Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
quittée depuis.
     
    ***
     
    Je suis heureux de vous voir, Excellence, après une si longue absence.
Est-ce que vous êtes venu pour entendre la conclusion de mon récit ? Eh
bien, j’ai tout dit, ou presque.
    Cortés revint un an environ après que je l’eus quitté, et son premier
souci fut de répandre la fable de la prétendue insurrection fomentée par les
trois Orateurs Vénérés et il montra mon dessin comme « preuve » de
leur entente et de leur trahison. Toute la population de ce qui avait été la
Triple Alliance en fut profondément ébranlée, car je n’avais pas divulgué la
nouvelle. Tout le monde les pleura et on célébra des services funèbres en leur
honneur. Bien sûr, les gens murmuraient entre eux, mais ils étaient obligés de
faire semblant de croire à cette version des faits. Cortés n’avait pas ramené
la perfide Florencia. Il n’avait sans doute pas voulu risquer qu’elle tente de
se faire à nouveau remarquer en se parjurant publiquement. Ce qu’il a fait de
cette créature, personne ne l’a jamais su et ne s’en est jamais soucié.
    Cortés avait été certainement ulcéré par ma désertion, mais sa colère
avait dû se tasser pendant l’année écoulée car il ne me fit jamais rechercher,
et Béu et moi avons continué à vivre comme nous l’avons pu.
    Le marché de Tlatelolco avait été restauré et j’y allai un jour pour
observer les transactions. Sur la place, la foule était aussi dense
qu’autrefois, mais une bonne moitié était composée de Blancs. J’avais remarqué
que, tandis que les gens de ma race faisaient surtout du troc : « Je
te donne cette volaille et tu me donnes ce pot de terre », les Espagnols
payaient en monnaie : ducados, reaies et maravedis. En même temps qu’ils
achetaient des produits alimentaires et utilitaires, ils faisaient aussi
l’acquisition d’objets décoratifs. Après les avoir écoutés parler entre eux,
j’en avais conclu qu’ils recherchaient « ces pittoresques pièces
d’artisanat indigène » pour leur « valeur de curiosité » ou pour
les envoyer à des parents comme « souvenirs de la Nouvelle-Espagne ».
    Comme vous le savez, Excellence, bien des drapeaux ont flotté sur la
ville de Mexico depuis sa reconstruction. Ce fut d’abord l’emblème personnel de
Cortés : bleu et blanc avec une croix rouge ; puis le drapeau sang et
or de l’Espagne ; ensuite, la bannière frappée de l’effigie de la Vierge
Marie et aussi de l’Aigle à deux têtes de l’Empire. Ce jour-là, sur le marché,
des artisans vendaient des répliques en miniature de ces divers étendards, mais
elles ne suscitaient pas grand enthousiasme parmi les Espagnols. Pas un seul
marchand ne proposait en revanche le fier symbole de la nation mexica.
Peut-être craignaient-ils d’être accusés de nourrir des pensées subversives.
Mais moi, je n’avais pas de telles craintes. J’en avais fait bien d’autres. Je
rentrai dans ma misérable cabane et je fis un dessin. Puis, je m’agenouillai
près de la paillasse de Béu pour le lui faire voir de près et je lui dis :
    « Béu, est-ce que tu arrives à voir ce dessin assez bien pour
pouvoir le copier ? Regarde. C’est un aigle aux ailes déployées. Il est
perché sur un cactus nopalli et il tient dans son bec un serpent.
    — Oui, me répondit-elle. Je distingue tous ces détails maintenant
que tu me les as montrés. Mais pourquoi les copier, Zaa ? Que veux-tu
dire ?
    — Si je t’achète tout ce qu’il faut, seras-tu capable de broder ce
motif sur une petite pièce de tissu ?
    — Oui, je crois, mais pour quoi faire ?
    — Si tu en fais une assez grande
quantité, j’irai au marché pour les vendre aux Blancs. J’ai l’impression qu’ils
recherchent ce genre d’articles et ils payent en monnaie. »
    On m’accorda un petit emplacement sur la place
du marché et j’y étalai les emblèmes des Mexica. Les autorités ne me firent pas
d’ennuis et j’eus même un grand nombre d’acheteurs.
    J’avais fait bien des choses dans ma vie, j’avais même été pendant un
temps le Seigneur Mixtli, riche et respecté et j’aurais bien ri si on m’avait
dit alors : « Tu termineras tes chemins et tes jours en vendant des
petits emblèmes mexica à des étrangers dédaigneux. » Et d’ailleurs, je
riais vraiment derrière mon étal et ceux qui s’arrêtaient pour regarder mes
fanions brodés pensaient que j’étais un petit vieux plein de gaieté.
    Mais, vint

Weitere Kostenlose Bücher