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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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d'incidents
vulgaires, comme un homme qui avait perdu son chapeau, ou qui se
retournait, ou qui se baissait, ou qui donnait une poignée de main
à un autre, mais d'un coup d’œil si rapide que, rien que le temps
de faire un pas pour se retirer, ils avaient perdu de vue tout ce
spectacle, et ne voyaient plus que leur pâleur mutuelle, et le ciel
en feu sur leurs têtes.
    M. Haredale céda aux prières de son
compagnon, plutôt parce qu'il était résolu à le défendre. que par
souci de sa propre vie et pour assurer sa fuite ; ils
rentrèrent donc dans la maison et redescendirent ensemble
l'escalier. Les coups roulaient comme le tonnerre sur les
volets ; les pinces travaillaient déjà sous la porte ;
les vitres tombaient des croisées : une lumière éclatante
brillait par les plus minces ouvertures, et ils entendaient parler
les meneurs si près de chaque trou de serrure ou autre, qu'on
aurait dit que ces brigands leur murmuraient à l'oreille d'une voix
enrouée des menaces de mort. Ils n'eurent que le temps d'arriver au
bas des degrés de la cave et de fermer la porte derrière eux :
la populace était entrée dans la maison.
    Les voûtes étaient d'une obscurité profonde,
et, comme ils n'avaient ni torche ni chandelle (ils se seraient
bien gardés de trahir ainsi leur lieu de refuge), ils étaient
obligés de chercher leur chemin à tâtons. Mais ils ne furent pas
longtemps sans y voir clair : car ils n'avaient encore fait
que quelques pas, lorsqu'ils entendirent l'émeute forcer la porte,
et, en jetant derrière eux un regard sous les arcades du corridor,
ils purent les voir de loin se précipiter çà et là avec des
flambeaux, mettre les tonneaux en perce, défoncer les cuves,
tourner à droite à gauche dans les celliers, et se jeter à plat
ventre pour boire aux ruisseaux de spiritueux qui déjà coulaient
sur le sol.
    Les deux fugitifs n'en pressaient que mieux le
pas, et déjà ils avaient pénétré jusqu'à la dernière voûte qui les
séparait du passage, quand tout à coup, dans la direction où ils
allaient, une vive lumière vint éclairer leurs visages, et, avant
même qu'ils eussent pu se jeter sur le côté, ou faire un pas en
arrière, ou chercher une cachette, deux hommes, dont l'un portait
une torche, arrivèrent sur eux et s'écrièrent, dans une espèce de
murmure de saisissement : « Les voilà ! »
    Au même instant ils jetèrent la coiffure
postiche dont ils s'étaient affublés. M. Haredale vit devant
lui Édouard Chester, et puis après, quand le négociant étonné eut
la force d'ouvrir la bouche pour prononcer ce nom… Joe Willet.
    Vraiment oui ! c'était bien Joe Willet en
personne, le même Joe (avec un bras de moins pourtant), qui, tous
les ans, faisait à chaque trimestre un voyage sur la jument grise
pour venir payer le mémoire du rougeaud marchand de vins. Et
c'était ce même rougeaud marchand de vins, ci-devant de
Thomas-Street, qui en ce moment le regardait en face et l'appelait
par son nom.
    « Donnez-moi la main, dit Joe doucement
et, qui plus est, la prenant de lui-même bon gré mal gré, n'ayez
pas peur de secouer la mienne : elle est à vous de bon
cœur ; malheureusement elle n'a plus sa camarade. Mais,
avez-vous bonne mine ! quel gaillard vous faites ! Et
vous… que Dieu vous bénisse, monsieur. Prenez courage, prenez
courage. Nous les retrouverons, allez ! n'ayez pas peur ;
nous n'avons pas perdu notre temps. »
    Il y avait dans le langage de Joe quelque
chose de si franc et de si honnête, que M. Haredale,
involontairement, lui mit la main dans la main, quoique leur
rencontre ne laissât pas de lui être un peu suspecte. Mais le
regard qu'il lança en même temps à Édouard Chester, la discrétion
avec laquelle ce jeune gentleman se tenait à l'écart, n'échappèrent
pas à Joe, qui se mit à dire hardiment, en jetant aussi un coup
d'œil du côté d'Édouard :
    « Les temps sont bien changés, monsieur
Haredale, et voilà le moment venu de distinguer nos amis de nos
ennemis et de ne pas prendre les uns pour les autres. Permettez-moi
de vous dire que, sans ce gentleman, il est bien probable que vous
ne seriez plus en vie à cette heure, ou que vous seriez pour le
moins grièvement blessé.
    – Que dites-vous là ? lui demanda
M. Haredale.
    – Je dis premièrement qu'il ne fallait
déjà pas être capon pour aller dans la foule, déguisé comme un
gueux de leur clique : mais passons là-dessus, j'y songe,
puisque je me trouvais

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