Azteca
désiré.
Excusez-moi, Excellence, je ne pensais pas avoir dit une chose sacrilège.
Je vous en prie, asseyez-vous.
Cependant, je dois dire que, personnellement, je courus de grands
risques, même quand j’étais loin de Tzitzi. Pendant nos classes militaires du
soir dans la Maison de l’Edification de la Force, on envoyait régulièrement des
pelotons de six à huit garçons se poster à côté de bouquets d’arbres dans des
champs éloignés, pour faire semblant de « monter la garde en cas d’une
attaque éventuelle contre l’école ». C’était une vraie corvée, aussi nous
tâchions de l’alléger en jouant au patolli avec des haricots sauteurs.
C’est alors que l’un d’entre nous, je ne sais plus qui, découvrit les
pratiques solitaires. Il n’eut pas honte de sa trouvaille et comme ce n’était
pas un égoïste, il nous en fit part aussitôt. A partir de ce jour, les garçons
n’emportèrent plus jamais de haricots avec eux pour aller monter la garde. Ils
avaient une distraction toute trouvée, car c’est bien ce dont il
s’agissait : un jeu. On faisait des compétitions et des paris sur la
quantité d’omicetl que nous étions capables d’éjaculer, le nombre de fois
successives que nous pouvions recommencer et le temps qu’il nous fallait entre
chacune. C’était la même chose que lorsque nous étions petits et que nous nous
amusions à celui qui cracherait ou qui pisserait le plus loin et le plus
copieusement. Mais, dans ce type nouveau de compétition, je ne me sentais pas à
mon aise.
J’arrivais souvent dans ces jeux peu de temps après être sorti des bras
de Tzitzitlini et vous comprendrez sans peine que ma réserve d’omicetl fût
passablement tarie, sans parler de mes capacités d’érection. Par conséquent mes
éjaculations étaient peu nombreuses et ce n’étaient que de maigres gouttes
comparé à ce que faisaient les autres et parfois je n’arrivais même pas à
redresser mon tepuli. Au début, mes camarades se moquèrent de moi, puis ils me
prirent en pitié. Certains, parmi les plus compatissants, me conseillèrent des
remèdes : manger de la viande crue, aller transpirer longtemps dans le
bain de vapeur et autres choses de cet ordre. Chimali et Tlatli, mes deux
meilleurs amis, avaient découvert qu’ils parvenaient à des sensations encore
plus excitantes en se manipulant l’un l’autre. Aussi, ils nous donnèrent
l’idée.
Horreur ? Obscénité ? Mes histoires vous écorchent les
oreilles ? Je suis désolé d’avoir chagriné Votre Excellence ; ce
n’est pas par simple lubricité que je vous les raconte, mais à cause des graves
conséquences qu’elles eurent par la suite. Voulez-vous bien prendre la peine de
m’écouter jusqu’au bout ?
Parmi les garçons plus âgés, certains conçurent l’idée d’aller mettre
leurs tepuli dans l’endroit qui leur convenait le mieux. Quelques-uns d’entre
eux, y compris Pactli, le fils du gouverneur, partirent en reconnaissance dans
le village le plus proche de l’école. Ils y trouvèrent une esclave de vingt ou
trente ans qu’ils jugèrent apte pour le service. Son nom lui allait assez
bien ; elle s’appelait Teteo-Temacaliz, c’est-à-dire Don des Dieux. Elle
fut du moins un don pour les gardes du poste qu’elle venait voir presque chaque
jour.
Pactli avait un droit d’autorité sur elle, mais je ne pense pas qu’il
ait eu à la forcer beaucoup, car elle montra une bonne volonté évidente à
participer à ces jeux. La pauvre catin avait bien raison. Elle avait une
protubérance comique sur le nez et elle était très massive, avec des cuisses
flasques ; elle n’avait donc pas beaucoup d’espoir de trouver un mari même
dans sa propre classe, aussi se jeta-t-elle dans sa vocation nouvelle de femme
perdue avec une totale impudeur.
Il y avait tous les soirs six à huit garçons aux postes de garde. Quand
Don des Dieux en avait fait le tour, le premier était prêt à recommencer et la
ronde reprenait. Je suis certain que l’effrénée femelle aurait pu continuer
ainsi toute la nuit, mais après quelque temps elle devenait toute glissante
d’omicetl et exhalait une odeur de poisson avarié, aussi les garçons
s’arrêtaient-ils d’un commun accord et ils la renvoyaient chez elle.
Mais le lendemain elle était à nouveau là, complètement nue, offerte et
impatiente de se remettre à l’œuvre. Je ne m’étais jamais mêlé à ces ébats, me
contentant d’en être spectateur, mais
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