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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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ville.
Les Espagnols pris au piège essayaient de défendre leur vie, mais leurs alliés
indigènes, sachant le sort qui leur serait réservé, préféraient être tués
plutôt que capturés. Cette nuit-là, toute notre île fut illuminée par des
torches et des feux, en particulier la grande pyramide et s’il s’est approché
d’assez près, Cortés a pu voir ce qu’il advint de la quarantaine des siens que
nous avions pris vivants.
    En tout cas, il en vit suffisamment pour devenir la proie d’une fureur
vengeresse et il décida de nous exterminer tous même s’il devait pour cela
anéantir une grande partie de cette ville qu’il aurait voulu préserver. Il
arrêta ses tentatives d’invasion et soumit la cité à une canonnade incessante.
Les boulets piquaient sur nous en sifflant. La ville commença à s’effondrer et
beaucoup d’habitants périrent. La grande pyramide, jadis si lisse, finit par
ressembler à une miche de pain grignotée par des rats géants.
    Cette pluie d’acier se poursuivit encore pendant deux bons mois, ne se
calmant un peu que la nuit. Au bout d’un moment, les Espagnols finirent par
épuiser leurs boulets et ils durent se servir de pierres rondes. Elles
faisaient un peu moins de dégâts, mais elles éclataient fréquemment sous le
choc, et leurs éclats volaient dans toutes les directions tuant ou blessant la
population.
    Du moins, ceux qui mouraient ainsi mouraient rapidement. Les autres
semblaient destinés à une lente agonie. Comme il fallait faire durer les vivres
le plus longtemps possible, ils n’étaient distribués qu’avec la plus grande
parcimonie. Au début, nous avions les chiens et les volailles de l’île et nous
nous partagions le poisson que les pêcheurs arrivaient à prendre, la nuit, en
cachette. Puis, il n’y eut plus ni chiens, ni volailles et même le poisson
semblait éviter les abords de la ville. Nous en vînmes à manger les
pensionnaires de la ménagerie, sauf ceux qui n’étaient vraiment pas comestibles
et les spécimens particulièrement rares que les gardiens refusaient de
livrer ; ces animaux étaient d’ailleurs mieux nourris que leurs maîtres
car on leur donnait à manger les esclaves morts de faim.
    Ce n’était pas par crainte d’être pris que les poissons avaient déserté
les parages, mais parce que les eaux étaient devenues très sales. Bien que l’on
fût à la saison des pluies, il ne tombait qu’une légère bruine l’après-midi. On
sortait alors tous les récipients disponibles, mais on recueillait tout juste
assez d’eau pour humecter nos gosiers desséchés. Aussi, surmontant notre
répugnance, nous prîmes l’habitude de boire l’eau saumâtre de la lagune.
Cependant, comme on ne pouvait plus évacuer les ordures de l’île, ni les excréments
humains, tout se déversait dans les canaux, puis dans le lac. En outre, comme
on ne donnait que les esclaves à manger aux animaux de la ménagerie, nous ne
pouvions pas faire autrement que de jeter aussi les cadavres dans l’eau.
Cuauhtemoc donna l’ordre qu’on dépose uniquement les corps du côté ouest, parce
que le côté est était plus profond et plus ou moins constamment rafraîchi par
le vent d’est. Il espérait ainsi que l’eau serait moins polluée de ce côté.
Mais les cadavres en décomposition et les détritus souillèrent inévitablement
les eaux tout autour de l’île. Pourtant, il fallut bien boire quand la soif
nous y contraignit. Nous la passions d’abord dans un linge, puis nous la
faisions bouillir, ce qui ne nous empêchait pas d’avoir la colique et des maux
de ventre. Beaucoup d’enfants et de vieillards succombèrent d’avoir bu cette
eau infectée.
    Une nuit, alors qu’il n’en pouvait plus de voir son peuple souffrir
autant, Cuauhtemoc appela toute la population à se rassembler au Cœur du Monde
Unique pendant l’accalmie de la canonnade, et je crois que tous ceux qui
pouvaient marcher vinrent. L’Orateur Vénéré s’adressa au peuple, perché sur
l’escalier en ruines de ce qui restait de la grande pyramide.
    « Si Tenochtitlán est destinée à vivre encore un peu, elle ne doit
plus être une ville, mais une place forte défendue par tous ceux qui peuvent se
battre. Je suis fier de votre fidélité et de votre courage, mais le temps est
venu où je vais être obligé de vous demander à grand regret de ne plus être
fidèles. Il reste encore une réserve de vivres, mais une seulement. »
    La foule se contenta

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