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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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quand ils le découvrirent
car ils n’avaient jamais vu un homme de cette espèce. C’était un des noirs
venus de Cuba avec Narvaez et précisément celui dont la figure ravagée m’avait
fait reculer d’horreur.
    Je souris maintenant – bien tristement, mais je souris – en entendant
les vantardises d’Hernán Cortés, de Pedro de Alvarado, de Beltran de Guzman et
d’autres Espagnols qui se sont donnés le nom pompeux de « Conquistadores ».
Oh, ils ont accompli des actions audacieuses, je ne le nie pas et il y a eu
bien des facteurs qui ont contribué à la chute du, Monde Unique, notamment sa
tragique division, mais s’il y a un être humain qui puisse se targuer de
mériter le titre de conquistador, c’est ce nègre anonyme qui a apporté la
petite vérole à Tenochtitlán.
    Il aurait pu contaminer les soldats de Narvaez sur le bateau qui les
amenait de Cuba et ensuite les troupes de Cortés. Mais non, il vécut assez
longtemps pour arriver jusqu’à Tenochtitlán et infester la ville. Il aurait pu
ensuite continuer à vivre encore un moment, s’échapper avec ses compagnons et
leur communiquer son mal, tôt ou tard, mais non, Tenochtitlán fut ravagée, la
maladie se propagea dans toute la région des lacs, dans chacune des communautés
de la Triple Alliance, mais elle n’atteignit jamais Texcala où se trouvaient
nos ennemis.
    Les premières atteintes se firent sentir avant même que l’on sût que
Cortés avait trouvé refuge à Texcala. Vous connaissez bien les symptômes et la
progression de ce mal, mes révérends, aussi je n’ai pas besoin de vous raconter
comment les gens mouraient, étouffés par le gonflement des tissus à l’intérieur
du nez et de la gorge, ou pris d’un violent délire, ou encore en vomissant tout
leur sang. J’avais très vite reconnu la maladie et dit aux médecins :
    « C’est une affection courante chez les Blancs, mais ils en
meurent rarement. Ils l’appellent la petite vérole.
    — Si c’est leur petite vérole, répartit le médecin sans
plaisanter, j’espère qu’ils ne nous amèneront jamais la grande. Qu’est-ce
qu’ils font pour en réchapper ?
    — Ils m’ont dit qu’il n’y avait pas d’autre remède que de
prier. »
    Les temples se remplirent alors de prêtres et de fidèles venus apporter
leurs offrandes au dieu de la médecine et à toutes les autres divinités. Le
temple que Motecuzoma avait mis à la disposition des Espagnols connut lui aussi
une grande affluence, car ceux qui avaient reçu le baptême espéraient que le
dieu des Chrétiens les assimilerait aux Blancs et les épargnerait. Ils
allumaient des cierges, se signaient et marmonnaient ce qu’ils pouvaient se
rappeler du rituel.
    Cependant, rien ne put arrêter l’épidémie. Nos prières furent inutiles
et nos médecins aussi impuissants que les Maya. Très vite, nous fûmes également
menacés par la famine, car la population de la terre ferme, redoutant de nous
approcher, ne vint plus nous approvisionner. Mais lorsque le mal gagna les
autres communautés de la Triple Alliance, les bateliers qui n’étaient pas
atteints reprirent leurs livraisons. La maladie semblait choisir ses victimes.
Je ne fus pas touché, ni Béu, ni les autres personnes de ma génération. Elle
paraissait ignorer les vieux et tous ceux qui avaient une faible constitution,
pour ne s’attaquer qu’aux êtres jeunes et vigoureux, sans perdre son temps avec
ceux qui avaient déjà des chances de ne pas vivre très longtemps.
    Cette épidémie fut une des raisons qui me firent douter que Cuitlahuac
ait jamais essayé de récupérer le trésor enfoui dans les eaux. Elle s’abattit
sur nous si rapidement après le départ des Espagnols, avant même que nous ayons
pu reprendre notre vie normale, que je suis sûr que l’Orateur Vénéré n’eut pas
le temps d’y penser et, plus tard, quand la maladie eut tout dévasté, il eut
d’autres raisons de négliger de le faire. En effet, les pays de la Triple
Alliance furent pendant longtemps coupés de tout. Les marchands et les
messagers des autres nations refusaient de pénétrer dans la zone infestée et
Cuitlahuac interdit à nos pochteca d’en sortir pour ne pas risquer de propager
la maladie. Ce n’est que quatre mois après la Triste Nuit que l’une des souris
en poste à Texcala prit son courage à deux mains pour venir nous informer des
événements survenus depuis.
    « Sachez, Seigneur Orateur, avait-il déclaré, que Cortés et

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