Azteca
et
divisa le restant en plusieurs détachements placés sous le commandement de ses
officiers : Alvarado, Narvaez, Guzman et Montejo. Ceux-ci commencèrent à
encercler le lac en attaquant en chemin les petites communautés qui durent
toutes se rendre. Cortés dirigeait certainement la stratégie d’ensemble grâce à
des messagers, mais il s’était installé dans le luxueux palais de Texcoco, où
j’avais jadis vécu, en y gardant comme hôte, comme invité, ou comme prisonnier,
le malheureux « Cohuanacoch. Je vous signale à ce propos que le prince
Fleur Noire qui attendait depuis si longtemps de devenir le Uey tlatoani des
Acolhua, n’accéda jamais à cette charge. Après la prise de Texcoco, où Fleur
Noire n’avait pas joué un grand rôle, Cortés décida que le personnage falot
qu’était Cohuanacoch resterait sur le trône. Tous les Acolhua, à l’exception
des guerriers qui le suivaient depuis si longtemps, avait fini par détester ce
prince autrefois respecté qu’ils considéraient comme un traître à sa patrie et
comme l’instrument des Blancs. Cortés ne voulait pas risquer de provoquer un
soulèvement en installant sur le trône un homme qui s’était rendu coupable de
félonie pour le récupérer. Fleur Noire s’abaissa jusqu’à recevoir le baptême et
il reçut le nom de Fernando Cortés Ixtlilxochitl. Cependant, son parrain,
Cortés, ne lui accorda que le gouvernement de trois insignifiantes provinces du
territoire acolhua.
Cependant, il n’eut pas beaucoup de temps pour ruminer sa colère et son
humiliation. Il quitta Texcoco plein de rage, pour l’une de ces provinces où il
arriva en même temps que la petite vérole et moins d’un mois après, il était
mort.
Nous apprîmes rapidement que l’armée du Capitaine Général n’était pas
restée à Texcoco uniquement pour se prélasser. Nos souris vinrent nous annoncer
que la moitié de l’armée qui était partie, était en train de revenir à Texcoco
en tirant sur des troncs de bois les coques et les mâts des trente vaisseaux
qui avaient été construits à Texcala. Cortés les attendait à Texcoco pour
surveiller leur assemblage et leur lancement sur le lac.
Ce n’étaient pas ces formidables bâtiments qu’on avait vus sur l’océan.
Ils ressemblaient davantage à nos barques de transport à fond plat, mais ils
avaient de très hauts bords et des voiles qui les rendaient bien plus rapides
que nos plus gros canots de guerre à rames et bien plus maniables que nos plus
petits acali. En plus des marins qui effectuaient la manœuvre, ils transportaient
chacun vingt soldats debouts ce qui leur permit de décharger facilement leurs
armes sur nos chaussées. Le jour où eut lieu le premier voyage d’essai, Cortés
monta sur le bâtiment de tête qu’il avait appelé La Capitana . Un grand
nombre de nos plus gros canoës quitta alors Tenochtitlán et dépassa la grande
digue pour s’engager dans la partie la plus large du lac. Chaque canoë
transportait soixante guerriers armés d’arcs et de flèches et aussi d’atlatl et
de javelots, mais sur les eaux remuantes, les embarcations plus lourdes des
Espagnols faisaient des plates-formes de tir bien plus stables et les
arquebuses et les arbalètes firent bien plus de ravages que nos armes. En
outre, les soldats espagnols n’avaient que la tête, les bras et les armes qui dépassaient
de leurs bateaux, tandis que nos hommes dans leurs canots bas étaient
entièrement exposés et beaucoup furent tués ou blessés. Ils ne furent pas longs
à rentrer piteusement et la flotte ennemie ne daigna même pas les poursuivre.
Pendant ce temps, les officiers de Cortés avaient envahi toute la
région des lacs, occupant et dévastant tout sur leur passage. Ils rassemblèrent
ensuite leurs troupes en deux armées importantes qui prirent position sur les
deux langues de terre au nord et au sud de Tenochtitlán. Il ne leur restait
donc plus qu’à détruire ou à soumettre les villes plus grandes et plus
nombreuses situées sur la rive ouest du lac pour encercler complètement
Tenochtitlán.
Ils ne se pressèrent pas. Tandis que l’autre moitié de l’armée de
Cortés se reposait à Texcoco, les bateaux sillonnaient les lacs à l’est de la
grande digue en éliminant toutes les embarcations. Ils les coulaient ou s’en
emparaient, tuaient leurs occupants même s’il s’agissait de simples acali de
pêche ou de barques transportant paisiblement les marchandises d’un endroit
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