une solitude dans laquelle je me complaisais à évoquer des
souvenirs nostalgiques. Je n’aurais cependant pas protesté si cette solitude
avait été rompue par une rencontre tant désirée, mais je vous ai déjà dit
qu’elle ne s’était jamais produite. C’est donc avec un espoir bien vague que je
parcourais la nuit les rues désertes de Tenochtitlán, en me remémorant les
événements qui étaient advenus ici et là.
    Au nord, c’était la chaussée de Tepeyac que j’avais traversée en
emportant ma petite fille dans mes bras pour fuir la ville inondée.
    Au sud, c’était la jetée de Coyoacán que j’avais franchie avec Cozcatl
et Gourmand de Sang au début de ma toute première expédition. Dans la splendeur
de l’aube naissante, le Popocatepetl majestueux nous avait regardés partir en
semblant nous dire : « Vous partez, braves gens, mais moi je reste…»
    Entre les deux, se trouvaient les deux grandes places de l’île. Du côté
sud, au Cœur du Monde Unique, la grande pyramide, si imposante, si solide et si
éternelle d’aspect qu’on aurait pu croire qu’elle avait toujours été là.
J’avais du mal à réaliser que j’étais plus vieux que le monument terminé qui
n’en était qu’aux fondations la première fois que je l’avais vu.
    Plus au nord, s’étendait la grande place du marché de Tlatelolco que
j’avais jadis traversée en serrant bien fort la main de mon père. C’est là
qu’il avait déboursé une somme extravagante pour m’offrir de la neige parfumée
en disant au marchand : « Je me souviens des Temps Difficiles. »
C’est là aussi que j’avais fait ma première rencontre avec le vieil homme cacao
qui m’avait prédit si justement mon avenir.
    Ce souvenir me troublait un peu, car il me rappelait que cet avenir
qu’il m’avait annoncé était devenu mon passé. J’approchais du faisceau
d’années, et rares étaient les hommes qui vivaient au-delà de cinquante-deux
ans. En me disant que j’avais bien gagné cette vie paisible, peut-être
refusais-je simplement de m’avouer que je ne servais plus à rien, que j’avais
survécu à tous ceux que j’avais aimés et qui m’avaient aimé et que j’attendais
tout simplement le moment d’être convoqué dans un autre monde.
    Non ! Je refusais de me rendre à cette idée et j’en cherchais la
confirmation la nuit dans le ciel. On y voyait encore une étoile fumante, comme
au temps de mes rencontres avec Motecuzoma à Teotihuacân, avec la jeune
Ce-Malinali et enfin avec les deux visiteurs venus d’Espagne. Nos astronomes ne
parvenaient pas à se mettre d’accord. S’agissait-il de la même comète qui
revenait sous une autre forme dans un endroit différent du ciel, ou bien en
était-ce à chaque fois une nouvelle ? Les astronomes, même les plus
incrédules, n’ayant pu trouver aucune explication, avaient dû reconnaître que
ces trois comètes en trois ans ne pouvaient être qu’un présage. Bon ou mauvais,
cela valait la peine d’attendre. Je n’aurais peut-être aucun rôle à jouer, mais
je ne pouvais pas renoncer au monde en un pareil moment.
    Au

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