Azteca
de se
battre la nuit et qu’ils prennent toutes leurs précautions.
Cortés avait posté des sentinelles tout autour du camp qui veillaient
tandis que leurs compagnons dormaient en tenue de combat avec leurs armes
chargées à portée de la main. Malgré l’obscurité, les guetteurs distinguèrent
facilement les éclaireurs texcalteca qui rampaient en terrain découvert. Ils ne
jetèrent aucun cri d’alarme et se glissèrent vers leur camp pour réveiller,
sans bruit, Cortés et son armée. Personne ne se leva. Personne ne bougea et les
éclaireurs revinrent dire à Xicotenca que tout le camp espagnol était endormi.
Ce qui subsistait de l’armée texcalteca s’avança à quatre pattes
jusqu’au pourtour du camp. Là, les guerriers se redressèrent et bondirent sur
l’ennemi endormi, mais ils n’eurent pas le temps de pousser un seul cri de guerre.
Dès qu’ils furent debout, les éclairs, le tonnerre et le sifflement des
projectiles déchirèrent la nuit… et l’armée de Xicotenca fut balayée comme de
l’herbe à faucher.
Le lendemain, pleurant de ses vieux yeux aveugles, Xicotenca l’Ancien
envoya à Cortés une délégation des nobles les plus éminents, avec le drapeau à
mailles d’or de la trêve, pour négocier les conditions de la reddition.
A la grande surprise des envoyés, Cortés ne se conduisit pas en
conquérant et il les accueillit avec chaleur et amitié. Par l’intermédiaire de
Malintzin, il fit l’éloge des combattants texcalteca et leur dit qu’il
regrettait que, s’étant mépris sur ses intentions, ils aient cru bon de se
défendre, parce que, prétendait-il, il ne voulait pas de la reddition des
Texcalteca. Il était venu dans ce pays dans le seul but de lui apporter aide et
amitié. Sans doute renseigné par Malintzin, il leur avait ensuite
déclaré :
« Je sais que vous souffrez depuis des années de la tyrannie de
Motecuzoma. J’ai déjà libéré les Totonaca et d’autres tribus de sa tutelle et
je ferai la même chose pour vous si vous voulez bien vous joindre à moi dans
cette sainte croisade.
— Mais, avaient répondu les nobles éberlués, nous avons entendu
dire que vous exigiez des peuples qu’ils se soumettent à votre chef et à votre
religion. »
Cortés balaya d’un geste toutes ces considérations. La résistance des
Texcalteca lui avait enseigné à les traiter avec circonspection.
« Je vous demande votre alliance et non votre soumission. Quand
nous aurons purgé ces territoires de la funeste domination des Mexica, nous
vous montrerons les avantages du christianisme et d’une entente avec notre roi
Carlos. Alors vous jugerez vous-mêmes si vous souhaitez partager ces bienfaits.
Mais, chaque chose en son temps. Allez demander à votre estimable chef s’il
veut bien nous tendre une main amicale et faire cause commune avec nous. »
A peine Xicotenca avait-il reçu ce message de la bouche de ses
émissaires que les souris l’avaient déjà fait parvenir à Tenochtitlán.
Motecuzoma fut bouleversé, consterné et courroucé de voir que ses prévisions
étaient fausses et il fut presque pris de panique en réalisant que son erreur
risquait d’avoir des conséquences fatales. Les Texcalteca n’avaient pas arrêté
les envahisseurs et il ne les tenait pas à sa merci. Pis encore, les étrangers
n’étaient ni découragés ni affaiblis et ils continuaient à avancer en proférant
des menaces à notre égard et, pour mettre un comble à tout cela, les Blancs se
trouvaient confortés par la puissance et la haine de notre ennemi le plus
ancien, le plus acharné et le plus implacable.
Motecuzoma se ressaisit néanmoins et prit une décision un peu plus
énergique que son « attendons ». Il fit venir le plus intelligent de
ses messagers et l’envoya à Cortés avec une déclaration interminable et
élogieuse dont voici l’essentiel.
« Estimé Capitaine Général Cortés, ne vous fiez pas aux traîtres
texcalteca. Ils sont prêts à vous raconter n’importe quelle fable pour gagner
votre confiance et ensuite ils vous trahiront perfidement. Comme vous pourrez
le vérifier aisément, cette nation est un îlot cerné de toutes parts par des
voisins dont elle s’est fait des ennemis. Si vous pactisez avec les Texcalteca,
vous serez, comme eux, méprisé et rejeté par tous les autres pays. Suivez notre
conseil. Abandonnez ce peuple indigne et faites alliance avec la puissante
coalition des Mexica, des Acolhua et des Tecpanecá. Nous vous
Weitere Kostenlose Bücher