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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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pendant toute la journée de vendredi, puis pendant
toute la nuit, et qu'on ne fit plus de nouvelles découvertes, la
confiance commença à renaître, et les plus timides, les plus
découragés, recommencèrent à respirer. Rien que dans Southwark, il
n'y eut pas moins de trois mille habitants qui se formèrent en
garde privée, pour faire dans les rues des patrouilles d'heure en
heure. Les citoyens de Londres ne restèrent pas en arrière pour
imiter ce bel exemple, et, selon l'habitude des gens paisibles, qui
deviennent d'une audace incroyable quand le danger est passé, il
était impossible de rien voir de plus intraitable et de plus hardi.
Ils n'hésitaient pas à faire subir au passant le plus robuste un
interrogatoire sévère, et menaient haut la main les petits
commissionnaires, les bonnes et les apprentis qu'ils trouvaient sur
leur chemin.
    Quand le jour s'obscurcit pour faire place au
soir, à l'heure où les ténèbres commencèrent par se glisser dans
les coins et recoins de la ville comme pour s'essayer en secret et
prendre leur clan avant de s'aventurer en pleine rue, Barnabé était
assis dans son cachot, s’étonnant du silence, et attendant en vain
le bruit et les clameurs qui avaient troublé les nuits précédentes.
À côté de lui était assis, la main dans la sienne, une compagne
dont la présence mettait son âme en paix. Elle était pâle, bien
changée, accablée de chagrin, et elle avait le cœur bien
gros ; mais elle était pour lui toujours la même.
    « Ma mère, dit-il après un long silence,
combien de temps encore… combien de jours et de nuits… vont-ils me
retenir ici ?
    – Pas beaucoup, mon enfant ; pas
beaucoup, j'espère.
    – Vous espérez ! c'est bon, mais ce
n'est pas avec des espérances que vous ferez tomber mes chaînes.
Moi aussi j'espère, mais cela leur est bien égal. Grip
espère ; mais qui est-ce qui se soucie de
Grip ? »
    Le corbeau poussa un petit cri triste et
mélancolique.
    « Personne, dit-il, aussi clairement que
peut parler un corbeau.
    – Qui est-ce qui se soucie de Grip,
excepté vous et moi ? dit Barnabé, passant la main sur les
plumes ébouriffées de l'oiseau. Il ne parle jamais ici ; il ne
dit pas un mot en prison. Il est là à se morfondre toute la journée
dans son petit coin noir, tantôt faisant un somme, tantôt regardant
le jour qui se glisse à travers les barreaux et qui brille dans son
œil, perçant comme une étincelle de ces grands feux qui viendrait à
tomber dans la chambre, et qui brûlerait encore. Mais qui est-ce
qui se soucie de Grip ?
    Le corbeau croassa encore :
« Personne.
    – Et à propos, dit Barnabé, retirant sa
main de l'oiseau pour la mettre sur le bras de sa mère, en la
regardant fixement en face, s'ils me tuent, car c'est bien
possible, j'ai entendu dire qu'ils me tueraient ; que
deviendra Grip, quand ils m'auront fait mourir ? »
    Le son du mot ou le courant de ses propres
pensées suggéra à l'oiseau sa vieille sentence : « N'aie
pas peur de mourir. » Seulement il s'arrêta au beau milieu,
tira un bouchon mélancolique, et finit par un croassement
languissant, comme s'il ne se sentait pas le courage d'aller
jusqu'au bout de sa phrase, quoiqu'elle ne fût pas bien longue.
    « Est-ce qu'ils lui ôteront la vie comme
à moi ? dit Barnabé. Je le voudrais bien ; si lui et moi
et vous nous mourions tous ensemble, il ne resterait personne pour
en avoir du chagrin et de la peine, Mais ils feront ce qu'ils
voudront, je ne les crains pas, mère.
    – Ils ne vous feront pas de mal,
dit-elle, d'une voix presque étouffée par ses larmes. Ils ne
voudront pas vous faire de mal, quand ils sauront tout. Je suis
sûre qu'ils ne vous en feront pas.
    – Oh ! n'en soyez pas trop sûre,
cria Barnabé, qui montrait un étrange plaisir à croire qu'elle se
trompait, mais que lui, il avait trop de sagacité pour tomber dans
la même erreur. Ils m'ont désigné, mère, dès le commencement. Je le
leur ai entendu dire entre eux quand ils m'ont amené ici la nuit
dernière, et je les crois. Ne pleurez pas pour ça, mère. Ils
disaient que j'étais hardi, et je leur ferai voir jusqu'au bout
qu'ils ne se trompent pas. On peut me croire imbécile, mais cela ne
m'empêchera pas de mourir aussi bien qu'un autre… Je n'ai pas fait
de mal, n'est-ce pas ? ajouta-t-il vivement.
    – Pas devant Dieu, répondit-elle.
    – Eh bien ! alors, dit Barnabé,
qu'ils me fassent tout ce qu'ils voudront. Vous m'avez dit

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