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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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restaient debout autour des maisons
ruinées ; tout commerce était suspendu ; et les soldats,
disposés dans l'ordre que nous avons vu, restaient dans une
complète inaction. C'est ainsi que se passa la journée, en
attendant la nuit qu'on voyait approcher avec terreur.
    Enfin, le soir, sur le coup de sept heures, le
Conseil privé du roi publia une proclamation solennelle
déclarant : qu'il était devenu nécessaire d'employer la force
armée ; que les officiers avaient reçu l'ordre le plus direct
et le plus formel de faire à l'instant usage de tous les moyens en
leur pouvoir pour réprimer les troubles ; que tous les sujets
honnêtes de Sa Majesté étaient invités à rester chez eux cette
nuit-là, eux, leurs domestiques et leurs apprentis. Puis on
distribua aux soldats de service trente-six cartouches par
homme ; on battit le tambour, et toute la troupe fut sous les
armes au soleil couchant.
    Les autorités municipales, stimulées par ces
mesures de rigueur, se réunirent en assemblée générale, votèrent
des remercîments aux autorités militaires pour le concours qu'elles
voulaient bien prêter à l'administration civile, l'acceptèrent et
placèrent les corps désignés sous la direction des deux shériffs.
Dans le palais de la reine, une double garde, les yeomen de
service, les officiers des menus plaisirs, et tous les autres
serviteurs, furent placés dans les corridors et sur les escaliers,
à sept heures, avec la recommandation expresse de veiller à leur
poste toute la nuit ; puis on ferma toutes les portes. Les
gentlemen du Temple et autres Inns montèrent la garde à l'intérieur
de leurs bâtiments, et firent dépaver le devant de la rue pour
barricader leurs portes. Dans Lincoln's Inn, ils cédèrent la
grand'salle et les communs à la milice du Northumberland, commandée
par lord Algernon Percy ; dans quelques quartiers de la Cité,
les bourgeois s'offrirent d'eux-mêmes et, sans forfanterie, firent
bonne contenance. Des centaines de gentlemen forts et robustes
vinrent se jeter, armés jusqu'aux dents, au milieu des salles des
diverses compagnies, fermèrent à double tour et au verrou toutes
les portes, en disant aux factieux dont ils étaient entourés ;
« Venez-y, si vous l'osez, et vous allez voir. » Tous ces
arrangements faits simultanément, ou à peu près, furent complétés,
en attendant qu'il fît tout à fait noir : les rues se
trouvèrent comparativement dégagées, gardées aux quatre coins et
dans les abords principaux par les troupes, pendant que des
officiers à cheval allaient dans toutes les directions, ordonnant
aux traînards qu'ils pouvaient rencontrer de rentrer chez eux, et
invitant les habitants à rester dans leurs maisons, et même, en cas
de fusillade, à ne pas approcher des fenêtres. On doubla les
chaînes dressées dans les carrefours où l'on pouvait craindre
davantage l'invasion des masses, et on y établit des postes
considérables de soldats. Quand on eut pris toutes ces précautions
et qu'il fit tout à fait nuit, les commandants attendirent le
résultat avec quelque anxiété, mais aussi avec quelque espérance
que ces démonstrations vigoureuses suffiraient pour décourager la
populace et prévenir de nouveaux désordres.
    Mais ils s'étaient cruellement trompés dans
leurs calculs : car, moins d'une demi-heure après, comme si la
tombée de la nuit eût été le signal arrêté d'avance, les émeutiers,
ayant pris d'abord la précaution d'empêcher, par petites bandes,
l'allumage des réverbères, se levèrent comme une mer en furie, se
montrant à la fois sur tant de points différents, et avec une rage
si inconcevable, que les officiers qui commandaient les troupes ne
surent d'abord de quel côté se tourner ni que faire. De nouveaux
incendies éclatèrent, l'un après l'autre, dans chaque quartier de
la ville, comme si les insurgés avaient l'intention d'envelopper la
Cité dans un cercle de flammes qui, se resserrant petit à petit, la
réduirait en cendres tout entière ; la foule grouillait dans
les rues comme une fourmilière, avec des cris affreux ; et,
comme il n'y avait plus dehors que les perturbateurs d'un côté et
les soldats de l’autre, ceux-ci pouvaient croire qu'ils voyaient là
Londres tout entier rangé contre eux en bataille, et qu'ils étaient
seuls contre toute la ville.
    En deux heures, trente-six incendies,
trente-six conflagrations importantes, étaient signalés ;
parmi lesquels on comptait Borough-Clink dans

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