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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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prétexte parce que tu
es impuissant, mais cela a l’air de vouloir critiquer mon comportement, fais
bien attention de ne pas aller dire du mal de ton futur frère. » Je le
regardai stupéfait. « Avant de pourrir, comme tu me le prédis, j’ai
l’intention d’épouser ta sœur. Même si je ne suis plus qu’un idiot malade et
baveux, elle ne pourra pas refuser de se marier avec un noble. J’aimerais mieux
tout de même qu’elle m’accepte de son plein gré. Aussi je te préviens, futur
beau-frère, ne parle jamais à Tzitzitlini de cette affaire avec Don des Dieux,
sinon je te tuerai. »
    Il partit sans attendre une réponse que, de toute manière, je n’aurais
pas pu lui faire tout de suite. J’étais muet de terreur. Non pas que je
craignis personnellement Pactli, car j’étais un peu plus grand et probablement
un peu plus fort que lui. Même s’il n’avait été qu’un nain sans défense, il
n’en aurait pas moins été le fils de notre tecuhtli et voilà qu’il avait une
dent contre moi. Depuis que les garçons avaient commencé leurs jeux solitaires,
puis leurs ébats avec Don des Dieux, je vivais dans l’angoisse. Mes minables
performances et les railleries dont j’étais l’objet blessaient moins ma vanité
qu’elles ne me remplissaient d’une peur profonde. Il fallait à tout prix qu’on
me croie impuissant et efféminé.
    La bêtise de Pactli n’avait d’égale que son arrogance, mais si jamais
il avait des soupçons sur la cause réelle de mon apparente faiblesse sexuelle –
c’est-à-dire que je prodiguais mes forces ailleurs – il serait bien capable
d’essayer de savoir qui en était l’objet et, dans notre petite île, il aurait
vite fait de le découvrir.
    Pactli avait remarqué Tzitzitlini alors qu’elle n’était encore qu’une
toute jeune fille, le jour où elle était allée au palais pour assister avec ma
mère à l’exécution de la princesse adultère. Plus récemment, à la fête de
printemps du Grand Réveil, Tzitzi avait conduit la danse sur la place de la
pyramide et Pactli l’avait vue évoluer et avait été complètement subjugué.
Depuis ce moment, il avait essayé à plusieurs reprises de la rencontrer en
public et lui avait adressé la parole, ce qui était un manque aux bonnes
manières, même de la part d’un pilli. Il avait aussi inventé des excuses pour
venir deux ou trois fois chez nous, soi-disant pour « parler de la
carrière avec Tepetzalan », et il avait bien fallu le laisser entrer.
L’accueil froid de Tzitzi et son aversion non dissimulée aurait éloigné pour
toujours n’importe qui.
    Et voilà que ce méprisable individu me disait qu’il allait épouser ma
sœur. Ce soir-là, alors que nous étions en train de dîner après que mon père
eut remercié les dieux pour la nourriture qu’ils voulaient bien nous accorder,
je déclarai brusquement :
    « Aujourd’hui, Pactli m’a dit qu’il avait l’intention de prendre
Tzitzi pour femme. Pas seulement si elle accepte et si la famille y consent, mais
carrément, qu’il a l’intention de le faire et qu’il le fera. »
    Ma sœur se raidit et me regarda fixement. Elle passa sa main sur son
visage, comme font toujours les femmes de chez nous quand il se produit une
chose inattendue. Mon père avait l’air mal à l’aise. Ma mère continua à manger
tranquillement et tout aussi tranquillement, elle déclara : « C’est
vrai, il en a parlé, Mixtli. Pactli aura bientôt terminé l’école primaire et il
doit aller à l’école calmecac pendant plusieurs années, avant de pouvoir prendre
femme.
    — Il ne peut pas prendre Tzitzi, dis-je. Il est stupide, gourmand
et malsain. » Ma mère se pencha par-dessus la nappe et me donna une
violente gifle.
    « Ça t’apprendra à parler irrespectueusement de notre futur
gouverneur. Pour qui te prends-tu pour te permettre de mépriser un
noble ? »
    Refoulant des paroles plus grossières, je lui répondis : « Je
ne suis pas le seul ici à savoir que c’est un individu ignoble et
dépravé. »
    Ma mère me frappa à nouveau. « Tepetzalan, dit-elle à mon père, si
ce malappris dit un mot de plus, je vais lui donner une correction. »
Puis, s’adressant à moi : « Le jour où un pilli comme le fils de
Seigneur Héron Rouge épousera Tzitzitlini, toute notre famille deviendra noble,
par la même occasion. Qu’est-ce que tu comptes faire, de ton côté, pour honorer
ta famille ? Tu n’as même pas de métier et tu

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