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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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les débris enflammés, tantôt sur les
trottoirs, tantôt sur la chaussée, tantôt poussant son cheval sur
les marches d'un perron pour mieux se faire voir de son parti,
tantôt enfin se frayant un passage dans une masse d'êtres vivants,
si serrée et si compacte qu'on n'aurait pas pu en couper une
tranche avec la lame d'un couteau, il allait toujours, sûr de
surmonter tous les obstacles à son gré. Et peut être est-ce à cette
circonstance même qu'il devait de n'avoir pas encore reçu une
balle : car son audace extrême, et la certitude où l'on était
qu'il devait être un de ceux dont la proclamation officielle avait
mis à prix la capture, inspiraient aux soldats le désir de le
prendre vivant et détournaient bien des coups qui, sans cela, ne se
seraient pas égarés loin de lui.
    Le négociant et M. Haredale, ne pouvant
plus rester tranquillement assis à écouter le bruit, sans voir ce
qui se passait, avaient grimpé sur le toit de la maison, et là,
cachés derrière une pile de cheminées, ils regardaient en bas avec
précaution dans la rue ; ils avaient quelque espérance
qu'après tant d'attaques toujours repoussées, les assaillants
allaient céder, quand un grand cri leur annonça qu'un parti nouveau
arrivait de l'autre côté, et quand l'effroyable fracas de ces fers
maudits les avertit en même temps que c'était encore Hugh qui était
à la tête de cette troupe. Les soldats s'étaient avancés dans
Fleet-Market, où ils étaient occupés à disperser la foule devant
eux ; ce qui permit aux assaillants de marcher sans rencontrer
d'obstacle et d'arriver bientôt devant la maison.
    « Tout est perdu maintenant, dit le
négociant : dans une minute voilà cinquante mille livres
sterling qui vont être jetées dans la rue. Il faut nous sauver.
Nous ne pouvons plus rien faire, trop heureux si nous pouvons
seulement échapper. »
    Leur première idée avait été de se glisser
comme ils pourraient le long des toits des maisons, et d'aller
frapper à la fenêtre de quelque mansarde pour qu'on leur permît de
passer par là, et de descendre dans la rue afin de se sauver. Mais
un autre cri, plus furieux encore, monta de la populace, dont tous
les visages en l'air étaient tournés vers eux, et leur apprit
qu'ils étaient découverts, que même on avait reconnu
M. Haredale : car Hugh, le voyant en plein, à la lueur du
feu qui éclairait ce côté de la maison
a giorno
, l'appela
par son nom, en jurant qu'il voulait avoir sa vie.
    « Laissez-moi, dit M. Haredale au
négociant, et au nom du ciel, mon bon ami, sauvez-vous… Viens y
donc, marmottait-il entre ses dents en se tournant du côté de Hugh,
et en lui faisant face, sans prendre davantage aucun souci de se
cacher. Le toit est haut et, si une fois je t'y tiens, je te
réponds que nous mourrons ensemble.
    – Folie ! dit l'honnête marchand en
le tirant par derrière ; folie toute pure ! Entendez
raison, monsieur ; mon bon monsieur, entendez raison. Je ne
pourrais plus maintenant me faire ouvrir en allant cogner à quelque
fenêtre, et, quand je le pourrais, je ne trouverais personne
d'assez hardi pour favoriser ma fuite. Traversons les caves ;
il y a là sur la rue de derrière une espèce de passage par où nous
entrons et sortons les tonneaux. Ne perdez pas un instant :
venez avec moi… pour nous deux… pour moi… mon cher
monsieur. »
    Tout en parlant, tout en tirant
M. Haredale, il put, comme lui, jeter un coup d'œil sur la
rue ; un simple coup d'œil, mais qui suffit pour leur montrer
la foule se resserrant et se pressant contre la maison : les
uns avec des armes courant au premier rang pour enfoncer les portes
et les fenêtres ; les autres apportant des tisons du feu
voisin ; d'autres, le nez en l'air, suivant des yeux leur
course sur les toits et les montrant à leurs compagnons ;
tous, furieux et mugissants, comme les flammes qu'ils avaient
allumées. Ils virent des hommes avides des trésors de liqueurs
fortes qu'ils savaient entassés là, ils en virent d'autres, qui
avaient été blessés, étendus par terre pour y mourir, dans les
allées d'en face, misérables abandonnés, au milieu de ce vaste
rassemblement ; ici une femme tout effrayée qui cherchait à
s'échapper ; là un enfant perdu ; plus loin un ignoble
ivrogne, qui, sans s'apercevoir seulement d'une blessure mortelle
qu'il avait reçue à la tête, criait et se battait jusqu'à la fin.
Ils virent tout cela distinctement, même avec une foule

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