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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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autant de chances de mourir et autant de possibilités
d’être considéré comme un héros et de recevoir l’un des trois ordres de la
chevalerie, qu’il ait laissé, sur un quelconque champ de bataille, un nombre
respectable d’adversaires morts, ou qu’il ait ramené de la plaine d’Acatzingo
une bonne quantité d’ennemis vivants.
    « Sache bien ceci, Perdu dans le Brouillard, me dit Maître
Gourmand de Sang, en ce jour dont j’ai déjà parlé. Que ce soit dans une vraie
guerre ou dans une Guerre des Fleurs, un guerrier ne doit jamais penser qu’il
sera au nombre des tués ou des prisonniers. Il doit espérer survivre à la
guerre et revenir en héros. Oh ! je ne te raconterai pas d’histoires, mon
garçon, il se peut aussi qu’il meure au moment même où il est tout rempli
d’espoir, mais s’il va au combat sans attendre la victoire pour les siens et la
gloire pour lui-même, alors il peut être sûr de périr. »
    Pour ne pas paraître pusillanime, je tâchai de le convaincre que je
n’avais pas peur de la mort, sans pour cela la désirer. Je n’étais destiné qu’à
être un Ligoteur ou un Engloutisseur, quelle que soit la guerre. Je lui fis
remarquer que ce travail aurait aussi bien pu être dévolu à des femmes. Ne
serais-je pas plus utile à la nation mexica, à l’humanité en général, si on me
permettait d’exercer mes autres talents ?
    « Quels autres talents ? » grommela Gourmand de Sang.
    Je réfléchis un moment, puis suggérai que si, par exemple, je
réussissais à apprendre l’écriture pictographique, je pourrais suivre l’armée
comme historien. Je m’installerais un peu à l’écart, en haut d’une colline et
je décrirais la stratégie, la tactique et le déroulement de la bataille pour
l’instruction des futurs commandants.
    Le vieux soldat me jeta un regard exaspéré. « D’abord, tu me dis
que tu ne vois pas assez bien pour combattre avec un adversaire et maintenant,
tu prétends que tu es capable de démêler les actions confuses de deux armées en
présence. Si tu cherches à te défiler du maniement des armes, tu perds ton
temps. Je ne pourrais pas t’en dispenser, même si je le voulais. J’ai un devoir
à accomplir en ce qui te concerne. »
    — Un devoir ? dis-je, sidéré. Quel devoir,
Maître ? »
    Il fronça les sourcils avec un air ennuyé, comme s’il avait dit un mot
de trop, puis il grogna : « Un devoir que je me suis imposé à
moi-même. Je crois sincèrement que chaque homme doit faire l’expérience de la
guerre ou au moins d’une bataille. S’il s’en tire, il savourera bien plus
profondément le reste de sa vie. Et maintenant, ça suffit. Sois sur le terrain
demain, comme d’habitude, à la tombée de la nuit. »
    Je m’en allai et pendant les jours et les mois qui suivirent je
continuai à participer aux leçons et aux exercices militaires. Je ne savais pas
ce que l’avenir me réservait, mais j’étais sûr d’une chose : si j’étais
voué à quelque tâche désagréable, il n’y avait que deux moyens de m’y
soustraire. Soit m’en montrer incapable, soit apporter la preuve que je pouvais
faire mieux. Les bons scribes n’étaient pas fauchés comme de l’herbe par les
lames d’obsidienne. Aussi, tandis que je continuais à fréquenter sans me
plaindre, à la fois la Maison de l’Edification de la Force et celle de
l’Apprentissage des Manières, je travaillais tout seul, avec une ferveur
accrue, à essayer de découvrir les secrets de l’art de la connaissance des
mots.
     
    ***
     
    Si la coutume était encore en vigueur, Excellence, je ferais le geste
d’embrasser la terre. Au lieu de cela, je vais simplement redresser ma vieille
carcasse pour saluer votre arrivée, comme le font les Frères.
    C’est un honneur que Votre Excellence soit revenue parmi nous et je
suis heureux de savoir qu’elle a pris connaissance des dernières pages de mon
histoire. Votre Excellence pose des questions insidieuses concernant certains
événements et je vous avoue que ces questions me font baisser les yeux
d’embarras et même de honte.
    Oui, Excellence, ma sœur et moi avons continué à prendre du plaisir
l’un avec l’autre pendant ces années d’adolescence dont je viens de parler.
Oui, Excellence, nous savions que nous commettions un péché.
    Tzitzitlini le savait certainement depuis le début, mais moi, j’étais
plus jeune et ce n’est que petit à petit que je compris que nous agissions mal.
Au

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