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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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nous donna congé et quand nous nous retrouvâmes sur la
place, l’un d’entre nous dit :
    « C’est intolérable. Penser que le Uey tlatoani est prisonnier de
ces barbares puants.
    — Non. Il a raison. Il n’est pas prisonnier. C’est nous tous qui
le sommes. Tant qu’il sera leur otage, pas un seul Mexicatl n’osera cracher sur
un Blanc.
    — Non, répliqua un autre. Motecuzoma s’est rendu, en même temps
que la fière indépendance des Mexica et tous leurs trésors. Si les bateaux des
Blancs sont longs à venir, qui sait ce qu’il donnera encore ? »
    Puis quelqu’un dit ce que tout le monde pensait tout bas.
    « Dans toute l’histoire des Mexica, jamais un Uey tlatoani n’a été
déposé alors qu’il était encore en vie. Même pas Ahuizotl qui était totalement
incapable de gouverner.
    — Oui, et on a nommé un régent et tout s’est très bien passé.
    — Cortés peut se mettre en tête n’importe quand de tuer
Motecuzoma. Qui peut prévoir les caprices de ce Blanc ? Ou encore, Motecuzoma
risque de mourir par simple dégoût de lui-même. Il en donne bien l’impression.
    — C’est vrai et le trône se trouvera vacant. Il faut prévoir cette
éventualité et nous aurons du même coup un chef tout prêt… dans le cas où
Motecuzoma se conduirait de telle façon que nous serions obligés de le déposer
sur ordre du conseil.
    — Il faut agir en secret. Epargnons-lui cette humiliation à moins
que nous ne puissions faire autrement. Il ne faut pas non plus que Cortés
puisse soupçonner que son otage ne lui sert plus à rien. »
    Le Femme-Serpent se tourna alors vers Cuitlahuac qui n’avait encore
rien dit et il lui demanda :
    « Cuitlahuatzin, en tant que frère de l’Orateur Vénéré votre
candidature serait la première à être prise en considération si Motecuzoma
venait à décéder. Accepteriez-vous le titre et les responsabilités de régent si
un conclave décidait légalement de créer cette charge ? »
    Cuitlahuac réfléchit un moment, puis il répondit : « Je
serais profondément attristé d’usurper le pouvoir de mon frère alors qu’il
serait encore vivant. Mais en vérité, Seigneurs, je crains qu’il ne le soit
qu’à moitié et qu’il n’ait déjà abdiqué une grande partie de ses pouvoirs. Par
conséquent, si le conseil décide que la survie de notre pays en dépend,
j’accepterai les responsabilités qu’on me donnera. »
    En définitive, l’obligation de déposer Motecuzoma ne s’imposa pas tout
de suite et, pendant longtemps, il sembla qu’il avait eu raison de conseiller
la patience. Les Espagnols restèrent à Tenochtitlán pendant tout l’hiver et
s’ils n’avaient pas été aussi outrageusement blancs, on se serait à peine
aperçu de leur présence. Ils eurent une attitude irréprochable pendant nos
cérémonies religieuses et assistèrent avec intérêt et parfois avec amusement
aux fêtes où il n’y avait que de la musique, des chants et des danses. Lorsque
le rituel exigeait des sacrifices humains, ils restaient discrètement dans leur
palais. Les citadins les toléraient en les traitant avec une politesse distante
et il n’y eut aucun incident au cours de l’hiver.
    Motecuzoma, ses courtisans et ses conseillers semblaient bien s’adapter
à leur changement de résidence et la conduite des affaires de l’Etat ne
paraissait pas en être affectée. L’Orateur Vénéré recevait souvent la visite de
son neveu Cacama inquiet à juste raison de l’instabilité de son trône. Mais il
est possible que Cortés ait, lui aussi, prié ses alliés « d’être calmes et
d’attendre », car aucun d’eux, pas même le prince Fleur Noire, impatient
pourtant de reprendre le pouvoir à Texcoco, ne fit la moindre action précipitée
ou illégitime. Tout au long de l’hiver, la vie sembla continuer comme par le
passé, comme Motecuzoma nous l’avait promis.
    J’ai dit « sembla », parce que personnellement, j’étais de
moins en moins impliqué dans les affaires de l’Etat et Motecuzoma me faisait
rarement appeler. Je finis même par ne plus jamais servir d’interprète car
l’Orateur Vénéré ayant décidé de faire confiance à Cortés, il n’y avait pas de
raison pour qu’il ne se fie pas également à sa Malintzin. On les voyait souvent
tous les trois ensemble. C’était inévitable, aussi grand que fût le palais,
puisqu’ils vivaient sous le même toit, mais, en fait, Cortés et Motecuzoma en
étaient venus à

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