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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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pas prisonnier, vous le voyez bien, nous dit
Motecuzoma la première fois qu’il réunit son conseil dans sa nouvelle salle du
trône. J’ai toute la place qu’il me faut ici et je peux y conduire les affaires
de la nation – dans lesquelles les étrangers n’ont aucune voix, je vous
l’assure. Votre présence ici est la preuve que mes conseillers, mes prêtres et
mes messagers peuvent venir me voir librement. Ils n’interviendront pas dans
nos cérémonies religieuses, même celles qui exigent des sacrifices humains. En
somme, tout continue comme par le passé. J’ai demandé des garanties à Cortés
avant d’accepter de changer de résidence.
    — Mais pourquoi y avez-vous consenti ? demanda le
Femme-Serpent d’une voix angoissée. Ce n’était pas nécessaire.
    — Nécessaire, peut-être pas, mais en tout cas, c’est plus sage. Depuis
que les Blancs sont sur nos territoires, mes sujets ou mes alliés ont attenté
par deux fois à leurs vies. A Cholula et, plus récemment, sur la côte. Cortés
ne m’en tient pas rigueur, car il sait que je n’y suis pour rien, mais de tels
événements pourraient se reproduire. J’ai moi-même prévenu Cortés que beaucoup
de nos concitoyens souffraient de sa présence. N’importe quel incident pourrait
faire oublier au peuple qu’il doit m’obéir et cela provoquerait de nouveaux
troubles.
    — Si Cortés se préoccupe tant du ressentiment du peuple,
qu’attend-il pour s’en aller ? dit un Ancien.
    — C’est exactement ce que je lui ai dit, reprit Motecuzoma. Mais
c’est impossible. Il ne pourra repartir tant que son roi ne lui aura pas
renvoyé des bateaux. En attendant, nous résidons dans le même palais pour
montrer que, d’une part, je suis sûr que Cortés ne me fera aucun mal et,
d’autre part, que je fais confiance au peuple pour qu’il ne le provoque pas.
C’est pour cette raison que Cortés m’a demandé d’être son hôte.
    — Son prisonnier, persifla Cuitlahuac.
    — Je ne suis pas son prisonnier, répéta Motecuzoma. Je suis
toujours votre Uey tlatoani, le chef de ce pays et le membre principal de la
Triple Alliance. J’ai fait cette petite concession pour assurer le maintien de
la paix jusqu’à leur départ.
    — Excusez-moi, Seigneur Orateur, dis-je. Vous paraissez certain
qu’ils s’en iront. Comment le savez-vous ? Quand partiront-ils ?
    — Ils s’en iront quand ils auront des navires. J’en suis sûr parce
que je leur ai promis qu’ils pourront emporter ce qu’ils sont venus
chercher. »
    Il y eut un bref silence, puis une voix dit : « L’or.
    — Oui, beaucoup d’or. Quand les Blancs m’ont aidé à déménager, ils
ont fouillé mon palais de fond en comble. Ils ont découvert les chambres des
trésors, même celles qui étaient cachées par de fausses cloisons et… »
    Il fut interrompu par les lamentations de l’assistance et Cuitlahuac
lui demanda :
    « Vous allez leur donner les trésors de la nation ?
    — Seulement l’or et les pierres précieuses, répondit Motecuzoma.
C’est tout ce qui les intéresse. Nous garderons les plumes, les teintures, les
jades, les graines de fleurs rares et toutes les choses qui nous serviront à
soutenir le pays pendant que nous travaillerons et que nous nous battrons pour
accroître nos tributs, afin de récupérer nos pertes.
    — Mais pourquoi donner tout ça ? gémit quelqu’un.
    — Vous devez savoir que les Blancs peuvent l’exiger ainsi que tous
les biens des nobles par-dessus le marché. Ils peuvent en faire un prétexte de
guerre et appeler leurs alliés pour les aider à nous le prendre. C’est pour
éviter de pareilles horreurs que je leur ai offert l’or, et les pierres
précieuses.
    — Le grand Trésorier que je suis est lui-même obligé de
reconnaître que ce ne serait pas trop cher payer pour qu’ils s’en aillent,
remarqua le Femme-Serpent. Mais je dois vous rappeler qu’à chaque fois qu’on
leur a donné de l’or, cela n’a fait qu’accroître leur appétit.
    — Je n’en ai plus et je crois les en avoir convaincus. J’ai mis
une autre condition à ce cadeau. Ils ne l’auront pas avant de partir d’ici et
ils devront l’apporter directement à leur roi Carlos comme un présent personnel
de ma part – le présent de tout ce que je possède. Cortés est satisfait, moi
aussi et son roi le sera également. Quand les Blancs partiront, ils ne
remettront plus jamais les pieds ici. »
    Personne
ne répliqua. Motecuzoma

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