Azteca
un soir, alors que Pactli venait d’en
terminer avec elle, il lui murmura quelque chose à l’oreille et elle s’approcha
de moi.
« C’est toi la Taupe ? » me dit-elle en me faisant une
œillade. « Pactzin m’a dit que tu avais des problèmes. »
Elle essaya de me tenter en mettant son tipili aux lèvres béantes
devant mon visage empourpré.
« Tu ne crois pas que je pourrais m’occuper de ta queue mieux que
toi ? »
Je marmonnai que je n’avais pas besoin d’elle pour le moment, mais je
ne pouvais pas trop insister à cause des six ou huit camarades qui
m’entouraient en ricanant de ma déconfiture.
« Ayyo .’ » s’exclama-t-elle après avoir soulevé mon
manteau et défait mon pagne.
« C’est du premier choix, jeune Taupe. Même endormi, il est plus
gros que le tepuli des garçons plus âgés, y compris le noble Pactzin. »
Mes camarades se mirent à rire et se poussèrent du coude. Sans lever
les yeux sur le fils du Seigneur Héron Rouge, je compris que Don des Dieux
venait de m’en faire un ennemi.
« Un gentil macehualli comme toi ne peut pas refuser de faire
plaisir à une pauvre tlacotli, pas vrai ? Attends, je vais armer mon
guerrier. »
Elle prit ma verge entre ses deux seins avachis et se mit à la frictionner.
Rien ne se produisit. Alors elle me prodigua des attentions dont elle n’avait
même jamais honoré Pactli. Celui-ci tourna les talons, ulcéré et s’éloigna d’un
air dédaigneux. Cependant, il ne se passait toujours rien et pourtant…
D’accord, d’accord, je vais me dépêcher de conclure cet épisode.
Don des Dieux finit par abandonner la partie. Elle remit mon tepuli à
sa place et dit d’un ton railleur :
« Voilà un petit guerrier vaniteux qui garde sa virginité pour une
femme de sa classe. » Elle cracha par terre, me laissa tomber, s’empara
d’un autre garçon qu’elle fit rouler sur le sol et commença à frétiller comme
une anguille…
Que se passe-t-il ?
Son Excellence ne m’avait-elle pas demandé de parler de sexe et de
péché, mes révérends ? On dirait qu’il ne peut pas m’écouter longtemps
sans devenir aussi rouge que sa soutane et quitter les lieux. Pourtant,
j’aurais bien aimé qu’il sache où je voulais en venir. C’est vrai, j’oublie que
Son Excellence pourra le lire quand il sera calmé. Puis-je continuer, mes seigneurs ?
Chimali vint s’asseoir près de moi et me dit : « Je ne me
suis pas moqué de toi, la Taupe. Elle ne m’excite pas beaucoup, moi non plus.
— Ce n’est pas seulement parce qu’elle est laide et sale »,
répondis-je en lui racontant ce que mon père m’avait dit au sujet de la maladie
nanaua qui s’attrape par des pratiques sexuelles malpropres, maladie dont sont
atteints tant de vos soldats qui, avec fatalisme, l’ont appelée « le fruit
de la terre ».
« Les femmes qui font un commerce honnête de leur sexe ne sont pas
à craindre », dis-je à Chimali. Les auinimi des guerriers sont propres et
un médecin de l’armée vient régulièrement les visiter. Mais il vaut mieux se
méfier des maatitl qui vont avec n’importe qui. La maladie est transmise par
des parties génitales malpropres et cette femme-là, qui sait à quel esclave
sordide elle a offert ses services avant de venir ici. Quand on attrape la
nanaua, il n’y a aucun remède. Le tepuli risque de pourrir, puis de tomber.
Cela peut même contaminer le cerveau et après, on devient complètement
idiot. »
« C’est vrai, la Taupe ? » demanda Chimali qui était
devenu tout pâle. Il regarda le garçon et la femme qui suaient et soufflaient
sur le sol. « Dire que j’ai failli y aller moi aussi pour ne pas qu’on se
moque de moi. J’aime mieux passer pour un efféminé que de devenir idiot. »
Il partit aussitôt informer Tlatli et ils durent ensuite faire passer
le mot car à partir de ce jour, la file d’attente diminua et au bain de vapeur,
il m’arrivait souvent de voir mes camarades essayer de détecter des signes de
pourrissement. Le nom de la femme subit une transformation et on l’appela Rebut
des Dieux. Certains écoliers continuèrent pourtant, sans frémir, à frayer avec
elle et notamment Pactli. Mon mépris à son égard devait être aussi visible que
son aversion pour moi car un jour il vint me trouver et me dit d’un ton
menaçant :
« Alors, la Taupe est trop soucieuse de sa santé pour aller se
salir avec une maatitl ? Je sais que ce n’est qu’un
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